La forte restriction des migrations irrégulières hors du continent, combinée à l'escalade des facteurs d'incitation, continuera à façonner les priorités en matière de gouvernance et de sécurité en Afrique et soulignera la nécessité d'une plus grande innovation régionale pour faire face aux mouvements de population intracontinentaux.
L’Afrique enregistre une baisse de la migration irrégulière en dehors du continent
- Les restrictions accrues imposées aux passages frontaliers intercontinentaux vers l’Europe et la péninsule arabique au cours de l’année écoulée ont entraîné une baisse spectaculaire de la migration irrégulière africaine hors du continent. Les 146 000 interceptions d’Africains en situation irrégulière qui ont atteint l’Europe et les pays du Golfe en 2024 représentent environ la moitié des 282 000 interceptions enregistrées en 2023.
- La forte baisse de la migration irrégulière africaine vers l’Europe reflète l’intensification des efforts d’interdiction financés par l’Union européenne en Afrique du Nord (Libye, Tunisie, Maroc et Égypte) et en Afrique de l’Ouest (Sénégal et Mauritanie). Le Maroc, par exemple, déclare avoir empêché plus de 45 000 traversées vers l’Europe, tout en arrêtant 177 gangs de trafiquants de migrants et en sauvant plus de 10 800 personnes en mer.
- La baisse de 54 % de la migration irrégulière (à 44 000 personnes) vers le Yémen (le principal point d’entrée vers les pays du Golfe) est le résultat d’une combinaison de facteurs, notamment la poursuite du conflit armé au Yémen et l’intensification des opérations menées par les garde-côtes djiboutiens et yéménites pour empêcher les migrants de traverser le Bab al-Mandeb.
- Si les morts et disparitions de migrants enregistrées ont diminué de 15 % en 2024, on estime qu’il y a encore eu 4 465 morts de migrants. Les trois quarts de ces décès sont dus à des tentatives de traversée maritime vers l’Europe via la Méditerranée et l’Atlantique.
- Les interceptions en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest ont contribué à une baisse de 70 % des interceptions européennes de migrants africains (jusqu’à 33 500 personnes) le long de la route de la Méditerranée centrale, principalement via la Libye et la Tunisie. La route de la Méditerranée centrale a toujours été la route migratoire irrégulière la plus fréquentée par les ressortissants africains cherchant à gagner l’Europe.
- Avec 36 000 migrants africains interceptés en 2024, la route de l’Atlantique est devenue le passage irrégulier le plus emprunté entre l’Afrique et l’Europe.
"Les principaux pays d’origine de la migration irrégulière hors du continent vers l’Europe en 2024 (Mali) et 2023 (Guinée) reflètent la répression croissante et la dégradation des conditions de vie sous les juntes militaires." - Le Mali était le premier pays d’origine de la migration irrégulière vers l’Europe en 2024, avec un total d’environ 16 500 personnes. En 2023, la Guinée était en tête de liste avec environ 21 700 personnes. Ces deux cas reflètent la répression croissante et la diminution des moyens de subsistance dans ces pays sous l’égide des juntes militaires ayant pris le pouvoir à la suite de coups d’État.
- Un phénomène similaire est observé en Tunisie, qui à la suite de la forte détérioration de l’atmosphère politique dans ce pays, se trouve désormais en tête de l’ensemble des pays africains pour le nombre de migrants interceptés sur les côtes européennes au cours des trois dernières années.