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La COVID-19 dans les contextes humanitaires : aucune excuse pour laisser les personnes handicapées de côté ! - Données issues des opérations de HI dans des contextes humanitaires

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Le recueil et l'analyse de ces données vise à démontrer que la crise de la COVID-19 expose les femmes, les hommes, les filles et les garçons handicapés à des risques et des obstacles disproportionnés dans les contextes humanitaires. Ce rapport formule des recommandations à l'attention des acteurs humanitaires en vue d'améliorer l'action inclusive, dans la lignée des lignes directrices et enseignements existants dans le domaine de l'inclusion des personnes handicapées. Il repose sur des données probantes et des témoignages recueillis par les programmes de HI dans 19 pays d'intervention. Nous avons particulièrement pris soin de relayer la voix de personnes présentant différents types de handicaps, aux caractéristiques de genre et d'âge différentes, résidant dans différentes zones géographiques et vivant dans des conditions diverses, y compris dans des camps de personnes réfugiées ou déplacées internes et dans des communautés d'accueil.

“La crise de la COVID-19 affecte les personnes handicapées sur les plans psychologique et physique. Les mesures de prévention ont des effets négatifs sur les personnes handicapées qui passent toute la journée à la maison puisque bon nombre d'entre elles, notamment les enfants handicapés, les personnes âgées et les personnes présentant un handicap physique, ont des problèmes de santé sous-jacents ou un système immunitaire affaibli”, explique Reham, référente technique réadaptation pour HI dans la bande de Gaza (Palestine).

Le compte-rendu de Reham sur la situation des personnes handicapées au cœur de la pandémie souligne l'impact de cette pandémie sur le bienêtre physique et psychologique des personnes handicapées, et sur leur protection, dans les pays à risque touchés par la COVID-19.

“Le fait de rester chez soi pendant une longue période, sans pouvoir accéder aux services, peut causer du stress et entraîner une dépression. Les personnes handicapées peuvent ressentir de l'anxiété et avoir peur de contracter le virus, notamment si elles n'ont pas les moyens de s'acheter des équipements de protection, ou qu'elles dépendent de quelqu'un pour leurs activités quotidiennes. Les enfants handicapés qui ne vont plus à l'école peuvent subir des violences domestiques en raison de leur isolement ou de la perturbation de la routine”.

Reham est également témoin de l'impact économique de la pandémie sur les moyens de subsistance des personnes handicapées:

“Les travailleurs journaliers et les employés sous contrats temporaires ont perdu leur source de revenus. Ils ne savent pas comment subvenir aux besoins de leur famille ou acheter leurs médicaments, et cela génère beaucoup d'angoisse.”

On estime aujourd'hui que les personnes handicapées représentent 15 % de la population mondiale,(1) mais cette proportion peut être bien supérieure dans les pays touchés par un conflit ou une crise humanitaire. En Syrie, par exemple, ce pourcentage est deux fois plus élevé puisque les dernières estimations révèlent que 30 % des personnes de plus de 12 ans sont des personnes handicapées.(2) Dans le gouvernorat d'Alep, 59 % des femmes et 27 % des hommes sont des personnes handicapées. À l'échelle du pays, au-delà de 65 ans, 99 % des femmes et 94 % des hommes présentent un handicap.(3)

Dans les pays fragiles ou touchés par un conflit ou une catastrophe, la pandémie augmente les risques pour certains groupes, et la discrimination à leur égard. La pandémie, et les plans de restriction, neutralisent les dispositifs d'appui existants en matière de santé et d'accompagnement social (assistance à domicile ou soutien communautaire pour l'accès aux distributions, par ex.). Les personnes handicapées sont exposées à des risques supplémentaires et rencontrent de nouvelles difficultés pour accéder à l’information et à l'assistance. Les inégalités structurelles, conjuguées aux obstacles liés spécifiquement à la crise, exposent certains groupes à un plus grand risque de contamination par le virus et de développement d'une forme grave de COVID-19.
Selon le Secrétaire général des Nations Unies, “les personnes handicapées ont généralement de plus grands besoins que les autres en soins de santé, à la fois pour leurs soins généraux et pour les soins liés à leur handicap. Elles sont donc plus vulnérables que les autres face aux conséquences de la crise sur les services de santé (baisse de qualité et inaccessibilité des services). Par comparaison avec les personnes non handicapées, les personnes handicapées sont davantage susceptibles d'avoir des problèmes de santé : sur 43 pays, 42 % des personnes handicapées considèrent que leur santé est mauvaise, contre 6 % des personnes non handicapées”.

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De plus, comme l'illustrent les données de 2014 relatives à l'épidémie d'Ebola, la réaffectation des ressources en faveur de la lutte contre l'épidémie peut freiner la fourniture d'une aide humanitaire essentielle et avoir des conséquences négatives sur la santé publique. L'action contre l'Ebola, par exemple, a détourné les ressources dédiées aux soins pour d'autres maladies ou problèmes de santé, tels que le choléra, le paludisme ou le VIH/sida.(5)

La COVID-19 amplifie les obstacles que rencontrent les groupes à risque, notamment les personnes handicapées, pour accéder aux services dans le domaine de la santé, de l'hygiène, de l'eau, des abris, de l'alimentation et de la sécurité. Le Plan d'aide humanitaire mondial de lutte contre la COVID-19 a désigné les personnes handicapées comme un des groupes de population les plus touchés dans les 63 pays couverts par le plan.

(6) En outre, en tant qu'organisation humanitaire intervenant dans plus de 20 pays touchés par une crise humanitaire, nous constatons souvent que les hommes, les femmes et les enfants handicapés sont négligés dans les interventions humanitaires.

L'intersection des facteurs handicap, genre et âge génère des risques multiples : les femmes et les filles handicapées, par exemple, sont exposées à des risques particuliers en matière de protection alors que les personnes âgées handicapées risquent de se voir refuser l'accès aux services de santé. L'appartenance ethnique, le statut de personne déplacée, l'accès à l’information ou l'état de santé sont autant d'autres facteurs de risques.

Divers instruments juridiques et cadres d'action appellent les acteurs humanitaires à identifier et à satisfaire les besoins et les droits des personnes handicapées qui risquent tout particulièrement d'être laissées de côté dans les contextes humanitaires, y compris durant la crise de la COVID-19. Aujourd'hui, ces engagements et ces recommandations doivent être concrétisés de façon à généraliser l'inclusion dans la préparation et la réponse à la COVID-19, à toutes les étapes et à tous les niveaux d'intervention.