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De nombreux États appellent à maintenir l’élan dans la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits

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CS/11365
Conseil de sécurité

7160e séance – matin & après-midi

« Notre défi majeur est de convertir la volonté politique en actions pratiques », déclare la Représentante spéciale Zainab Hawa Bangura

Le débat sur les femmes et la paix et la sécurité que le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, fut l’occasion pour les responsables de l’ONU et de nombreux États Membres d’appeler à maintenir l’élan constaté, au cours de ces dernières années, en vue d’éliminer les violences sexuelles commises en période de conflit.

Le Royaume-Uni a ainsi annoncé la tenue à Londres, du 10 au 13 juin prochain, d’un sommet sans précédent visant à mettre fin au viol comme arme de guerre, sous la coprésidence du Chef de la diplomatie britannique, M. William Hague, et de l’actrice américaine et Ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Mme Angelina Jolie.

Au cours de ce débat, qui a rassemblé une soixantaine de délégations, la France a indiqué qu’elle présenterait un projet de résolution permettant de déférer les principaux auteurs de violences sexuelles, leurs commanditaires, quels qu’ils soient, à la Cour pénale internationale (CPI).

En ouvrant la discussion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a déclaré que la question des violences sexuelles liées aux conflits était d’une importance cruciale, dans la mesure où non seulement elles détruisent des vies individuelles mais défont le tissu social même d’une nation.

Le Secrétaire général s’est félicité des différentes résolutions adoptées au fil des années par le Conseil de sécurité. Elles constituent, selon lui, un cadre solide de prévention au niveau international.

« Chaque jour, davantage de pays développent leurs capacités techniques pour prévenir les violences sexuelles et se donner les moyens d’y répondre », a également expliqué M. Ban, dont le rapport* livre des informations sur des parties à un conflit armé qui, selon des indices graves et concordants, se seraient rendues responsables de viols ou d’autres formes de violences sexuelles.

Le rapport, a précisé sa Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura, couvre 21 pays dans des situations de conflit et postconflit et dresse la liste de 34 États parties et non étatiques présumés auteurs de violences sexuelles.

Il « peint un sombre tableau d’un problème dont l’on ne saisit pas encore entièrement l’ampleur, la portée et le caractère ». « Cependant, nous comprenons mieux aujourd’hui qu’avant ce phénomène, et cette connaissance permet d’espérer que nous pouvons venir à bout de la violence sexuelle liée aux conflits », a-t-elle noté.

« Bien que le chemin à parcourir reste long et difficile, il y a une lumière à l’horizon », a-t-elle dit. « Jamais dans l’histoire, on n’a vu un tel niveau de volonté politique et un tel élan », a-t-elle ajouté, en faisant notamment référence à une déclaration historique du G-8, à l’engagement exprimé, l’an dernier, par 144 membres de l’Assemblée générale d’étendre et de renforcer le consensus qui existe déjà au sein du Conseil de sécurité.

« Notre défi majeur est désormais de convertir la volonté politique en actions pratiques, de transformer les résolutions en solutions et apporter un véritable changement sur le terrain », a-t-elle lancé.

La représentante du Groupe de travail des organisations non gouvernementales sur les femmes, la paix et la sécurité, Mme Rhoda Misak, a plaidé pour assister les survivantes, notamment en fournissant des services de santé reproductive et sexuelle, en lançant des campagnes de sensibilisation au VIH/sida et en assurant l’accès à l’avortement dans des conditions sûres.

Nombre de pays ont mis l’accent sur la nécessité de lutter contre l’impunité et ont insisté pour que des mesures soient prises dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration, ainsi que dans la réforme de la justice.

Plusieurs États ont aussi salué la volonté forte exprimée par le Secrétaire général de poursuivre et d’intensifier les efforts pour mettre en œuvre la politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le délégué jordanien, pour sa part, s’est interrogé sur la crédibilité des États Membres en matière de lutte contre les violences sexuelles en période de conflit alors qu’aucun pays n’a mis en œuvre toute la palette de mesures nécessaires pour réduire le risque d’exploitation et d’abus sexuels par les Casques bleus des Nations Unies.

Le représentant russe a considéré que les cas isolés ne relevant pas de crimes de guerre ne devraient pas être examinés par le Conseil de sécurité, afin d’éviter les doublons. Il a invité la Représentante spéciale à s’en tenir au mandat qui lui a été confié et à accorder une importance primordiale aux conflits qui figurent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Enfin, au nom des pays nordiques, la représentante de la Suède a mis l’accent sur la question de la violence sexuelle perpétrée contre des hommes et des garçons, celle-ci méritant, selon elle, plus d’attention.

  • S/2014/181