9806e séance - matin
CS/15929
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Sur fond des développements dramatiques survenus ces dernières semaines au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité a tenu, ce matin, sa réunion mensuelle sur Yémen. Venu faire le point sur la situation dans le pays et sur ses efforts de médiation, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg, a appelé les parties au conflit à travailler de bonne foi avec son bureau en vue de négociations guidées par le principe « tous pour tous » convenu dans les accords passés. Cette séance a également permis d’entendre le nouveau Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Thomas Fletcher, dont c’était la première intervention devant le Conseil, ainsi qu’un représentant de la société civile yéménite.
Pour l’Envoyé spécial, le Gouvernement yéménite et les houthistes se trouvent aujourd’hui devant un choix critique: « soit continuer sur la voie catastrophique d’un conflit non résolu et d’une militarisation de l’économie où tout le monde est perdant, soit collaborer sur les questions économiques pour ouvrir la voie à la croissance et à d’autres dividendes possibles de la paix ». M. Hans Grundberg a ainsi indiqué que son bureau explore des solutions pratiques pour rétablir la stabilité économique et ainsi permettre le paiement des salaires des fonctionnaires et la relance des exportations de pétrole et de gaz. Un effort qui, a-t-il expliqué, vise à transformer les engagements pris par les parties en juillet dernier « en actions qui profitent à tous les Yéménites ».
Ne pas « manquer l’occasion » de progresser vers la paix
Soucieux de ramener les houthistes à la table des négociations, M. Grundberg a estimé que cela passera par le respect par toutes les parties de l’Accord de Stockholm conclu en 2018 et par un travail commun mené avec son bureau. Rappelant les « mesures positives » intervenues ces dernières années, de l’accord de trêve de 2022 aux engagements pris en 2023 pour faire avancer les efforts de paix dans le cadre d’une feuille de route sous les auspices de l’ONU, il a jugé essentiel que les parties, la région et la communauté internationale « tirent parti de ces moments » afin de ne pas « manquer l’occasion » de progresser vers la paix.
Affirmant poursuivre ses dialogues avec les composantes politiques yéménites afin d’explorer les paramètres d’un règlement, l’Envoyé spécial a fait état d’un consensus entre les parties sur la nécessité d’un processus mené par les Yéménites, centré sur les besoins de la population, la réconciliation et la possibilité d’un redressement durable. Il a cependant reconnu que ses efforts de médiation pâtissent de l’insécurité en mer Rouge, conséquence des attaques houthistes contre des navires et contre Israël, ainsi que des frappes aériennes menées en réponse par Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni. Il a encouragé toutes les parties concernées à créer un environnement propice à la résolution du conflit, non sans rappeler que la situation reste fragile en plusieurs points du pays, notamment autour de Taëz, où des bombardements ont récemment atteint des quartiers civils.
M. Grundberg a également rappelé que, depuis six mois, Ansar Allah, la branche politique des houthistes, détient arbitrairement plus de 50 membres d’organisations internationales et nationales, de missions diplomatiques, de la société civile et d’entités du secteur privé. Si trois détenus ont été libérés, des dizaines d’autres -dont un membre de son équipe- demeurent captifs. Il a exigé leur libération immédiate et inconditionnelle, soutenu dans cet appel par le récit de M. Hisham Al-Omeisy, Conseiller principal pour le Yémen à l’Institut européen pour la paix, qui a décrit le martyre des civils et des humanitaires au Yémen.
Expliquant avoir lui-même été enlevé et détenu pendant plus de cinq mois par les houthistes, M. Al-Omeisy a décrit des conditions d’isolement inhumaines, des gardes impitoyables et des séances d’interrogatoire vicieuses, qui l’ont parfois poussé au bord du suicide. Selon lui, c’est l’ampleur de la campagne de pressions exercées contre les houthistes qui les a incités à le laisser partir. Il a ajouté que plus d’un millier d’autres personnes sont détenues arbitrairement par les houthistes dans le cadre d’une campagne systématique visant à terroriser les habitants et à faire taire la dissidence dans les zones sous leur contrôle.
Des besoins humanitaires toujours croissants
Ces violations du droit international ont également été dénoncées par le nouveau Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence. M. Fletcher a par ailleurs insisté sur la dimension économique du conflit, avertissant sur le fait que les attaques depuis et contre le Yémen menacent d’endommager les infrastructures portuaires et de mettre en danger le flux de denrées alimentaires, de carburant et d’autres importations essentielles dont dépendent des millions de Yéménites. Dans ce contexte de crise généralisée, a-t-il ajouté, la réponse humanitaire continue de faire face à de graves contraintes puisque les coupes budgétaires ont entraîné la fermeture de programmes, tandis que le nombre total de personnes dans le besoin est passé de 18,2 à 19,5 millions depuis le début de l’année.
Malgré les difficultés, les humanitaires ont pu apporter une réponse à environ 7,8 millions de personnes en 2024, a salué le Secrétaire général adjoint, précisant que cette assistance a contribué à contenir l’épidémie de choléra, à freiner la propagation de l’insécurité alimentaire et à identifier des solutions durables de gestion de l’eau. Pour continuer ce travail vital, M. Fletcher a exhorté le Conseil à veiller à ce que les ports yéménites de la mer Rouge restent opérationnels et disponibles pour les importations, car ils sont vitaux pour des millions de personnes. Il a également rappelé que l’ONU et ses partenaires humanitaires ont urgemment besoin d’environ 2,5 milliards de dollars pour venir en aide à 10,5 millions de personnes au Yémen.
Les membres du Conseil ont unanimement convenu de la gravité de la situation, tout en réclamant la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement par les houthistes, y compris les membres de l’équipage du Galaxy Leader retenu depuis plus d’un an. Au nom des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), la Sierra Leone a appelé les pays donateurs à augmenter considérablement leurs contributions au Plan de réponse humanitaire de l’ONU pour le Yémen. Elle a aussi exprimé sa vive inquiétude face aux attaques continues des houthistes contre les navires empruntant la mer Rouge, avant de s’alarmer de l’escalade des tensions créées sur le territoire yéménite par des acteurs extérieurs.
Inquiétudes sur la situation régionale et les « effets domino »
Elle aussi inquiète pour la stabilité régionale, la France a sommé l’Iran de cesser son soutien aux actions déstabilisatrices au Moyen-Orient. Elle a également indiqué qu’elle poursuivra son engagement dans le cadre de l’opération défensive européenne ASPIDES pour protéger la sûreté maritime et la liberté de navigation, en lien avec ses partenaires. Saluant, à cet égard, le lancement de la stratégie des garde-côtes du Yémen, le Royaume-Uni a plaidé pour un strict respect de l’embargo sur les armes, tel que prévu par la résolution 2216 (2015) du Conseil, et a invité les États Membres à accroître le financement du renforcement du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies.
Sur la même ligne, les États-Unis se sont engagés à continuer de travailler avec les garde-côtes yéménites pour endiguer les activités illicites en mer Rouge. Ils ont en outre appelé à un contrôle plus efficace de l’afflux d’armes en provenance d’Iran, avant de s’élever contre l’attitude de « certains membres du Conseil », qui empêchent l’organe de parler à l’unisson sur la question du Yémen. Après avoir accusé nommément la Fédération de Russie de partager des « intérêts politiques » avec les houthistes, la délégation américaine a déclaré être en possession d’informations selon lesquelles plusieurs centaines de Yéménites auraient été recrutés pour participer avec les forces russes à la guerre en Ukraine.
Sans répondre à ces accusations, la Fédération de Russie a réclamé la fin des attaques en mer Rouge ainsi que l’arrêt des bombardements menés au Yémen par les États-Unis et leurs alliés. Se disant favorable à des négociations avec Ansar Allah plutôt qu’à des menaces contreproductives à son encontre, elle a souhaité que des pourparlers de paix intrayéménites aient lieu rapidement, en dépit de la situation régionale, « car la fenêtre d’opportunités ne restera pas éternellement ouverte ». Un point de vue largement partagé par la Chine, pour qui il importe de créer les conditions d’une reprise du dialogue dans le cadre d’un processus dirigé par les Yéménites eux-mêmes. La délégation chinoise a toutefois rappelé que, 14 mois après le début du conflit à Gaza, « les effets domino ne font que s’intensifier ». Elle a donc demandé que tout soit mis en œuvre pour parvenir à un cessez-le-feu permanent afin d’enclencher une désescalade dans la région.
De son côté, le Yémen a répété qu’aucune paix ne pourra être instaurée « sans un véritable partenaire qui renonce à la guerre, croit en l’égalité entre Yéménites, rejette la violence et place les intérêts du peuple au-dessus de toute autre considération ». Il a accusé les « milices houthistes terroristes appuyées par le régime iranien » de refuser tous les efforts régionaux et internationaux visant à mettre fin à la crise. Par leurs actions déstabilisatrices dans la région, les houthistes sapent les efforts de désescalade et minent le processus politique, a déploré la délégation, avant de demander à l’Iran de « se tenir à l’écart et permettre aux Yéménites de bâtir leur État ».
La délégation yéménite a également invité la communauté internationale à lui fournir un appui économique et une aide au développement, rappelant que son gouvernement est privé des revenus de ses exportations pétrolières depuis deux ans en raison des attaques houthistes. Elle a également dit attendre avec impatience la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds afin de financer le Plan de réponse humanitaire pour 2025 et palier le fossé actuel. Elle a enfin recommandé à l’ONU et aux ONG humanitaires de déplacer le siège de leurs activités à Aden, capitale provisoire du pays, pour assurer la sécurité de leur personnel.
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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Exposés
M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a estimé que, compte tenu des événements dramatiques survenus ces derniers mois au Liban et en Syrie, l’ensemble du Moyen-Orient a un besoin urgent de stabilisation. Cela inclut le Yémen, a-t-il souligné, avant de rappeler les mesures positives prises par ce pays ces dernières années: un accord de trêve en 2022, un échange à grande échelle de détenus liés au conflit en 2020 et 2023, et des engagements de toutes les parties en 2023 pour faire avancer les efforts de paix dans le cadre d’une feuille de route sous les auspices de l’ONU. « Il est essentiel que les parties, la région et la communauté internationale tirent parti de ces moments afin de ne pas manquer l’occasion de prendre des mesures claires en faveur de la paix », a-t-il insisté.
M. Grundberg a également rappelé que, depuis six mois, Ansar Allah, la branche politique des houthistes, a lancé une campagne de détentions arbitraires visant le personnel d’organisations internationales et nationales, de missions diplomatiques, de la société civile et d’entités du secteur privé. Si trois détenus ont été libérés, des dizaines d’autres –dont un membre de son équipe– restent détenus arbitrairement, a-t-il dénoncé, y voyant une violation flagrante des droits humains fondamentaux. Il a appelé à leur libération immédiate et inconditionnelle, tout en sollicitant le soutien sans équivoque du Conseil sur ce dossier. Il a par ailleurs exhorté toutes les parties impliquées à respecter leurs engagements au titre de l’Accord de Stockholm et à continuer de travailler de bonne foi avec son bureau. Les négociations devraient être guidées parle principe convenu dans les accords: « tous pour tous », a-t-il soutenu.
Pour l’Envoyé spécial, les parties se trouvent devant un choix critique: « soit continuer sur la voie catastrophique d’un conflit non résolu et d’une militarisation de l’économie où tout le monde est perdant, soit collaborer sur les questions économiques pour ouvrir la voie à la croissance et à d’autres dividendes possibles de la paix ». Il a indiqué que son bureau explore des solutions pratiques et tangibles pour rétablir la stabilité économique, notamment le paiement des salaires et la relance des exportations de pétrole et de gaz dans l’intérêt de la population. « Cet effort vise à transformer les engagements pris par les parties en juillet de cette année en actions qui profitent à tous les Yéménites », a-t-il souligné.
Évoquant ensuite l’insécurité dans la mer Rouge, conséquence des actions d’Ansar Allah ainsi que des attaques contre Israël et des frappes aériennes des États-Unis et du Royaume-Uni en réponse, M. Grundberg a expliqué que ces évolutions ont réduit l’espace dont il disposait pour mener ses efforts de médiation. Il a encouragé toutes les parties concernées à créer un environnement propice à la résolution du conflit au Yémen, non sans rappeler que la situation reste fragile en plusieurs points du pays. Des hostilités se sont ainsi récemment intensifiées dans l’est de Taëz, avec des bombardements à proximité de quartiers civils. De tels incidents soulignent la nécessité urgente d’un accord de cessez-le-feu, a-t-il affirmé, précisant que son bureau continue de collaborer avec les responsables militaires et de sécurité des deux parties pour favoriser la désescalade.
L’Envoyé spécial a d’autre part indiqué que son bureau poursuit ses dialogues avec les partis et composantes politiques yéménites afin d’explorer les paramètres d’un règlement politique. De ces échanges il ressort un consensus sur la nécessité d’un processus mené par les Yéménites, qui place les besoins de la population au cœur des préoccupations, favorise la réconciliation et jette les bases d’un redressement durable, a-t-il rapporté.
Selon M. Grundberg, il est également largement reconnu que tout futur règlement doit être inclusif. Assurant que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité reste au cœur de ses efforts, il a rappelé que son bureau a récemment coparrainé le septième Sommet féministe à Aden avec plusieurs organisations internationales. Il a toutefois regretté que ces espaces de dialogue essentiels soient de plus en plus menacés par des intérêts partisans. Restreindre le travail de la société civile et perpétuer un climat de peur sape les fondements nécessaires à un processus de paix intrayéménite, a-t-il averti.
Sur le plan international, M. Grundberg a dit porter partout le même message: « une résolution pacifique au Yémen est possible et la poursuite de l’unité et du soutien internationaux pour atteindre cet objectif est essentielle ». Ce n’est qu’en s’engageant ensemble que nous pourrons créer les conditions d’une médiation efficace et réaliser la paix durable, inclusive et juste, a-t-il conclu, appelant de ses vœux un soutien unifié du Conseil.
M. TOM FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, dont c’était la première intervention devant le Conseil de sécurité à ces nouvelles fonctions, a commencé par faire un point général de la situation humanitaire mondiale. Plus de 300 millions de personnes souffrent des conséquences dévastatrices des conflits, des changements climatiques et des inégalités, a-t-il rappelé, avant de souligner le travail remarquable qu’accomplit la communauté humanitaire pour venir en aide aux personnes dans le besoin: « 116 millions jusqu’à présent cette année ». Mais ces travailleurs humanitaires sont surchargés, sous-financés et attaqués, a-t-il ajouté, estimant que le Conseil a un rôle essentiel à jouer pour leur permettre de sauver des vies.
Revenant à la question du Yémen, M. Fletcher a évoqué une année « extrêmement difficile », le pays restant sujet à un conflit interne, auquel s’ajoutent une nouvelle escalade régionale des tensions, une aggravation de la crise économique et des menaces accrues pour la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies et humanitaire. Les attaques depuis et contre le Yémen menacent d’endommager les infrastructures portuaires vitales et de mettre en danger le flux de denrées alimentaires, de carburant et d’autres importations essentielles dont dépendent des millions de Yéménites. Elles ont aussi menacé de provoquer une marée noire sans précédent, a fait observer M. Fletcher, qui a par ailleurs fait état d’une nouvelle contraction de 1% du PIB du pays en 2024, en plus de la baisse de 54% du PIB réel par habitant depuis 2015.
Alors que, dans les zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, le rial a chuté à des niveaux toujours plus bas tout au long de l’année et que les exportations de pétrole et de gaz restent entravées, le coût des denrées alimentaires a augmenté de 28% par rapport à 2023, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Dans ce contexte, les familles se tournent de plus en plus vers des moyens alternatifs pour survivre, notamment le mariage des enfants.
De surcroît, une épidémie de choléra s’est propagée dans tout le pays et des inondations ont déplacé plus d’un demi-million de personnes au cours d’une saison des pluies particulièrement intense, exacerbée par la crise climatique. Dans le même temps, la réponse humanitaire continue de faire face à de graves contraintes: les coupes budgétaires ont forcé la fermeture de programmes vitaux, tandis que nombre total de personnes dans le besoin est passé de 18,2 à 19,5 millions depuis le début de l’année.
M. Fletcher a également rappelé que, depuis plus de six mois, plus de 50 personnes travaillant pour l’ONU, des ONG, la société civile et des missions diplomatiques sont détenues arbitrairement par les autorités houthistes de facto. Bien qu’un membre du personnel de l’ONU et deux membres du personnel d’ONG aient récemment été libérés, cette détention prolongée est inacceptable et constitue une violation du droit international, a-t-il dénoncé.
Malgré les difficultés, les humanitaires sont restés sur place et ont apporté une réponse à environ 7,8 millions de personnes en 2024, a rappelé le Secrétaire général adjoint. Cette assistance a contribué à contenir l’épidémie de choléra, à freiner la propagation de l’insécurité alimentaire et à identifier des solutions durables de gestion de l’eau, a-t-il précisé, ajoutant que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avait élargi ses programmes d’aide financière pour atteindre plus de 580 000 personnes.
Pour continuer ce travail vital, M. Fletcher a appelé le Conseil à veiller à ce que les infrastructures indispensables à la survie de la population du Yémen soient épargnées. Les ports yéménites de la mer Rouge doivent rester opérationnels et disponibles pour les importations, car ils sont vitaux pour des millions de personnes, a-t-il insisté. Il a également demandé d’appuyer les efforts de l’ONU pour obtenir la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes détenues arbitrairement par les autorités de facto et assurer la sécurité du personnel de l’ONU et des organisations humanitaires.
Enfin, après avoir rappelé que les partenaires humanitaires ont besoin d’environ 2,5 milliards de dollars pour venir en aide à 10,5 millions de personnes au Yémen, M. Fletcher a enjoint au Conseil de soutenir l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour garantir une résolution durable du conflit dans le pays et mettre fin à un cycle de souffrances humanitaires qui dure depuis 10 ans.
M. HISHAM AL-OMEISY, Conseiller principal pour le Yémen à l’Institut européen pour la paix (European Institute of Peace), a décrit le martyre des civils et des humanitaires au Yémen. Il a expliqué avoir lui-même été enlevé et détenu pendant plus de cinq mois par les houthistes. Enlevé dans la rue sous la menace d’une arme en plein jour, il a fait mention de son expérience, entre l’isolement, les gardes impitoyables et les séances d’interrogatoire vicieuses, au point où il envisageait de se suicider. Selon lui, c’est l’ampleur de la campagne de pressions continues exercée sur les houthistes qui les a finalement incités à le laisser partir.
M. Al-Omeisy a rappelé que les houthistes continuent de détenir illégalement des membres du personnel humanitaire, des Nations Unies et des ambassades, en plus de milliers d’autres, dans le cadre d’une campagne systématique qui vise à terroriser les habitants locaux pour les soumettre et faire taire la dissidence. Il a appelé le Conseil de sécurité à dénoncer les procédures et les procès théâtraux des houthistes, qu’il a qualifiés « d’imposture ».
L’intervenant a ensuite plaidé en faveur d’un effort concerté pour promouvoir le dialogue et un accord inclusif qui fonctionne pour toutes les parties de la société yéménite, y compris les houthistes. Il a souligné que l’une des causes de la situation actuelle au Yémen est l’incapacité à traiter les racines du conflit, notamment l’érosion presque systématique et délibérée des institutions de l’État et l’affaiblissement de la légitimité du Gouvernement.
« Les Chemins de la réconciliation », un processus initié par l’Institut européen pour la paix et dirigé par des équipes locales, représente l’effort le plus vaste et le plus inclusif de l’histoire récente de consultation des Yéménites sur leurs besoins, leurs perspectives et leurs droits, dans la perspective d’une paix durable, a ensuite affirmé M. Al-Omeisy. Pour lui, un engagement en faveur de la paix n’est possible que par une participation authentique de la société. En effet, a-t-il expliqué, la probabilité d’obtenir un règlement légitime et durable dépend largement du degré d’inclusion d’acteurs au-delà des voix des élites et des puissants.
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