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Des recherches financées par l'UE à l'origine d'une découverte capitale dans la lutte contre le paludisme

À quelques jours de la journée mondiale de lutte contre le paludisme (le 25 avril), des chercheurs financés par l'UE ont découvert que des médicaments dont la fonction initiale est de lutter contre le cancer pouvaient également tuer le parasite à l'origine de la malaria. Ils estiment que cette découverte pourrait permettre de mettre en œuvre de nouvelles stratégies de lutte contre cette grave maladie qui, d'après les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé, a infecté 225 millions de personnes et en a tué près de 800 000 dans le monde en 2009. La recherche d'un traitement se heurte, pour le moment, à la capacité du parasite à développer rapidement une résistance aux médicaments. Les recherches, menées dans le cadre quatre projets financés par l'UE (Antimal, Biomalpar, Malsig et Evimalar), ont été effectuées par des laboratoires du Royaume-Uni, de France et de Suisse, avec des partenaires belges, allemands, danois, grecs, espagnols, italiens, néerlandais, portugais et suédois, ainsi que de nombreux pays en développement touchés par le paludisme.

Mme Máire Geoghegan-Quinn, commissaire européenne chargée de la recherche, de l'innovation et de la science, a déclaré à ce propos: «Cette découverte pourrait permettre de développer un traitement efficace contre le paludisme susceptible de sauver des millions de vies et d'en changer des millions d'autres. Elle est une nouvelle preuve de la valeur ajoutée qu'apportent tant les recherches financées par l'UE que l'innovation en général et la collaboration avec les chercheurs des pays en développement en particulier. L'objectif ultime, l'éradication complète du paludisme, ne sera atteint que par une vaste coopération internationale, seul moyen de lutte efficace contre un fléau d'une telle ampleur.»

Des médicaments anticancéreux pour tuer le parasite à l'origine du paludisme Le paludisme, ou malaria, est causé par un parasite nommé plasmodium, qui se transmet par les piqûres de moustiques infectés. Dans le corps humain, les parasites se reproduisent dans le foie puis infectent les globules rouges et s'y multiplient. Des recherches communes menées par des laboratoires financés par l'UE, à savoir l'Unité conjointe Inserm-EPFL à Lausanne (France/Suisse), le Wellcome Trust Centre for Molecular parasitology de l'Université de Glasgow (Écosse), et l'Université de Berne (Suisse) ont montré que pour proliférer, le parasite du paludisme avait besoin d'une voie de signalisation présente dans les cellules du foie et dans les globules rouges de l'hôte. Ils ont démontré que le parasite détournait à ses fins les kinases (un type d'enzyme) actives dans les cellules humaines. Lorsque l'équipe de chercheurs a utilisé des inhibiteurs de kinases, médicaments utilisés dans le cadre de chimiothérapies, pour traiter des globules rouges infectés, le parasite a été stoppé.

De nouvelles perspectives de lutte contre la maladie Jusqu'à maintenant, la lutte contre le paludisme a été entravée par la capacité du parasite de développer une résistance aux médicaments en mutant et d'échapper au système immunitaire en se cachant dans les globules rouges et le foie de l'hôte, où il prolifère. Le fait de savoir que ce parasite a besoin de détourner des enzymes de la cellule où il réside ouvre de nouvelles perspectives de lutte contre la maladie. L'idée est, plutôt que de cibler le parasite lui-même, de bloquer les kinases de la cellule afin qu'il ne puisse plus exploiter son environnement cellulaire. Il est ainsi privé de l'un des principaux moyens par lesquels il développe une résistance aux médicaments.

Plusieurs médicaments inhibiteurs de kinases sont déjà utilisés cliniquement dans des chimiothérapies destinées à traiter des cancers, et beaucoup d'autres ont passé les étapes 1 et 2 des essais cliniques. Ces médicaments ont des effets toxiques, mais alors qu'ils sont utilisés pendant des périodes prolongées pour le traitement du cancer, ils n'auraient besoin d'être employés que pendant des périodes plus courtes pour le traitement du paludisme, ce qui réduirait le problème de la toxicité. Les chercheurs proposent donc que les propriétés antipaludiques de ces médicaments soient immédiatement évaluées, ce qui permettrait de réduire considérablement le temps et les coûts nécessaires pour mettre en œuvre cette nouvelle stratégie de lutte contre le paludisme.

Les prochaines étapes consisteront notamment à mobiliser les partenaires publics et privés afin de vérifier l'efficacité des inhibiteurs de kinases pour le traitement du paludisme et d'ajuster la dose au moyen d'essais cliniques, après quoi les nouveaux traitements pourront être autorisés et mis à disposition des patients atteints du paludisme dans le monde entier.

Contexte Depuis 2002, l'UE a investi près de 180 millions d'euros dans la recherche sur le paludisme via ses programmes-cadre de recherche (6e PC, 2002-2006, et 7e PC, 2007-2013).

Elle contribue aussi au Partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques (EDCTP), dont l'objectif est d'accélérer le développement et l'amélioration des médicaments, des vaccins et des microbicides permettant de lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose. Établie en 2003, cette coopération fructueuse entre l'Europe et l'Afrique est centrée sur les essais cliniques et le renforcement des capacités en Afrique subsaharienne. À ce jour, 10 essais cliniques sur la malaria, d'un coût total de 69 millions d'euros, ont été financés dans le cadre de l'EDCTP, dont 35 millions d'euros ont été fournis par l'UE.