A la veille de la conférence ministérielle qui doit se tenir à Paris le 25 juin prochain, Action contre la Faim fait un point sur la situation humanitaire au Darfour.
A l'approche de la saison des pluies au Darfour, la situation humanitaire est « stabilisée » par les efforts conjoints des acteurs humanitaires, bien que leur travail soit rendu de plus en plus difficile, notamment par l'insécurité généralisée. Mais malgré cette stabilité des indicateurs, les populations du Darfour (déplacées ou non) n'en restent pas moins extrêmement vulnérables et à la merci du moindre « choc » supplémentaire.
Des camps de déplacés arrivés à saturation
De nombreux camps de déplacés ont atteint leur capacité maximale d'accueil alors que des populations continuent à être déplacées par milliers chaque semaine, notamment au Sud Darfour. Du fait des combats qui perdurent dans certaines zones rurales, on estime qu'environ 140'000 personnes ont quitté leur villages d'origine depuis janvier 2007. Ces populations se sont rendues dans les grands camps déjà existants autour des grandes villes, ou bien ont formé de nouveaux camps dans les zones rurales environnantes.
Une situation nutritionnelle qui reste préoccupante
La situation nutritionnelle dans les camps reste alarmante comme par exemple dans le camp d'As Salam - Sud Darfour - où une enquête nutritionnelle d'Action contre la Faim a révélé en mai 2007 un taux de malnutrition dépassant largement le seuil d'urgence , à savoir 23,3% de malnutrition globale.
Principaux responsables de cette situation dans les camps : les problèmes d'accès à l'eau potable, à l'hygiène et le manque d'activités susceptibles de générer des revenus pour des familles qui sont déplacées souvent depuis plusieurs années. C'est donc l'extrême précarité qui prédomine toujours.
Vulnérabilité accrue en zone rurale à l'arrivée de la saison des pluies
Alors que commence la saison des pluies et avec elle la période de soudure au cours de laquelle les populations les plus vulnérables des zones rurales auront épuisé la totalité de leurs stocks alimentaires, les problèmes d'insécurité continuent à fortement gêner l'accès des acteurs humanitaires dans ces zones. Depuis le début de l'année, plus de 60 véhicules d'organisations humanitaires ont été « braqués » et volés. Les risques de violences associés à ces incidents sont de plus en plus importants entre autres à cause d'un sentiment d'impunité croissant des groupes armés qui contrôlent les zones rurales.
Des solutions alternatives pour un accès aux zones rurales
Face à ces contraintes d'accès, Action contre la Faim et d'autres acteurs humanitaires tentent de trouver des solutions innovantes notamment grâce à un usage croissant d'hélicoptères pour se rendre dans les zones rurales -inaccessibles par voie terrestre-. Sans un accès fréquent à ces zones, la supervision des opérations humanitaires est rendue plus difficile. Mais les moyens héliportés sont une des solutions pour contourner l'insécurité et maintenir une aide vitale -même de moindre qualité- pour des populations qui en dépendent fortement.
Dans ce contexte toujours tendu, Action contre la Faim recommande :
- L'urgence d'une solution politique négociée, qui d'une part inclue toutes les parties au conflit et qui d'autre part distingue et reconnaît la spécificité du rôle des organisations humanitaires afin d'éviter toute confusion aux yeux des populations et des forces armées en présence.
- Le renforcement des moyens aériens des Nations Unies qui existent déjà au Darfour - notamment la flotte d'hélicoptères qui permet aux acteurs humanitaires d'accéder aux zones rurales inaccessibles par la route.
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