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« Quand un ou une journaliste est pris pour cible, c’est la société tout entière qui en paie le prix » - Guterres

Au cours des 12 dernières années, plus de 1.000 journalistes ont été tués pour avoir exercer leur profession. Cela correspond à un mort tous les quatre jours. Dans neuf cas sur 10, les meurtriers restent impunis.

L'impunité mène à un plus grand nombre d'assassinats et représente souvent un symptôme d'aggravation des conflits et d'effondrement des systèmes de droit et de justice.

A l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, célébrée le 2 novembre, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a indiqué que 88 femmes et hommes journalistes ont été tués rien que cette année. « Les femmes journalistes risquent davantage d’être prises pour cibles, non seulement du fait des fonctions qu’elles exercent mais aussi du fait de leur sexe, qui les expose notamment au risque de subir des violences sexuelles », a déploré le chef de l'ONU.

Pour la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, « ces cinq dernières années ont connu des avancés importantes et contribué à sensibiliser davantage l’opinion et les acteurs politiques à cette question de l’impunité ». La cheffe de l'UNESCO a souligné que le cadre juridique international a été renforcé avec l’adoption, depuis 2013, de plus de 10 résolutions par des organismes des Nations Unies, tout en reconnaissant que « la mise en œuvre des mesures nécessaires au niveau national reste un défi ».

L'impunité cause des dommages aux sociétés entières en dissimulant de graves violations des droits de l'homme, la corruption et la criminalité

A l’occasion de cette journée, les gouvernements, la société civile, les médias et ceux qui se soucient du respect de l'Etat de droit sont invités à se joindre aux efforts mondiaux pour mettre fin à l'impunité. L'UNESCO a lancé une campagne mondiale #TruthNeverDies (#LaVéritéNeMeurtJamais) pour faire en sorte que « les écrits, les produits journalistiques qui ont été créés par les journalistes tués ne restent pas sous silence », explique Sylvie Coudray, cheffe de Section pour la liberté d’expression à l’UNESCO. « Donc on encourage les médias à utiliser ces écrits, leurs images, leurs photos de manière à ce que la vérité ne meurt jamais et qu’en dépit de leur mort, leurs écrits continuent à alimenter une information sur la réalité de ce monde ».

Dans le cadre de cette campagne, l'UNESCO et le gouvernement du Liban organisent à Beyrouth un séminaire régional pour renforcer la coopération régionale afin de mettre fin à l'impunité des crimes et attaques contre les journalistes dans le monde arabe. Le séminaire réunit des décideurs, experts, représentants du pouvoir judiciaire et des forces de sécurité, des commissions nationales des droits de l'homme, des médias et de la société civile pour explorer des pistes en vue de renforcer et coordonner la lutte contre l'impunité. L’UNESCO espère ainsi développer un type d’actions pour sensibiliser ces participants à la question de la liberté de l’information mais aussi de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, explique Sylvie Coudray.

Le chef de l’ONU a exhorté les gouvernements et la communauté internationale à protéger les journalistes et à instaurer les conditions dont ils ont besoin pour exercer leur métier. Rendant hommage aux femmes et aux hommes qui font leur travail de journaliste, il rappelle que « la vérité ne meurt jamais et que nous ne devons pas non plus laisser mourir notre ferme attachement au droit fondamental qu’est la liberté d’expression ».

En reconnaissance des profondes conséquences de l’impunité, notamment en ce qui concerne les crimes commis contre les journalistes, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en 2013 une résolution proclamant le 2 novembre Journée Internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes. Cette résolution exhorte les Etats membres à mettre en place des mesures précises afin de lutter contre l’actuelle culture d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français de Radio France Internationale, Ghislaine Dupont and Claude Verlon, au Mali, le 2 novembre 2013.