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Rapport mondial de suivi sur l'éducation 2019: Migration, déplacement et éducation: bâtir des ponts, pas des murs

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Avant-propos

Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2019 a été établi par une équipe de migrants internationaux. Quatre de ses membres sont des enfants de réfugiés. Ils prennent en compte les différents points de vue que portent les gens sur les migrations et sur les migrants. Leurs recherches démontrent à quel point l’éducation peut contribuer à élargir le champ de vision et offrir de plus grandes chances à tous.

Pour les migrants, les réfugiés et les communautés d’accueil, le connu se mêle à l’inconnu. Mais certains d’entre eux ne connaissent rien d’autre que la privation et le besoin d’en sortir ; ils ignorent si la vie ailleurs leur réserve une quelconque chance. Dans les communautés d’accueil, les gens ne savent pas toujours si et comment leurs nouveaux voisins, qui n’ont ni les mêmes modes vestimentaires ni les mêmes coutumes qu’eux et qui parlent avec un accent différent, vont changer leur vie.

La migration est à la fois source d’ordre et de désordre. En dépit de leurs efforts pour gérer les mouvements de populations, les sociétés sont souvent confrontées au caractère imprévisible de ces flux. Ces mouvements migratoires peuvent créer de nouveaux clivages, mais d’autres ont fait la preuve de leurs bienfaits dans le pays d’origine et dans le pays de destination.

Dans les flux migratoires, migration volontaire et migration forcée se côtoient. À côté de ceux qui migrent de leur propre initiative pour aller travailler et étudier ailleurs, il y a ceux qui sont contraints de fuir les persécutions et les menaces qui pèsent sur leurs moyens de subsistance. Les communautés et les responsables politiques du pays d’accueil se lancent parfois dans d’interminables débats pour savoir si les arrivants sont actifs ou passifs, légaux ou illégaux, une chance ou une menace, un atout ou un fardeau.

Deux attitudes coexistent, l’accueil et le rejet. Les uns s’adaptent à leur nouvel environnement, les autres non. Les uns veulent aider, les autres veulent exclure.

Ainsi, migrations et déplacements ont déchaîné les passions dans le monde. Pour autant, il y a des décisions à prendre.

Face à la migration, un choix s’impose : soit on construit des murs, soit on jette des ponts vers l’autre pour instaurer la confiance, favoriser l’intégration, rassurer.

Au niveau mondial, l’Organisation des Nations Unies s’emploie à rassembler les pays autour de solutions durables pour relever les défis liés aux migrations et aux déplacements. En 2016, lors du Sommet des Nations Unies pour les réfugiés et les migrants, j’ai lancé un appel à investir dans la prévention et la médiation des conflits, la bonne gouvernance, l’État de droit et une croissance économique inclusive. J’ai également attiré l’attention sur la nécessité d’étendre l’accès des migrants aux services de base pour lutter contre ces inégalités.

Allant plus loin sur ce dernier point, le présent Rapport nous rappelle que l’éducation n’est pas seulement une obligation morale pour ceux qui en sont responsables, mais qu’elle est aussi une solution concrète aux multiples problèmes induits par les déplacements de populations. L’éducation doit être, comme elle aurait toujours dû l’être, un volet essentiel de la réponse à la question des migrations et des déplacements et, ainsi que le montrent les textes des deux pactes mondiaux relatifs aux migrants et aux réfugiés, le temps est venu d’en faire une réalité.
Pour ceux qui sont privés d’accès à l’éducation, le risque de marginalisation et de frustration est réel. Si elle est mal enseignée, l’éducation risque de déformer l’histoire et de conduire à des conceptions erronées.

Mais, comme en attestent les nombreux exemples édifiants au Canada, en Colombie, en Irlande, au Liban, en Ouganda, aux Philippines, au Tchad et en Turquie qui sont présentés dans ce Rapport, l’éducation peut aussi être un pont. Elle peut faire jaillir ce qu’il y a de meilleur en chacun et conduire au rejet des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination au profit du sens critique, de la solidarité et de l’esprit d’ouverture. Elle peut être une aide pour ceux qui ont souffert et un tremplin pour ceux qui ont désespérément besoin qu’on leur donne une chance.

Ce Rapport pose un regard sans détour sur un défi majeur : comment aider les enseignants à mettre en pratique l’inclusion ? Il nous révèle des aspects fascinants de l’humanité et du phénomène séculaire que sont les migrations. Je vous invite à examiner les recommandations qu’il contient et à les appliquer.