Brazzaville --- L'Organisation mondiale de la Santé (OMS), un consortium sud-africain et les partenaires du Mécanisme COVAX, collaborent actuellement en vue de créer un centre de transfert de technologie dans le but de permettre d'accroître et de porter à une plus grande échelle la production de vaccins en Afrique.
Cette initiative historique constitue « une avancée majeure dans l'effort international visant à renforcer les capacités de développement et de production de vaccins qui mettront l'Afrique sur la voie de l'autodétermination », a déclaré le Président sud-africain M. Cyril Ramaphosa, lors du lancement de l'initiative en juin.
Cependant, la fabrication des vaccins à ARNm est complexe et il faut franchir de nombreuses étapes avant que des vaccins à ARNm sans danger et efficaces soient fabriqués en Afrique. Passage en revue des défis et des opportunités avec le Dr Bartholomew Dicky Akanmori, Conseiller régional pour la recherche et la régulation vaccinales pour le Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique.
**Qu'est-ce que le centre de transfert de technologie ? **
Le centre de transfert de technologie en Afrique du Sud montrera aux fabricants africains comment fabriquer des vaccins à ARNm, comme les vaccins anti-COVID-19 Pfizer et Moderna, ici en Afrique.
Les fabricants étrangers partageront les techniques avec les institutions locales et l'OMS et ses partenaires apporteront le savoir-faire et le contrôle de la qualité et faciliteront également l'obtention des licences nécessaires.
Il y aura un centre de formation disposant de tous les équipements nécessaires pour que les fabricants africains apprennent. Les fabricants payeront pour que leurs personnels reçoivent la formation, laquelle doit être achevée avant que ces personnels ne puissent commencer la production.
Plusieurs partenaires se sont déjà engagés à participer, au nombre desquels on compte la Medicines Patent Pool (MPP) (Communauté de brevets pour les médicaments), Afrigen Biologics, L'Institut de produits biologiques et de vaccins d'Afrique australe (Biologicals and Vaccines Institute of Southern Africa), le Conseil sudafricain de recherche médicale (South African Medical Research Council) et les Centres Africains de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC Afrique).
Des centres comme celui-ci existent partout dans le monde. Par exemple, des scientifiques de l'Université d'Oxford ont partagé leurs techniques avec AstraZeneca, qui a fabriqué par la suite les vaccins anti-COVID-19 AstraZeneca. Ces centres montrent aux producteurs les formules nécessaires pour fabriquer des vaccins de qualité, sûrs et efficaces.
**Les pays africains peuvent-ils déjà fabriquer des vaccins ? **
Les vaccins fabriqués actuellement en Afrique, comme celui contre la fièvre jaune ou le tétanos, utilisent une technologie simple dans laquelle les scientifiques prennent les bactéries, cultivent la toxine des bactéries et la rend incapable d'agir.
De nouvelles technologies sont nécessaires pour fabriquer des vaccins à ARNm. Il s'agit d'un processus beaucoup plus complexe et il n'y a aucune marge d'erreur, ainsi le transfert de connaissances approprié est absolument crucial. Voilà pourquoi nous avons besoin des centres de transfert de technologie.
**Quand des vaccins à ARNm contre la COVID-19 seront-ils fabriqués en Afrique ? **
Il est difficile de le dire. Nous avons commencé à travailler sur la création du centre en Afrique du Sud au début de cette année et ce travail est toujours en cours. Il dépend de plusieurs facteurs, y compris le financement, une volonté de transférer les technologies et la capacité des institutions locales à assimiler des connaissances.
Cependant, l'hypothèse est que le transfert de connaissances se fera plus rapidement qu'auparavant, de la même façon que les vaccins anti-COVID-19 ont été développés en un temps record.
Dès lors que tous les éléments seront en place, nous prévoyons que la formation prendra au moins six mois.
**Quelle est la vision à long terme de la fabrication des vaccins en Afrique ? **
Le plan à long terme est l'autosuffisance, pour un avenir où l'Afrique fabrique suffisamment de vaccins pour sa propre population. Pour le moment, l'Afrique importe environ 90 % de ses vaccins.
Le centre de transfert de technologie contribuera à changer cette tendance et permettra aux fabricants africains de passer à des niveaux plus avancés de production où ils peuvent fabriquer des vaccins à ARNm du début à la fin sans soutien extérieur.
Plusieurs autres vaccins utilisent la même technologie à ARNm que nous transfèrerons, comme les vaccins contre Ebola, la fièvre de Lassa et Marburg, et par la suite cette technologie à ARNm pourrait même être utilisée pour produire des vaccins contre le VIH ou la tuberculose.
Le centre dispose d'un organisme de recherche et de développement, qui peut identifier de nouvelles façons d'utiliser cette technologie. Il est également prévu d'établir un deuxième centre dans un autre pays africain.