Ce rapport a été rédigé par l’IMREF. L’IMREF (Independent Monitoring, Rapid Research and Evidence Facility) est le centre indépendant de suivi, de recherches rapides et de preuves du programme SSS Phase II mandaté par le Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO). Il est mis en oeuvre par un consortium dirigé par Integrity Global, qui comprend Seefar, IMPACT Initiatives et l'Université du Danube de Krems.
Résumé exécutif
Les organisations humanitaires qui ont pour objectif d’apporter un soutien aux migrants en transit sur la route de la Méditerranée centrale ont de grandes difficultés à surmonter dans l’accès aux bénéficiaires potentiels. Comme les migrants en transit sont généralement concentrés sur la poursuite de leur voyage en Afrique du Nord et en Europe, la fenêtre de temps pendant laquelle ils peuvent accéder à des services humanitaires à un endroit donné est souvent limitée. Il est également prouvé que les migrants évitent activement la détection, ce qui en fait souvent une population « invisible » qui peut ne pas souhaiter accéder aux services.0F Les recherches passées de l’IMREF sur l’accès ont montré qu’un manque de confiance envers les organisations humanitaires affecte la volonté des migrants de chercher l’aide disponible.1F Cependant, les données probantes sur les facteurs qui influencent la confiance des migrants envers les acteurs humanitaires et sur la manière dont les organisations peuvent effectivement atténuer cet obstacle à l’accès sont limitées.
Cette étude vise à éclairer la programmation des migrations au Sahel en fournissant une meilleure compréhension de comment, quand et pourquoi les migrants font confiance aux organisations humanitaires, et de la façon dont cela affecte l’accès aux migrants. Les résultats sont basés sur une étude sur documents provenant de 39 sources, 16 entretiens avec des travailleurs de terrain clés et des entretiens qualitatifs approfondis par téléphone avec 90 migrants en transit (dont 30 femmes) à Agadez et Gao.
Confiance dans les organisations humanitaires et de développement
• Sur les 90 personnes interrogées, 30 ont déclaré ne pas avoir confiance dans les organisations humanitaires, 25 ont déclaré avoir un niveau de confiance élevé et 20 ont déclaré avoir une confiance mixte ou être indécises. Les migrants qui se sont décrits comme ayant des niveaux de confiance mixtes ou comme indécis ont souvent exprimé des perceptions négatives de l’aide, suggérant des limites importantes à leurs niveaux de confiance. Toutefois, contrairement aux 30 migrants de l’échantillon qui signalent un manque total de confiance, ces migrants sont souvent prêts à accéder à des organisations dans des circonstances spécifiques. Cela suggère que les organisations pourraient être en mesure d’établir une relation de confiance avec eux.
• Le degré de confiance accordé aux organisations par les migrants dépend de la nature des inquiétudes qu’ils ont en matière d’accès à l’aide. Les migrants qui ont exprimé un manque total de confiance l’ont lié à la perception que les organisations travaillent avec la police pour les expulser ou chercher à les empêcher de migrer, ou à la crainte que l’accès à l’assistance retarde leurs voyages. La collaboration perçue entre les organisations et la police ou le gouvernement national, en qui la plupart des migrants n’ont pas confiance, a amplifié ces préoccupations.
• Les migrants qui ont exprimé des perceptions négatives de l’aide et une confiance limitée dans les organisations ont généralement estimé que le soutien manquait de pertinence et que les organisations ne traitent pas équitablement les bénéficiaires de l’aide. Les migrants ont souvent évalué la pertinence de l’aide en fonction du degré auquel elle répondait à leurs besoins par rapport à leurs priorités à différents stades de leur voyage, beaucoup soulignant un écart fondamental entre leur priorité de se rendre en toute sécurité en Europe et les types de services offerts. Un certain nombre de migrants qui avaient déjà bénéficié d’une aide à Agadez et à Gao ont également estimé que leur confiance était négativement affectée par un manque perçu de réactivité à leurs commentaires, malgré un séjour assez long pour recevoir une réponse. Les migrants qui pensaient que les organisations ne traitent pas équitablement les bénéficiaires estimaient que les critères actuels de sélection des bénéficiaires sont arbitraires et ne sont pas fondés sur des besoins objectifs.
• Plus de migrants à Agadez qu’à Gao ont fait part d’un manque de confiance dans les organisations. Alors que les migrants des deux pays ont exprimé des inquiétudes quant aux risques liés à l’obtention du soutien d’organisations, les personnes interrogées à Agadez ont plus souvent déclaré avoir eu des expériences négatives avec des organisations humanitaires ou avoir entendu d’autres migrants dire que l’aide disponible ne répondrait pas à leurs besoins.
• Il n’y avait pas de différence claire entre les niveaux de confiance des hommes et des femmes. Cependant, leurs raisons pour (ne pas) avoir confiance différaient : les femmes avaient tendance à attribuer les faibles niveaux de confiance aux interactions négatives avec le personnel sur le terrain des organisations, tandis que les hommes se concentraient sur le risque que leur voyage soit interrompu s’ils s’adressaient à des organisations humanitaires.