Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Sudan

Soudan : Volker Türk dénonce le coût catastrophique de l’inaction alors que le conflit entre dans sa troisième année

GENÈVE – Les parties belligérantes au Soudan mènent une attaque généralisée contre les droits humains dans l’indifférence de la communauté internationale, ce qui a des conséquences catastrophiques pour les civils, a déclaré aujourd’hui Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, alors que le conflit entre dans sa troisième année.

« Alors que les hostilités ont gagné en ampleur et en intensité au cours de l’année écoulée, la vie et l’espoir d’un grand nombre de Soudanais ont été brisés et pris dans un tourbillon de mort, de misère et de souffrance », a déclaré M. Türk. « Ces deux années de conflit brutal et insensé doivent être un rappel à l’ordre pour que les parties déposent les armes et pour que la communauté internationale agisse. Le Soudan ne doit pas continuer sur cette voie destructrice. »

Selon le Haut-Commissaire, le conflit actuel n’est pas seulement une lutte pour le pouvoir, mais il est aussi fortement influencé par les intérêts économiques et commerciaux d’acteurs nationaux et internationaux dans des secteurs clés tels que l’or et les produits agricoles. Les revenus générés par le commerce international de l’or, de la gomme arabique et du bétail au Soudan sont devenus le pilier financier de l’économie de guerre.

La prolifération des armes et la poursuite des livraisons d’armes, y compris dans la région du Darfour occidental, où un embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité des Nations Unies est en vigueur, aggravent également les combats, favorisent les violations du droit international et compromettent les efforts de paix. « Tous ceux qui participent au transfert d’armes et de matériel militaire vers le Darfour doivent y mettre un terme, conformément à leurs obligations de respecter l’embargo sur les armes », a déclaré M. Türk, qui a également appelé à l’extension de l’embargo sur les armes à l’ensemble du Soudan.

Le conflit entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide a été marqué dès le début par un mépris total des lois de la guerre et du droit international des droits de l’homme, les parties au conflit attaquant régulièrement des zones peuplées et des infrastructures civiles essentielles, dont des établissements de santé, des stations d’eau et des centrales électriques, commettant de graves violations des droits humains et atteintes à ces droits, et entravant l’aide humanitaire, a ajouté le Haut-Commissaire.

Les représailles et les exécutions sommaires de personnes soupçonnées de collaborer avec les forces opposées, qui sont souvent motivées par des considérations ethniques, se poursuivent sans relâche, attisées par les discours haineux et les appels à la violence, en particulier sur les médias sociaux. À la fin du mois dernier par exemple, des dizaines de personnes soupçonnées de collaborer avec les Forces d’appui rapide ont été brutalement tuées à Khartoum à la suite de la reprise de la ville par les Forces armées soudanaises. Le HCDH a recensé plusieurs attaques ciblées menées par les Forces d’appui rapide contre des villages dans le Darfour septentrional et le Darfour occidental, en raison de l’appartenance ethnique de leurs habitants.

Les violences sexuelles restent très courantes au Soudan. Depuis le début du conflit, des femmes et des filles ont été victimes de viols, de viols collectifs, d’exploitation sexuelle et d’enlèvements à des fins sexuelles à grande échelle.

La torture et d’autres formes de mauvais traitements, ainsi que la détention arbitraire et les disparitions forcées, restent largement répandues dans les zones touchées par le conflit à travers le pays. Les menaces, le harcèlement et l’intimidation contre des membres de la société civile, parmi lesquels des défenseurs des droits humains, des journalistes et des bénévoles humanitaires locaux, sont également en augmentation et limitent encore davantage l’espace civique et la libre circulation de l’information.

Le conflit a également provoqué une crise humanitaire et une crise des déplacements sans précédent dans le pays, qui détruisent la vie et les moyens de subsistance des populations. Au moins 12,6 millions de personnes ont été déplacées, environ 24,6 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et quelque 17 millions d’enfants ne sont pas scolarisés.

« En affaiblissant considérablement les droits fondamentaux à l’alimentation, à l’eau, à la santé, au logement et à l’éducation de la population, le conflit brutal qui sévit au Soudan ne se contente pas de ravager actuellement le pays, il détruit aussi son avenir », a averti M. Türk. « Plus la situation perdure, plus il sera difficile de se relever. »

Le deuxième anniversaire du conflit est également marqué par un contexte d’inquiétude croissante pour les civils à El Fasher et dans ses environs, dans l’État du Darfour septentrional, où les Forces d’appui rapide ont renforcé leur siège déjà bien établi, craignant une attaque imminente. L’escalade des hostilités et leur extension à de nouvelles régions, notamment celles du Kordofan, du Nil Bleu et du Nord, sont également de plus en plus inquiétantes.

« Nous devons garder à l’esprit le peuple soudanais, ainsi que ses espoirs et ses aspirations à la paix, à la justice et à l’égalité », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Il est absolument essentiel de garantir le respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et de veiller à ce que les auteurs des violations généralisées commises au cours des deux dernières années répondent de leurs actes. » Les combats doivent impérativement cesser. Nous devons voir le début d’un processus inclusif qui favorise la cohésion sociale et s’attaque aux causes profondes du conflit, dont l’impunité profondément ancrée. »