GENÈVE – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk a exprimé aujourd’hui sa vive inquiétude face à l’aggravation de la situation des droits humains à El-Fasher et ses environs, dans le Darfour septentrional, au Soudan. Les victimes civiles, les attaques contre le personnel humanitaire et les cas de violence sexuelle se multiplient, alors que les Forces d’appui rapide intensifient leur offensive sur la ville et les camps de personnes déplacées situés à proximité.
Au moins 129 civils ont été tués entre le 20 et le 24 avril dans la ville d’El-Fasher, le district d’Um Kedada et le camp de personnes déplacées d’Abou Shouk.
Au total, le HCDH a confirmé qu’au moins 481 civils ont été tués dans le Darfour septentrional depuis le 10 avril, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé. Parmi eux, au moins 210 civils, dont 9 professionnels de la santé, ont été tués dans le camp de personnes déplacées de Zamzam entre le 11 et le 13 avril.
En outre, des dizaines de personnes seraient mortes par manque de nourriture, d’eau et de soins médicaux dans des centres de détention des Forces d’appui rapide ou alors qu’elles marchaient pendant des jours dans des conditions difficiles pour tenter de fuir les violences.
Les récentes attaques dans le Darfour septentrional ont également provoqué le déplacement de centaines de milliers de civils, dont beaucoup avaient déjà été déplacés pendant le conflit. La plupart d’entre eux se trouvent actuellement à Tawila, Dar es Salam et dans d’autres localités, où ils sont confrontés à des conditions désastreuses dans un contexte de restrictions constantes de l’accès à l’aide humanitaire vitale.
Fait alarmant, des attaques à motivation ethnique visant des communautés spécifiques se produisent à nouveau au Darfour, à l’image des violations et atteintes observées ailleurs dans la région lorsque les Forces d’appui rapide et les milices alliées ont pris le contrôle de zones tenues par les Forces armées soudanaises, comme El-Geneina et d’autres localités du Darfour occidental en 2023.
« Le nombre croissant de victimes civiles et les nombreuses informations faisant état de violences sexuelles sont horribles », a déclaré le Haut-Commissaire, exprimant sa profonde inquiétude face à la poursuite des attaques contre le personnel humanitaire et médical, qui sont contraires au droit international et exacerbent l’accès déjà limité aux soins de santé.
« Nous avons entendu des témoignages concernant des personnes enlevées dans le camp de déplacés de Zamzam et des femmes, des filles et des garçons victimes de viol, parfois en réunion, sur place ou alors qu’ils tentaient d’échapper aux attaques », a déclaré M. Türk, soulignant que le sort de tant d’autres personnes piégées à l’intérieur du camp reste inconnu.
« Dans de nombreuses régions, les systèmes d’aide aux victimes sont sur le point de s’effondrer, le personnel médical est lui-même menacé et même les sources d’eau ont été délibérément attaquées. La souffrance du peuple soudanais est difficile à imaginer, encore plus dure à comprendre et tout simplement impossible à accepter », a-t-il insisté.
Il y a un peu plus de deux ans, les affrontements entre les Forces d’appui rapide et les Forces armées soudanaises ont débouché sur un conflit qui a eu des conséquences dramatiques sur les droits humains, la protection et l’aide humanitaire pour la population civile. La situation, en particulier dans le Darfour septentrional, continue de se détériorer alors que la guerre est entrée dans sa troisième année.
« Les civils doivent être autorisés à quitter El-Fasher et les zones environnantes en toute sécurité et doivent être protégés où qu’ils aillent. J’appelle les deux parties, notamment leurs dirigeants, à mettre fin de toute urgence à toutes les violations des droits humains, à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et à mettre un terme à cette guerre insensée », a ajouté M. Türk.