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Yemen

Yémen : Les Houthis devraient libérer les employés de l’ONU et d’ONG détenus depuis un an

Les Houthis devraient aussi cesser d’entraver l'acheminement de l'aide humanitaire essentielle

(Beyrouth, le 30 mai 2025) – Les Houthis qui sont les autorités de facto au Yémen devraient libérer immédiatement et sans condition les dizaines de membres du personnel des Nations Unies et d'organisations yéménites et internationales de la société civile qui sont détenus arbitrairement depuis 12 mois, ont déclaré aujourd'hui Amnesty International et Human Rights Watch. Les arrestations arbitraires de travailleurs humanitaires par les Houthis ont un impact direct sur l'acheminement de l'aide vitale aux personnes qui en ont particulièrement besoin.

À partir du 31 mai 2024, les Houthis ont mené une série de raids dans les zones sous leur contrôle, arrêtant arbitrairement 13 membres du personnel de l'ONU et au moins 50 membres du personnel d'organisations de la société civile yéménites et internationales. Entre le 23 et le 25 janvier 2025, les Houthis ont procédé à une nouvelle vague d'arrestations, arrêtant arbitrairement huit autres membres du personnel de l'ONU. Ces arrestations ont incité l'ONU à annoncer en janvier la suspension de tous les déplacements officiels à destination et à l'intérieur des zones contrôlées par les Houthis.

« Il est choquant que la plupart de ces employés de l'ONU et de la société civile ont déjà passé près d'un an en détention arbitraire, alors qu’ils n’ont fait que leur travail, c’est-à-dire fournir une aide médicale et alimentaire ou promouvoir les droits humains, la paix et le dialogue », a déclaré Diala Haidar, chercheuse sur le Yémen à Amnesty International. « Ils n'auraient jamais dû être arrêtés. »

Les gouvernements capables d’influencer les Houthis et les dirigeants de l'ONU devraient redoubler d'efforts pour obtenir la libération des employé·e·s des organisations non gouvernementales (ONG) et de l’ONU.

Les Houthis n'ont libéré que sept personnes : un membre du personnel de l'ONU, cinq membres du personnel d'organisations non gouvernementales et un membre du personnel d'une mission diplomatique. Au moins 50 autres personnes arrêtées par les Houthis au cours de l'année écoulée sont toujours détenues sans avoir accès à un avocat ni à leurs familles, et sans inculpation.

Le 11 février, un travailleur humanitaire du Programme alimentaire mondial est mort alors qu'il était détenu par les Houthis. Sa mort fait craindre pour la sécurité et le bien-être de toutes les personnes maintenues en détention arbitraire dans des centres gérés par les Houthis, compte tenu de leurs antécédents en matière de torture et autres mauvais traitements.

En outre, ces vagues d’arrestations brutales exacerbent une situation humanitaire déjà désespérée au Yémen, car elles ciblent surtout des personnes qui apportaient de l’aide ou une protection aux plus démunis dans le nord du pays, ont déclaré les deux organisations. Les Houthis devraient libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement.

Le 10 février, l'ONU a annoncé la suspension de toutes ses activités à Saada en réponse à l'arrestation par les Houthis de six de ses travailleurs humanitaires en janvier.

Les arrestations menées par les Houthis s'inscrivent dans le cadre d'une attaque plus large contre l'espace civique dans les zones qu'ils contrôlent. Ces arrestations ont également été accompagnées d'une campagne médiatique orchestrée par les Houthis, accusant les organisations humanitaires et leur personnel de « comploter » contre les intérêts du pays par le biais de leurs projets et les mettant en garde contre les dangers de l’« espionnage ».

Depuis 2015, Amnesty International a recueilli des informations sur des dizaines de cas où les autorités houthies semblent avoir porté des accusations d'espionnage, afin de persécuter des opposants politiques et de bâillonner la dissidence pacifique.

Les organisations de la société civile locales et internationales jouent un rôle essentiel dans l'atténuation de la crise humanitaire au Yémen. Malgré la forte baisse de l'aide apportée par les États donateurs, en particulier des États-Unis, qui mettent en danger la santé et les droits humains de millions de personnes au Yémen, les travailleurs humanitaires sur le terrain fournissent une assistance et des services de protection vitaux, y compris dans les territoires contrôlés par les Houthis.

Précédemment, les autorités houthies avaient déjà pris pour cibles des travailleurs·euses humanitaires et des défenseur·e·s des droits humains. Quatre Yéménites membres du personnel du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), arrêtés en 2021 et 2023, sont toujours détenus arbitrairement et au secret depuis leur arrestation. En septembre 2023, les Houthis ont arrêté Hisham al-Hakimi, directeur de la sûreté et de la sécurité de Save the Children, et l'ont détenu au secret. Il est décédé le 25 octobre 2023, alors qu'il était toujours détenu arbitrairement.

« Les Houthis devraient faciliter le travail des travailleurs humanitaires et l'acheminement de l'aide », a déclaré Niku Jafarnia, chercheuse sur le Yémen et Bahreïn à Human Rights Watch. « Tous les pays influents, ainsi que les Nations Unies et les organisations de la société civile, devraient mobiliser tous les moyens dont ils disposent pour réclamer la libération des personnes détenues arbitrairement, et apporter un soutien à leurs familles. »

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