Emmanuelle Dethomas
La journée mondiale pour le Darfour du samedi 15 septembre mettra cette région au cœur de l'actualité, mais les réfugiés et déplacés du Darfour de chaque côté de la frontière attendent surtout de la communauté internationale qu'elle se préoccupe du retour de la paix dans leur région par l'envoi de troupes dans les meilleurs délais.
La situation aussi bien au Tchad qu'au Darfour se détériore de jour en jour. Chacun voulant occuper le terrain avant l'arrivée des troupes au détriment des populations locales obligées de se déplacer, des réfugiés et des humanitaires qui tentent de les soutenir.
Depuis le vote de la résolution 1769 au Conseil de sécurité prévoyant le déploiement d'une force hybride (ONU/Union africaine) au Darfour et la décision de l'envoi d'une force européenne à l'est du Tchad, un retour à la paix est enfin envisagé. « Il faut que la communauté internationale agisse pour que le Darfour retrouve la paix. Beaucoup de gens sont prêts à repartir. Avec l'arrivée des Casques bleus, la paix va revenir, » espère le représentant des réfugiés du Darfour du camp de Farchana au Tchad. « Nous voulons la force de l'Onu pour nous protéger », dit en écho un déplacé du camp de Zalingei à l'ouest du Darfour côté soudanais.
Nouveaux déplacements au Tchad
Fruit d'un longue négociation sous l'égide de l'Union européenne, l'accord signé le 20 août entre le gouvernement et la principale coalition de l'opposition (une vingtaine de partis) prévoit un report des législatives initialement prévues en fin d'année, à 2009. Le temps de mettre en œuvre toutes les mesures prises par cet accord.
À l'est du Tchad cependant, les conflits interethniques se poursuivent et provoquent de nouveaux déplacements de la population locale fuyant les violences. Le Sécadev, la Caritas du Tchad, doit de nouveau faire face à l'urgence : recensement des familles, distribution de produits de première nécessité et de rations alimentaires à plus de 500 personnes.
Explosion des factions au Darfour
Les accords d'Abuja de mai 2006, signés entre le gouvernement de Khartoum et le SLA, le mouvement de libération du Soudan, parti de Mini Minawi, mais refusés par les autres mouvements rebelles, ont provoqué leur explosion en une kyrielle de groupuscules. De plus, depuis janvier 2007, des factions arabes jusqu'alors inconnues, pour certaines issues de milices Janjawids, se sont multipliées par dépit de ne plus être payées, par crainte de se voir désarmées par le gouvernement, et par volonté comme les rebelles d'occuper le terrain avant le déploiement de la force hybride ONU-UA.
La lecture relativement simple jusqu'alors du conflit, lutte d'arabes contre Africains, s'en trouve d'autant plus compliquée. « Désormais, c'est tribu africaine contre tribu africaine, arabe contre arabe, éleveur de chameaux contre éleveur de chameaux », souligne le responsable du programme DERO (programme ACT-Caritas soutenu par le Secours Catholique) à Zalingei. L'insécurité est telle que, comme au Tchad, le nombre de déplacés a encore augmenté. 250 000 depuis janvier 2007. Fait nouveau, certains de ces déplacés viennent de tribus arabes.
La situation confuse et chaotique de chaque côté de la frontière, créée par un banditisme généralisé, rendu possible par un afflux d'armes à bon marché, limite l'accès des humanitaires aux populations. On comprend dans ces conditions que l'arrivée des forces armées soit très attendue.