La France organise, du 11 au 13 novembre, le 1er Forum de Paris sur la Paix. Cet événement vise à démontrer que la coopération internationale est essentielle pour relever les défis politiques, environnementaux, économiques et sociaux à l’échelle mondiale et assurer une paix durable. Il va réunir une cinquantaine d’États, et des représentant.e.s d’organisations internationales, d’ONG et d’entreprises. Philippe Lévêque, notre directeur, décrypte les enjeux de ce sommet.
Que peut-on attendre de ce Forum sur la Paix ?
Ce Forum est l’occasion de rappeler que le respect des principes humanitaires n’est pas négociable : humanité, neutralité, impartialité et indépendance.
Cet événement doit aussi réaffirmer un point essentiel : l’aide internationale n’est pertinente que si elle implique les populations auxquelles elle est destinée. Et ce à toutes les étapes : dans l’élaboration des projets, leur mise en œuvre et leur évaluation. C’est le seul moyen de garantir l’efficacité des actions sur le terrain, c’est-à-dire de répondre aux besoins de toutes et tous.
Les femmes ont-elles un rôle particulier à jouer ?
Le respect des droits humains et l’égalité femmes-hommes sont essentiels pour réduire les inégalités sur la durée. Ce Forum doit le rappeler.
Les États, les organisations internationales, les ONG doivent renforcer le leadership et la participation des femmes à tous les niveaux, en particulier dans les contextes de fragilité : dans les programmes humanitaires lors de crises mais aussi dans les pourparlers de paix et la reconstruction.
Quel leadership peut avoir la France sur les enjeux de femmes, paix et sécurité ?
Le gouvernement prépare actuellement son 3ème plan national d’action « femmes, paix et sécurité ». Ce plan doit détailler comment la France va favoriser la participation d’organisations locales pilotées par des femmes. Il est essentiel que la France s’attache à valoriser et soutenir la contribution des femmes à la réponse humanitaire, aux processus de paix et à plaider pour qu’elles occupent une place centrale dans les nouvelles institutions mise en place suite aux conflits.
Et au niveau international ?
La France va endosser un rôle très important en 2019 vis-à-vis de la communauté internationale. Le gouvernement doit en profiter pour soutenir la parole des femmes et l’égalité femmes-hommes.
La France présidera le Conseil de Sécurité des Nations unies en mars 2019. Elle doit permettre aux femmes de pays en crise de témoigner devant les États, de ce qui se passe sur le terrain et des actions qu’elles mènent pour aider les populations.
En plus de cela, il est primordial que des experts du Conseil se rendent sur le terrain afin d’évaluer les progrès réalisés en matière de participation des femmes aux processus de résolution des conflits. Un envoyé spécial de l’ONU sur cette question doit être désigné. Et cet engagement doit se refléter dans les résolutions et déclarations du Conseil : elles doivent systématiquement prendre en compte et mentionner les impacts des crises sur les femmes et l’action des femmes sur le terrain.
La France sera également présidente du G7 en 2019. Le gouvernement a d’ores et déjà annoncé que l’égalité femmes-hommes figurera parmi les thématiques prioritaires. La France doit impulser une dynamique positive mais aussi assurer le suivi des engagements des précédents G7 comme la Déclaration de Whistler sur l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles dans l’action humanitaire..
Sur le terrain, comment peut-on rendre concret l’agenda « femmes, paix et sécurité » ?
CARE identifie deux leviers.
Les bailleurs de fonds doivent s’engager à fournir des financements pluriannuels pour renforcer les partenariats entre organisations locales de femmes et agences humanitaires.
Enfin, il faut un travail de fonds pour changer les normes sociales. Soutenir les efforts d’associations locales de défense des droits des femmes et des filles et associer les hommes et les garçons à ce processus sont des leviers indispensables du changement.