20 migrant.es subsaharien.nes et demandeur.es d’asile ont été abandonné.es à la frontière tuniso-libyenne après avoir été expulsé.es de force par l’armée et la garde nationale tunisiennes le 2 juillet.
Soumis à de nombreuses violations des droits humains, dont la détention arbitraire, la violence et la privation de soins médicaux, le groupe a été laissé dans une zone isolée autour du point de passage officiel, près de Ben Guerdane, dans le sud de la Tunisie. Ils/elles ont été laissé.es sans aucune assistance, nourriture, argent ou autres ressources, dans une zone où les températures atteignent près de 45 degrés Celsius.
La situation est encore plus grave pour les deux femmes enceintes du groupe, dont l’une est proche de la date prévue de son accouchement et commence à avoir des saignements.
Cette situation nécessite une mobilisation urgente de la communauté internationale, des organisations humanitaires et des autorités tunisiennes. Minority Rights Group invite vivement le gouvernement tunisien à assurer la sécurité et le respect de ces migrant.es.
Ces personnes auraient été arrêtées le 1er juillet dans une maison de la ville de Jbeniana, dans la région de Sfax. La police, la garde nationale et l’armée ont fait une descente dans la maison avant d’arrêter les 48 personnes présentes et de les emmener au poste de police de Jbeniana. Leurs documents d’identité ont été examinés et les informations ont été enregistrées. La police les aurait ensuite divisés en deux groupes. 28 ont été emmenés à Ben Guerdane, où ils/elles ont été déplacé.es entre les bases de la garde nationale et les bases militaires. La garde nationale a détenu huit personnes de ce groupe, dont un mineur, et a expulsé les 20 autres.
Ces dernièr.es ont déclaré avoir subi des violences ; la plupart de leurs téléphones ont été saisis et détruits et leur argent a été volé. Les femmes et une jeune fille de 16 ans ont été victimes de harcèlement sexuel sur le territoire tunisien avant d’être renvoyées.
MRG demande instamment au gouvernement tunisien de mener une enquête complète et transparente sur les allégations de violence, d’abus et de harcèlement sexuel à l’encontre de migrant.es par les forces de sécurité. Les personnes responsables de ces graves violations des droits humains doivent assumer leurs responsabilités. Ces détentions arbitraires doivent cesser.
Le sort des 20 autres personnes expulsées de la maison reste inconnu. De plus, ces 48 personnes ne seraient pas les seules migrant.es de Sfax à avoir été expulsées ; des vidéos circulant en ligne montrent de nombreux bus évacuant des migrant.es de la région et se dirigeant vers la frontière avec la Libye.
Ces expulsions arbitraires et illégales violent les engagements dont la Tunisie s’est acquittée en vertu du droit international pour protéger les migrant.es se trouvant sur son territoire. Plus précisément, le principe de non-refoulement, qui prévoit qu’une personne ne doit pas être renvoyée dans un pays où sa vie ou sa liberté est gravement menacée, a été violé, en raison du fait que les migrant.es en Libye risquent d’être détenu.es dans des conditions déplorables.
Chaque jour, les migrant.es subissent en Libye des violations odieuses de leurs droits : torture, détention arbitraire, esclavage, viol, meurtre, surexploitation et privation de nourriture, d’eau et de services sanitaires.
Les événements du 2 juillet se sont déroulés dans un contexte de racisme structurel anti-noir.e au sein de la société tunisienne. Les remarques racistes, conspirationnistes et xénophobes du président Kais Saied en février 2023 ont déclenché un climat d’escalade des tensions anti-noir.es et anti-migrant.es qui s’est traduit par des attaques racistes généralisées, des détentions arbitraires, des expulsions et la perte soudaine d’emplois. Cette situation ne s’est pas apaisée.
Les migrant.es subsaharien.nes et les Tunisien.nes noir.es vivent dans un climat de peur. Si la Tunisie a criminalisé les discriminations raciales, elle n’y a pas mis fin. La désignation des migrant.es comme boucs émissaires doit cesser. Nous réitérons que l’Etat tunisien doit traiter toutes les personnes cherchant la sécurité en Tunisie, ainsi que ses propres citoyen.nes, avec égalité et dignité.
Pour plus d’informations, veuillez contacter le service de presse de MRG.