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Dans un quart des pays à travers le monde, l’éducation menace de s’effondrer si nous n’agissons pas de toute urgence – Save the Children

6 septembre 2021 – Dans un quart des pays à travers le monde, l’éducation de centaines de millions d’enfants court un risque extrême ou élevé de s’effondrer, a annoncé aujourd’hui Save the Children. Une nouvelle analyse entreprise par l’organisation a révélé que les facteurs tels que le changement climatique, le manque de vaccins contre la COVID-19, les déplacements, les attaques contre les écoles et l’absence de connectivité numérique mettent en péril l’accès à la scolarisation.

Cette annonce d’une menace d’effondrement de l’éducation dans 48 pays intervient à l’heure où l’année scolaire tente de redémarrer dans de nombreuses parties du monde, avec des millions d’enfants qui n’ont toujours pas la possibilité de retourner en classe à cause des mesures de sécurité contre la COVID-19, des conséquences économiques de la pandémie et de la poursuite des attaques contre l’éducation. Ils viennent s’ajouter aux 258 millions d’enfants à travers le monde qui étaient déjà déscolarisés avant la pandémie[i].

Les dirigeants doivent tirer des enseignements de la crise de l’éducation liée à la COVID-19, qui a perturbé la scolarisation de plus de 90 % des apprenants dans le monde[ii], et bâtir des systèmes d’éducation capables de résister aux chocs pour que dans un quart des pays à travers le monde, les enfants ne soient pas privés d’avenir, a déclaré l’organisation de défense des droits de l’enfant.

Selon un nouveau rapport de Save the Children intitulé En avant pour une meilleure éducation, en RDC, au Nigeria, en Somalie, en Afghanistan[iii], au Soudan du Sud, au Soudan, au Mali et en Libye, les systèmes d’éducation courent un « risque extrême ». La Syrie et le Yémen suivent de près.

Au Yémen, l’école de Salem*, 13 ans, a été endommagée durant le conflit qui sévit depuis longtemps dans le pays. Il nous a confié : « Je n’étais pas bon à l’école, parce qu’il n’y a pas de tableau, ni d’activités. La cour a été détruite, les tableaux ont tous été cassés. Pour moi, les études sont importantes, car je souhaite devenir médecin. »

Au Yémen, Save the Children a remis en état des écoles, comme celles de Salem, et ce dernier est aujourd’hui retourné en classe. Il a ajouté : « Lorsqu’elles (les écoles) ne sont pas réparées, il n’y a pas d’éducation, pas d’enseignants... nous n’avons donc pas la possibilité d’apprendre. Nous ne nous sentons pas en sécurité lorsque les écoles ne sont pas réparées. »

Sergio*, 16 ans, a fui les difficultés économiques du Venezuela pour rejoindre la Colombie il y a trois ans et vit dans un camp de réfugiés avec ses quatre frères, sa mère et le compagnon de cette dernière. Il n’est pas allé à l’école depuis le début de la pandémie et, avec l’aide de Save the Children, il tente d’apprendre à distance. La Colombie est l’un des pays classés « à haut risque » dans la nouvelle étude.

Sergio nous a expliqué : « Nous ne sommes pas à l’école. J’en ai vraiment besoin, car si je n’étudie pas, je n’atteindrai pas mon objectif.

« Je m’imagine diplômé de médecine légale, avec une nouvelle vie et un meilleur niveau de vie. »

On estime que 10 à 16 millions[iv] d’enfants risquent de ne pas retourner à l’école rien qu’à cause des conséquences économiques de la COVID-19. Les parents pourraient retirer leurs enfants de l’école pour les faire travailler ou les pousser vers un mariage précoce.

La crise climatique exacerbe ce risque déjà énorme, les écoles étant endommagées ou détruites par des phénomènes climatiques extrêmes, et de plus en plus d’enfants devront probablement fuir leurs maisons, laissant leur éducation derrière eux.

La communauté internationale, y compris les donateurs, doit accélérer son action et assumer la responsabilité de certains des facteurs qui ont mis en danger ces systèmes d’éducation, comme les conflits, le changement climatique et les inégalités en matière de vaccins, a déclaré Save the Children. Pour illustrer le faible engagement en faveur des enfants les plus pauvres au monde, l’organisation caritative a évoqué le récent Sommet mondial sur l’éducation, qui n’a pas réussi à lever les cinq milliards de dollars ciblés pour l’éducation mondiale.

Les nouvelles données, les premières du genre, font suite aux récentes recherches de Save the Children, qui ont révélé qu’en moyenne, les enfants des pays à revenu faible ont perdu 66 % de jours d’école en plus sur leur existence durant la pandémie, par rapport à leurs pairs des pays plus aisés.

Inger Ashing, directrice de Save the Children, a déclaré : « Nous savons déjà que ce sont les enfants les plus pauvres qui ont le plus souffert de la fermeture des écoles liée à la COVID-19.

« Malheureusement, la COVID-19 n’est que l’un des facteurs qui menacent l’éducation, mais aussi la vie des enfants aujourd’hui et demain. Pour environ la moitié des 75 millions d’enfants dont l’éducation est perturbée chaque année, cela résulte des menaces climatiques et environnementales telles que les cyclones, les inondations et les sécheresses. Les phénomènes liés au climat ont déjà contraint plus de 50 millions d’enfants à partir de chez eux[v]. Les attaques abominables contre les écoles se poursuivent dans des pays comme le Nigeria et le Yémen. »

Venant s’ajouter aux contextes actuels de fort taux de chômage parmi les jeunes, d’accès limité à l’enseignement primaire et d’inégalités numériques en matière d’accès à l’apprentissage à distance, ils réunissent les conditions parfaites d’une véritable catastrophe pour la prochaine génération, a indiqué Save the Children.

D’après le rapport, pour sauver l’éducation des enfants et préparer l’avenir, les ministères de l’Éducation et les donateurs doivent s’atteler à lutter contre ces menaces qui pèsent sur la scolarisation. Les donateurs internationaux doivent investir bien davantage dans les systèmes d’éducation des pays touchés.

Toujours selon Mme Ashing : « Les enfants ont tellement souffert de cette pandémie. Nous devons tirer des leçons de cette horrible expérience et agir dès maintenant, mais il ne sera simplement pas suffisant de revenir à la situation d’avant. Nous devons « aller de l’avant » et reconstruire différemment, en saisissant cette opportunité pour bâtir un espoir et un changement positif.

« Le droit d’un enfant à l’éducation ne prend pas fin dans une situation d’urgence. »

Remarques destinées aux éditeurs

  • Save the Children propose un plan en huit points pour aller de l’avant :
  1. ASSURER LA REPRISE APRÈS LA COVID-19 : faire en sorte que les enfants puissent retourner à l’école en toute sécurité et remettre leur apprentissage sur la bonne voie.
  2. PRENDRE DES MESURES DE PRÉPARATION ET DE PRÉVENTION : chaque pays doit disposer d’un plan de préparation intégré pour sécuriser l’apprentissage et le bien-être des enfants durant les futures crises.
  3. CIBLER LES ENFANTS NON SCOLARISÉS : faire en sorte que les enfants victimes de discrimination et qui n’étaient pas scolarisés avant la pandémie aient accès à des opportunités d’apprentissage en toute sécurité.
  4. GARANTIR LA SÉCURITÉ DE L’APPRENTISSAGE : protéger l’apprentissage contre la violence et les attaques, et contre les conséquences de l’urgence climatique.
  5. ACCROÎTRE ET ADAPTER LES FINANCEMENTS : combler d’urgence le déficit de financement de l’éducation et adapter les modalités de financement pour permettre des mesures préventives.
  6. OBTENIR LES BONNES DONNÉES : recueillir des données plus nombreuses et de meilleure qualité, et communiquer en permanence des données à grande échelle pour prendre des décisions flexibles sur les mesures de préparation et de prévention, ainsi que sur l’élaboration des politiques.
  7. SE FOCALISER SUR L’ÉGALITÉ ET LA PARTICIPATION DES ENFANTS : venir en aide en priorité aux enfants les plus touchés par les inégalités et la discrimination et inclure les enfants dans l’analyse, la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes.
  8. TRANSMETTRE LES POUVOIRS : confier les pouvoirs décisionnels et les ressources à la société civile nationale et locale.