PRINCIPAUX RÉSULTATS
| Le déplacement interne constitue un défi mondial, mais il est également fortement concentré dans quelques pays et déclenché par quelques événements. En 2018, 28 millions de nouveaux déplacements internes liés aux conflits et à des catastrophes ont été enregistrés dans 148 pays et territoires, avec neuf pays en comptant chacun plus d’un million.
| À la fin de l’année, environ 41,3 millions de personnes ont été identifiées comme vivant en situation de déplacement interne découlant des conflits et de la violence dans 55 pays, un chiffre record. Les trois quarts, soit 30,9 millions de personnes, vivaient dans seulement dix pays.
| Les crises prolongées, la violence communautaire et les problèmes de gouvernance non résolus sont les principaux facteurs à l’origine de 10,8 millions de nouveaux déplacements de population liés aux conflits et à la violence. Plus de la moitié de ces nouveaux déplacements ont eu lieu en Éthiopie, en République démocratique du Congo (RDC) et en Syrie.
| De nouvelles crises ont contraint des millions de personnes à prendre la fuite, à l’image du conflit anglophone au Cameroun, du déferlement de vagues de violence dans les régions centrales du Nigéria ou encore du conflit sans précédent en Éthiopie. Malgré les accords de paix et de réconciliation signés en Colombie, en République centrafricaine et au Soudan du Sud, les déplacements ont perduré.
| De nombreux déplacés internes ne sont pas pris en compte. Les estimations pour la RDC, le Myanmar, le Pakistan, le Soudan et le Yémen sont considérées comme des sous-évaluations, et peu de données existent pour le Guatemala, le Salvador, le Honduras, la Russie, la Turquie et le Venezuela. Ces lacunes ne permettent pas de mesurer de manière précise l’ampleur du déplacement interne dans ces pays.
| L’estimation des retours demeure un défi majeur. De nombreuses personnes ont été déclarées comme étant retournées dans leur région d’origine en Éthiopie, en Irak et au Nigéria, mais les conditions n’étaient pas favorables à leur réintégration à long terme.
| Les conflits urbains ont provoqué de grandes vagues de déplacements et ont créé des obstacles aux solutions durables. À Al-Hodeïdah au Yémen, à Tripoli en Libye et à Daraa en Syrie, les frappes aériennes et les bombardements ont contraint des milliers de personnes à fuir. À Mossoul en Irak et à Marawi aux Philippines, les habitants n’ont pas pu y retourner à cause des destructions massives et de la présence de munitions non explosées.
| La vulnérabilité croissante et l’exposition aux aléas d’occurrence soudaine, notamment aux tempêtes, ont entraîné 17,2 millions de nouveaux déplacements dans 144 pays et territoires. À l’heure actuelle, le nombre de déplacements générés par les catastrophes à évolution lente dans le monde demeure inconnu, car seuls les déplacements liés à la sécheresse sont enregistrés dans certains pays, et ce de manière partielle.
| Le pouvoir dévastateur des événements extrêmes a de nouveau mis en évidence les impacts du changement climatique dans le monde. En témoignent notamment les feux de forêt qui, en 2018, ont ravagé les États-Unis, l’Australie, la Grèce et d’autres pays d’Europe du Sud, déplaçant des centaines de milliers de personnes. Les importants dégâts matériels occasionnés ont empêché un retour rapide des habitants.
| Le risque de déplacement provoqué par des inondations est extrêmement élevé et se concentre dans les villes et les villages : plus de 17 millions de personnes risquent chaque année d’être déplacées par des inondations, dont plus de 80 % en milieux urbains et périurbains.
| Dans de nombreux pays, des personnes ont été déplacées à la fois par les conflits et les catastrophes, engendrant parfois des déplacements secondaires. En Afghanistan, la sécheresse et les conflits ont causé des déplacements dans des proportions semblables. De même, l’allongement de la saison des pluies a engendré le déplacement de millions de personnes dans plusieurs régions du Nigéria et de la Somalie déjà en proie au conflit. La plupart des déplacements liés aux catastrophes enregistrés en Irak et en Syrie concernaient des personnes qui vivaient dans des camps frappés par les inondations.
| Plusieurs régions du monde ont laissé entrevoir des avancées politiques prometteuses indiquant une plus grande attention portée au risque de déplacement. En adoptant une loi sur le déplacement interne, le Niger a été le premier pays à incorporer les dispositions de la Convention de Kampala dans sa législation nationale. Le Kosovo a reconnu l’importance de soutenir les retours volontaires des réfugiés et des déplacés internes en actualisant sa politique existante dans ce sens. Le Vanuatu a élaboré une politique sur le déplacement lié au réchauffement climatique et aux catastrophes et les Fidji ont adopté de nouvelles directives sur la réinstallation des populations déplacées dans le cadre des effets du changement climatique.