Messages clés
En dépit des progrès réalisés, la parité dans la scolarisation n’a été atteinte que par moins de deux pays sur trois dans le primaire, par un pays sur deux dans le premier cycle du secondaire et par un pays sur quatre dans le second cycle du secondaire. Dans 25 % des pays, les disparités au détriment des garçons sont très fortes dans le second cycle du secondaire, une situation qui n’a guère évolué depuis 2000.
Certaines régions progressent plus rapidement que d’autres, c’est le cas notamment de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, essentiellement grâce aux changements survenus en Inde. En revanche, l’Afrique subsaharienne reste très éloignée de la parité à tous les niveaux d’enseignement.
Dans les pays ayant un faible taux d’achèvement du primaire et du secondaire, la pauvreté accentue le désavantage relatif des filles.
De façon générale, les parents font davantage la lecture à leurs filles, un facteur qui est associé aux meilleurs résultats obtenus par les filles en lecture lors des évaluations menées dans le primaire.
Les programmes techniques et professionnels représentent toujours un bastion masculin tandis que l’enseignement supérieur est majoritairement féminin. Le choix des matières étudiées est également sexospécifique. Les femmes représentent à peine 25 % des étudiants en ingénierie, dans le secteur manufacturier et dans la construction, de même que dans les programmes de l’enseignement supérieur axés sur les technologies de l’information et de la communication.
Les normes sociales néfastes freinent les évolutions dans l’éducation, les femmes étant souvent encore considérées comme des épouses ou des pourvoyeuses de soins ; ainsi, selon plus de 25 % des personnes interrogées, « il est plus important de faire des études universitaires pour les garçons que pour les filles ». Dans la plupart des pays, la probabilité d’effectuer des travaux domestiques pendant l’enfance est plus de deux fois plus élevée chez les filles que chez les garçons.
Sans volonté politique ferme, il ne sera pas possible de réaliser l’égalité des genres. La loi doit interdire le mariage des enfants mais autoriser les jeunes filles enceintes à aller à l’école. Le mariage des enfants reste une pratique autorisée dans 117 pays et territoires au moins.
Les institutions sociales sont parfois discriminatoires et préjudiciables aux progrès en faveur des filles et des femmes. En 2019, dans un pays sur quatre, les niveaux de discrimination étaient très élevés.
Il convient d’intensifier les efforts pour que le droit des filles à retourner à l’école après une grossesse soit protégé par des mesures législatives et politiques. En Afrique subsaharienne, quatre pays interdisent formellement le retour des filles à l’école après une grossesse.
La violence sexiste à l’école est préjudiciable à l’assiduité scolaire et à l’apprentissage. Un quart des élèves des pays à revenu élevé et un tiers des élèves des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire déclarent avoir été victimes de brimades au cours des 12 derniers mois. Dans les contextes de déplacement, la violence est exacerbée.
L’éducation complète à la sexualité élargit les possibilités éducatives, elle met en cause les normes sexistes et favorise l’égalité des genres, elle se traduit par un comportement sexuel plus responsable et réduit le nombre de grossesses précoces.
Trop d’écoles ne disposent pas d’installations appropriées pour la prise en charge de l'hygiène menstruelle. En 2016, seules la moitié des écoles étaient équipées d’installations de lavage des mains à l’eau et au savon.
L’enseignement est généralement une profession à dominante féminine tandis que les hommes occupent les postes de direction. Les femmes représentent près de 94 % des enseignants du pré-primaire mais seulement la moitié environ des enseignants du second cycle du secondaire. Beaucoup de pays peinent à déployer des enseignantes là où elles sont le plus nécessaires, en particulier dans les contextes de déplacement. Les formations à l’enseignement sensible au genre sont rares, ce qui renforce les stéréotypes fondés sur le genre dans les classes.
L’aide des donateurs en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation doit produire des résultats obtenus grâce à des programmes durables, efficaces, extensibles, transposables et participatifs. Dans les pays membres du CAD de l’OCDE, 55 % de l’aide directe à l’éducation était qualifiée comme visant l’égalité homme-femme, la fourchette allant de 6 % au Japon à 92 % au Canada.
Dans de nombreux cas, les plans sectoriels font abstraction des mesures prioritaires à mettre en œuvre pour parvenir à l’égalité des genres. Selon une analyse menée dans 20 pays, les transferts en espèces ou en nature, préconisés par trois plans sur quatre, sont des mesures phares. La réforme des programmes et des manuels, la participation des filles aux cours de STEM et un accès sûr à l’école, qui ne figurent que dans 20 % des plans nationaux, sont les mesures les moins plébiscitées.
Les plans de l’Angola, de la République centrafricaine, de Djibouti et de la Mauritanie évoquent très peu les inégalités entre les genres dans l’éducation, en revanche les plans du Niger, de la Guinée et de la Somalie établissent des feuilles de route solides vers le changement.