L’insécurité alimentaire aiguë devrait progresser et s’aggraver dans 22 pays et territoires
31/10/2024
ROME – D’après un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’insécurité alimentaire aiguë devrait progresser et s’aggraver dans 22 pays et territoires. Ce rapport alerte sur le fait que l’extension des conflits, en particulier au Moyen-Orient, conjuguée à des facteurs de stress climatiques et économiques, pousse des millions de personnes au bord du gouffre. Il met en lumière les conséquences régionales de la crise à Gaza, qui a plongé le Liban dans ce conflit, et avertit que le phénomène climatique La Niña pourrait avoir des effets sur le climat jusqu’en mars 2025, entraînant une menace pour les systèmes alimentaires fragiles dans des régions déjà vulnérables.
Le rapport attire l’attention sur la famine qui sévit dans le camp de Zamzam, dans le Darfour septentrional, et sur le risque de famine qui touche d’autres régions du Soudan, ainsi que sur le risque persistant de famine en Palestine (bande de Gaza) et les niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë en Haïti, au Mali et au Soudan du Sud. Il avertit qu’en l’absence d’action humanitaire immédiate et d’efforts concertés pour surmonter les graves problèmes d’accès aux zones concernées et résoudre les conflits en cours, il faut s’attendre à ce que la famine et la mortalité empirent.
Les auteurs du rapport Hunger Hotspots – FAO-WFP early warnings on acute food insecurity (Points névralgiques de la faim: alertes précoces de la FAO et du PAM sur l’insécurité alimentaire aiguë), publié aujourd’hui par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), appellent à lancer d’urgence une action humanitaire pour sauver des vies et des moyens de subsistance et empêcher la famine et des décès dans les points névralgiques où le risque d’aggravation de la faim aiguë est très élevé de novembre 2024 et mai 2025.
Au total, 22 pays ou territoires sont classés comme des points névralgiques de la faim, caractérisés par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë qui devraient encore s’aggraver du fait de la conjonction des conflits, de l’instabilité économique et des chocs climatiques au cours de la période considérée. En l’absence d’intervention immédiate, notamment d’un financement accru de l’aide alimentaire et des moyens de subsistance, des centaines de milliers de personnes supplémentaires risquent de mourir de faim dans les prochains mois.
«La situation qui prévaut dans les cinq points névralgiques de la faim les plus préoccupants est catastrophique. Les populations souffrent d’une pénurie extrême de nourriture et sont exposées à une famine durable sans précédent, aggravée par l’escalade des conflits, les crises climatiques et les bouleversements économiques. Si nous voulons sauver des vies et éviter la faim et la malnutrition aiguës, il faut de toute urgence instaurer un cessez-le-feu humanitaire et rétablir les approvisionnements en aliments très nutritifs et l’accès à ceux-ci, ce qui implique notamment la relance de la production alimentaire locale. Cela n’est toutefois pas suffisant: nous avons besoin d’une stabilité et d’une sécurité alimentaire à plus long terme. La paix est une condition préalable à la sécurité alimentaire. Sans paix ni stabilité, les agriculteurs ne peuvent pas cultiver, ni récolter ou préserver leurs moyens d’existence. L’accès à des aliments nutritifs n’est pas seulement un besoin élémentaire: c’est un droit fondamental de l’être humain», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO.
«À l’échelle mondiale, les conflits s’aggravent, l’instabilité économique progresse et les catastrophes climatiques deviennent notre nouvelle norme. Avec un soutien politique et financier plus efficace, les acteurs humanitaires peuvent mettre en œuvre, et continueront de le faire, des solutions avérées et adaptables pour lutter contre la faim et réduire les besoins à long terme», a déclaré Mme Cindy McCain, Directrice exécutive du PAM.
«Il est temps pour les dirigeants du monde entier d’intensifier leurs efforts et de travailler avec nous pour venir en aide aux millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Il faut qu’ils trouvent des solutions diplomatiques aux conflits, en usant de leur influence pour permettre aux humanitaires de travailler en toute sécurité, et en mobilisant les ressources et les partenariats dont on a besoin pour éliminer la faim», a ajouté Mme McCain.
Les effets du phénomène climatique La Niña, dont on prévoit qu'il aura un impact sur les climats du monde entier de novembre 2024 à mars 2025, devraient encore aggraver certaines crises alimentaires. Certaines régions pourraient bénéficier de meilleures conditions agricoles, toutefois, La Niña risque de provoquer des inondations dévastatrices dans certains pays, comme le Nigéria et le Soudan du Sud, tout en favorisant potentiellement des conditions de sécheresse en Somalie, au Kenya et en Éthiopie. Ces phénomènes météorologiques extrêmes menacent des systèmes alimentaires déjà précaires et exposent des millions de personnes au risque de famine.
Le rapport insiste sur la nécessité d’une action rapide et ciblée pour éviter une aggravation de la crise et une mortalité massive liée à la faim. La FAO et le PAM appellent vivement les dirigeants mondiaux à ériger en priorités la résolution des conflits, le soutien économique et les mesures d’adaptation climatiques afin de protéger les populations les plus vulnérables du risque de famine.
Principales constatations du rapport
Le Mali, la Palestine, le Soudan et le Soudan du Sud restent au niveau d’alerte le plus élevé, ce qui demande une intervention dans les meilleurs délais. Les conflits sont le principal facteur de la faim dans toutes ces zones. Dans tous les points névralgiques les plus préoccupants, des populations sont déjà exposées à la famine ou risquent de l'être, ou sont confrontées à des conditions catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë.
Le Liban, le Mozambique, le Myanmar, le Nigéria, la République arabe syrienne, le Tchad et le Yémen sont des points névralgiques très préoccupants car un grand nombre de personnes y sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë à un niveau critique, ce à quoi s’ajoutent des facteurs aggravants qui devraient encore intensifier le danger de mort dans les prochains mois.
Depuis la dernière édition du rapport sur les points névralgiques de la faim (juin 2024), le Kenya, le Lesotho, la Namibie et le Niger ont rejoint la liste des points névralgiques de la faim, aux côtés du Burkina Faso, de l’Éthiopie, du Malawi, de la Somalie, de la Zambie et du Zimbabwe, où l’insécurité alimentaire aiguë devrait continuer à se détériorer au cours de la période considérée.
Note à l’intention de la presse
Le rapport sur les points névralgiques de la faim recense les régions dans lesquelles l’insécurité alimentaire aiguë pourrait augmenter pendant la période considérée. Ces points névralgiques sont définis au moyen d’une analyse prospective et sont sélectionnés à l’issue d’un processus fondé sur le consensus auquel participent les équipes de terrain et les équipes techniques de la FAO et du PAM, ainsi que des analystes spécialisés dans les conflits, les risques économiques et les risques naturels.
Le rapport s’inscrit dans une série de produits d’analyse financés par les États-Unis d’Amérique et l’Union européenne et établis sous l’égide du Réseau mondial contre les crises alimentaires afin de renforcer et de coordonner la production et la diffusion d’informations et d’analyses factuelles visant à prévenir les crises alimentaires et à lutter contre ce phénomène.
Cette série comprend l’édition 2024 du rapport mondial sur les crises alimentaires (2024 Global Report on Food Crises) publiée récemment, qui analyse rétrospectivement les niveaux d’insécurité alimentaire aiguë en 2023. Elle complète le rapport sur les points névralgiques de la faim, un outil d’alerte précoce prospectif qui fournit aux décideurs des informations à des fins de planification et d’allocation des ressources.
La version numérique de ce rapport est également disponible ici.
En savoir plus sur ce thème
Global Network Against Food Crises
2024 Global Report on Food Crises
Contacts
Irina Utkina FAO Actualités et Médias (Rome) +39657052542 irina.utkina@fao.org
James Belgrave Agent de liaison - PAM (+211) 922001708 James.Belgrave@wfp.org