Chaque heure, les engins antipersonnel improvisés font une nouvelle victime dans le monde, selon le rapport 2019 de l’Observatoire des mines publié ce jeudi à Genève.
Selon le document de l’ONG, près de 6.897 victimes de mines et de restes explosifs de guerre (3.059 tuées et 3.837 blessées) ont été recensés dans le monde. Le statut vital n’était pas connu pour une victime. Parmi les victimes enregistrées en 2018, 71% étaient des civils, dont 54% d’enfants, soit une augmentation de 7% par rapport au total de 2017, et de 12% par rapport à 2016.
Les plus jeunes sont surtout touchés par le danger des restes d’explosifs, notamment de type improvisé qui agissent comme des mines antipersonnel (également appelées mines improvisées), des restes d’armes à sous-munitions, et d’autres restes explosifs de guerre. En 2018, comme lors des années précédentes, la grande majorité des victimes enfants étaient des garçons (84%) pour les victimes dont le sexe était connu.
Ce total élevé est « principalement dû au nombre de victimes recensées dans les pays connaissant un conflit armé ou une situation de violence, particulièrement en Afghanistan, au Mali, au Myanmar, au Nigéria, en Syrie et en Ukraine. « La collecte de données précises pour les conflits en cours demeure néanmoins difficile », précise l’Observatoire.
L’armée du Myanmar est la seule force étatique à utiliser des mines
Plus largement, les mines improvisées sont désormais responsables de plus d’une victime sur deux. Ces victimes ont été identifiées dans 18 pays, notamment en Afghanistan pour près de 1.600 d’entre elles et en Syrie (plus de 1.000).
Ce type d’engins est surtout utilisé par des groupes étatiques. Parmi eux, de nombreuses entités les fabriquent avec des explosifs et des restes d’explosifs. Le nombre total de victimes de mines antipersonnel a lui baissé de plus de 300 en un an. Plus de 70% d’entre elles sont des civils. Et plus d’une sur deux étaient des enfants.
Du milieu de l’année 2018 jusqu’en octobre 2019, l’Observatoire des mines a confirmé l’utilisation nouvelle de mines antipersonnel par les forces gouvernementales du Myanmar, État non partie au Traité d’interdiction des mines. Ce qui fait de l’armée de Naypyidaw, la seule parmi les forces étatiques à utiliser de nouvelles mines l’année dernière.
En revanche, des groupes non étatiques ont recouru à des mines antipersonnel dans au moins six pays (deux de moins que l’année précédente) : l’Afghanistan, l’Inde, le Myanmar, le Nigéria, le Pakistan et le Yémen. « En 2018 et au début de l’année 2019, les forces Houthis au Yémen ont produit massivement des mines antipersonnel, dont des engins activés par des victimes (mines improvisées)», fait valoir l’ONG.
De plus, l’observatoire fait état d’allégations non confirmées de nouvelle utilisation de mines antipersonnel par des groupes armés non-étatiques au Cameroun, en Colombie, en Libye, au Mali, aux Philippines, en Somalie et en Tunisie.
Des victimes identifiées dans 50 États et autres territoires
De façon générale, des personnes ont été touchées par ces engins dans 50 Etats et autres territoires, trois de moins que l’année précédente. Parmi ces pays figurent 32 États et autres territoires parties au Traité d’interdiction des mines.
Depuis que l’Observatoire des mines a commencé à recenser le nombre de victimes en 1999, plus de 130.000 victimes de mines et de restes explosifs de guerre ont été identifiées, dont 86.000 survivants.
En octobre 2019, 59 États et autres territoires étaient contaminés par des mines antipersonnel. Au moins 140 kilomètres de terres contaminées ont été déminées en 2018, une diminution par rapport aux 195 kilomètres rapportés pour 2017.
Par ailleurs, les États parties au Traité d’interdiction des mines ont détruit plus de 55 millions de mines antipersonnel stockées, dont plus de 1,4 million en 2018. L’observatoire rappelle qu’Oman a achevé la destruction de son stock de mines antipersonnel en septembre 2018 alors que la Grèce et l’Ukraine demeurent en violation du traité en n’ayant pas réalisé la destruction complète de leurs stocks dans un délai de quatre ans.
A ce stade, seuls trois États parties possèdent plus de quatre millions de mines antipersonnel qui doivent être détruites. Il s’agit de l’Ukraine (3,5 millions), de la Grèce (64.3267) et du Sri Lanka (77.865).