Résumé
Le présent rapport a été établi en application de la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, dans laquelle l’Assemblée a prié le Secrétaire général de lui faire rapport chaque année, ainsi qu’au Conseil économique et social, sur la question de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence. Il fait également suite à la résolution 72/133 de l’Assemblée et à la résolution 2017/14 du Conseil. Le présent rapport porte sur la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2017.
On y trouvera un aperçu des mesures prises pour améliorer la coordination et l’efficacité des interventions humanitaires, une description des principales difficultés et des principales évolutions dans le domaine de l’action humanitaire ainsi qu’une description des mesures prises concernant la famine et le risque de famine et d’insécurité alimentaire grave, les chocs liés au climat, le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme, les déplacements forcés, le financement et le renforcement de l’action humanitaire à l’ère du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’engagement de ne pas faire de laissés pour compte.
I. Introduction
A. Principales tendances
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En 2017, les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi grands du fait des crises humanitaires engendrées par les conflits et les catastrophes liées aux risques naturels. À la fin de l’année, 135,7 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire et les besoins de financement avaient atteint le montant de 23,5 milliards de dollars1. Les organisations humanitaires sont venues en aide à 101,2 millions de personnes – un nombre record –, ont sauvé des millions de vies humaines, réduit les souffrances et promu la dignité humaine.
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L’insécurité alimentaire a été l’une des principales causes des besoins humanitaires en 20172 . En 2017, quelque 124 millions de personnes (contre 108 millions l’année précédente) dans 51 pays étaient en situation d’insécurité alimentaire et il a fallu prendre des mesures humanitaires d’urgence pour sauver des vies, protéger les moyens de subsistance et réduire la faim aiguë et la malnutrition3. Environ 60 % des populations souffrant de la faim dans le monde vivent dans des pays en conflit.
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À la suite de l’appel à l’action du Secrétaire général, la communauté internationale a fait front et pris des mesures d’intervention et de prévention face aux famines sévissant au Soudan du Sud, en Somalie, dans le nord-est du Niger et au Yémen, où près de 15 millions de personnes ont reçu une aide vitale. Il faut de toute urgence prendre des mesures concertées pour inverser la montée de l’insécurité alimentaire et mettre fin au fléau de la famine.
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Exacerbés par les changements climatiques, les phénomènes météorologiques extrêmes, les inondations, la sécheresse et d’autres catastrophes naturelles ont détruit des vies et des moyens de subsistance et contribué aux déplacements de populations dans le monde. Depuis 2008, ce sont chaque année plus de 100 millions de personnes qui sont touchées par des catastrophes liées à des risques naturels, et 25,3 millions en moyenne qui sont déplacées. En 2017, l’année la plus chaude jamais enregistrée sans la présence d’un phénomène El Niño, toutes les régions ont subi les effets dévastateurs des catastrophes naturelles.
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Les conflits restent l’une des principales causes des crises humanitaires, et leur nombre et leur intensité se sont nettement accrus au cours des 10 dernières années. Le nombre total de déplacés de force par les conflits et la violence a atteint le niveau record de 65,6 millions à la fin de 2016, dont 40,3 millions de déplacés à l’intérieur de leur propre pays. Les déplacements internes durent de plus en plus longtemps car l’attention accordée aux solutions durables n’est pas suffisante. Le nombre sans précédent de personnes déplacées résulte non seulement des conflits mais également de la brutalité avec laquelle les parties mènent les hostilités.
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L’incapacité de protéger les civils piégés dans des conflits a été la cause de souffrances incommensurables. Le mépris persistant pour le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme et l’impunité dont bénéficient les violations de ces droits aggravent les crises humanitaires. Des femmes et des enfants se trouvent en grand danger. La guerre et les sièges dans les zones urbaines, le recours à la privation de nourriture comme méthode de guerre, et l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact font de nombreux morts et mutilés parmi les civils, et détruisent des infrastructures civiles vitales. Le refus délibéré de l’accès humanitaire et les obstacles bureaucratiques à l’acheminement de l’aide sont fréquents dans les conflits actuels.
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Le système humanitaire mondial n’a jamais été aussi efficace, sauvant des vies et protégeant les populations dans des proportions jamais atteintes. L’action humanitaire fondée sur des principes et la coordination de l’aide humanitaire au niveau international, comme le prévoit la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, restent essentielles. Toutefois, le système humanitaire est au bord de la rupture. En 2017, l’écart entre les besoins et les ressources disponibles s’est creusé. Même si la générosité des donateurs a augmenté, les plans d’aide humanitaire et les appels n’ont été financés qu’à hauteur de 58,9 %4 . Or, il est primordial qu’ils soient totalement financés.