CS/15968
9839e séance – après-midi
La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a prévenu, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que l’implication présumée des troupes de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans les combats aux côtés des forces russes continue de susciter de graves inquiétudes quant à l’internationalisation future du conflit « déjà dangereux » en Ukraine.
Mme Rosemary DiCarlo a également signalé que les attaques constantes ont redoublé d’intensité pendant les fêtes, et qu’en 2025, 12,7 millions d’Ukrainiens auront besoin d’aide humanitaire, soit un besoin de 2,6 milliards de dollars en financement.
La capture récente de deux militaires de la RPDC dans la région de Koursk, en Fédération de Russie, a été évoquée à plusieurs reprises, à commencer par l’Ukraine qui a souligné que les deux soldats « n’étaient pas des mercenaires ».
« Le transfert d’armes entre la RPDC et la Russie, et l’implication des troupes de la RPDC combattant aux côtés de la Russie constituent une escalade majeure aux conséquences mondiales de grande portée », s’est inquiétée l’Estonie, au nom des pays baltes. La guerre en Ukraine n’est pas une affaire uniquement européenne, c’est un problème mondial, a également averti la Roumanie, le Royaume-Uni s’inquiétant lui aussi du risque d’une expansion du conflit.
L’Union européenne a condamné le renforcement de la coopération militaire entre la Russie, la RPDC et l’Iran, enjoignant aux pays tiers de cesser immédiatement toute assistance à l’agression russe, qu’il s’agisse d’un soutien militaire direct ou de la fourniture de biens à double usage. L’accroissement du soutien militaire nord-coréen, avec l’engagement direct de troupes, traduit les difficultés croissantes rencontrées par la Russie, a analysé la France.
Affirmant que la Russie aurait dépensé plus de 18 milliards de dollars en frappes de missiles et de drones depuis le début de l’invasion, le délégué ukrainien a jugé essentiel de tarir ses sources de revenus en renforçant les sanctions contre l’économie russe.
La Pologne a alerté pour sa part du risque d’escalade en mer Baltique, affirmant que la situation y est particulièrement préoccupante, notamment en raison « d’actions agressives » impliquant des navires civils. « Il s’agit d’un effort concerté de la part de la Russie pour saper la sécurité des pays de la région et atteindre ses propres objectifs géopolitiques tordus », a accusé la délégation polonaise.
Souhaitant décrire « la situation réelle en Ukraine », la Fédération de Russie a indiqué qu’au cours des 10 derniers jours, les troupes russes auraient repris huit localités. Des centaines de soldats ukrainiens et étrangers auraient été capturés et des équipements militaires détruits. Et les forces russes s’approcheraient à présent des limites administratives des grandes villes « et de la région de Dnepr ». Le délégué a aussi fait état de milliers de déserteurs ukrainiens et de cas de répression et de mauvais traitements infligés à ceux qui contestent le « régime ukrainien » ou cherchent à fuir.
Au cours de cette séance, outre leur condamnation des agissements de la Russie, les États-Unis ont dénoncé la Chine, « le seul pays au Conseil qui n’a jamais condamné la Russie mais qui soutient son effort de guerre en exportant des produits qui alimentent directement l’industrie de défense russe. » Piquée au vif, la Chine a réfuté « ces accusations fallacieuses » avançant que si elle avait vraiment fourni du matériel militaire à la Russie, la situation sur le champ de bataille aurait été différente.
Dès le départ les États-Unis ont utilisé la guerre en Ukraine pour faire avancer leurs propres intérêts. Ils ne veulent rien d’autre qu’une Russie faible et un isolement de la Chine, et attaquent mon pays « dans un acte de désespoir » pour détourner l’attention de leur position au Moyen-Orient, a affirmé le délégué.
Dans son intervention, Mme DiCarlo a par ailleurs jugé encourageants les efforts déployés pour obtenir un échange de prisonniers et la reprise du dialogue. À ce propos, l’Ukraine a précisé qu’hier, le premier échange de prisonniers de 2025 a permis de libérer 25 Ukrainiens. La délégation a cependant décrié les traitements inhumains qui auraient été infligés à ces derniers durant leur captivité ainsi que le manque de soins médicaux.
Aussi a-t-elle demandé aux membres du Conseil de renforcer leur pression sur la Russie par le biais de mécanismes multilatéraux et d’efforts bilatéraux afin de garantir que tous les détenus soient ramenés sains et saufs des prisons russes.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE
Exposé
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a fait remarquer que depuis l’invasion massive de l’Ukraine par la Fédération de Russie en février 2022, la population ukrainienne subit de lourdes pertes humaines et matérielles. Les attaques constantes, qui ont redoublé d’intensité pendant les fêtes, ont, selon l’ONU, tué plus de 12 000 civils et blessés plus de 28 000 personnes, sachant que les chiffres réels sont peut-être encore plus élevés. Les infrastructures civiles, notamment les écoles et les hôpitaux, subissent également des dommages importants, tandis que les attaques contre les installations énergétiques privent des millions de personnes de services de base en plein hiver, a encore décrit Mme DiCarlo.
Sur le plan humanitaire, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, la situation reste désastreuse. Elle a remercié les donateurs qui ont fourni plus de 2,2 milliards de dollars en 2024 et ainsi permis à l’ONU d’aider quelque 8,5 millions de personnes, dont 60% sont des femmes et des filles. En 2025, a-t-elle prévenu, 12,7 millions d’Ukrainiens auront besoin d’aide humanitaire, même si certaines améliorations sont prévues dans les grandes villes, soit un besoin de 2,6 milliards de dollars.
La Secrétaire générale adjointe a fait savoir que les régions proches des lignes de front et les territoires occupés par la Russie continuent de souffrir d’un accès limité à l’aide, ce qui aggrave la crise. Elle a donc lancé un appel pour obtenir un financement accru et une meilleure protection des travailleurs humanitaires, souvent exposés à de graves dangers, pour répondre aux besoins des populations en détresse.
Elle a également évoqué la capture de militaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans la région de Koursk, en Fédération de Russie. L’implication présumée des troupes de la RPDC dans les combats aux côtés des forces russes continue de susciter de graves inquiétudes quant à l’internationalisation future de ce conflit déjà dangereux, a-t-elle dit.
En outre, des allégations de torture et d’exécutions sommaires, bien que pas toutes confirmées, soulèvent des préoccupations majeures. Dans ce contexte, elle a jugé encourageants les efforts déployés pour obtenir un échange de prisonniers et la reprise du dialogue. Elle a réitéré les appels de la communauté internationale en faveur d’une désescalade et pour la recherche d’une solution pacifique alors que le conflit continue de causer des souffrances humaines indescriptibles.
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.