Par Pierre Emangongo et B. Ipan Mokuba (stagiaire)
La ville de Khartoum abrite depuis mercredi dernier la quatrième conférence du Comité du renseignement et des services de sécurité de l'Afrique (Cissa). Le responsable des renseignements du Soudan a, à l'ouverture de ces assises, déclaré que le dialogue et les négociations constituent la base adéquate pour mettre fin aux conflits, allusion faite à la crise du Darfour. Des observateurs estiment, cependant, que les autorités soudanaises veulent, par ce langage séduisant, éviter les sanctions américaines.
Le responsable des services soudanais de renseignements a réitéré mercredi que le gouvernement soudanais s'engageait à trouver une solution pacifique à la crise du Darfour, dans l'ouest du pays. « Le dialogue et les négociations constituent la base adéquate pour mettre fin aux conflits », a indiqué Salah Abdallah Mohammed, directeur général du service national de sécurité et de renseignements, lors de l'ouverture de la quatrième conférence du comité du renseignement et des services de sécurité de l'Afrique (Cissa).
La solution pacifique est « l'unique voie » pour l'élaboration des bases concrètes afin d'instaurer la sécurité et la stabilité au Darfour, a souligné Salah Abdallah Mohammed cité par Chine nouvelle.
Il a ajouté que les accords de paix signés par le gouvernement représentaient des étapes extrêmement importantes pour la paix et la stabilité durables dans le pays. « Le gouvernement soudanais va coopérer avec toutes le parties concernées pour résoudre la crise du Darfour », a-t-il affirmé.
Le vice-président soudanais Ali Osman Mohammed Taha a assuré, pour sa part, que son pays était prêt à surmonter les obstacles afin d' instaurer la paix dans cette province de l'ouest Soudan.
EVITER DES SANCTIONS AMERICAINES
De plus, il a exhorté les bailleurs de fonds internationaux à tenir parole pour assister le Soudan à poursuivre le processus de reconstruction du Darfour, ajoutant que le gouvernement soudanais continuerait à déployer ses propres efforts même s'il ne disposait d'aucune aide extérieure.
Ce langage, pour le moins pacifiste du gouvernement soudanais, est loin de convaincre les observateurs avertis qui estiment qu'il s'agit là d'un discours de charme destiné à éviter les sanctions américaines contre le Soudan à cause de son implication dans les nombreuses violations des droits humains au Darfour.
La réunion de la Cissa à Khartoum se tient au moment où les Nations unies et l'Union africaine sont parvenues mercredi, selon Reuters, à une ébauche d'accord sur le déploiement au Darfour d'une force de maintien de la paix de 23.000 hommes en glissant sur leurs divergences sur le contrôle de l'opération. L' accord, figurant dans un rapport présenté au Conseil de sécurité de l'Onu, doit encore être approuvé par la Commission de paix et de sécurité de l'UA ainsi que par l'exécutif onusien alors que le 25 mai le Conseil de sécurité avait déclaré que seul manquait encore le feu vert de Khartoum.
La conférence du Cissa, s'il faut le rappeler, a regroupé les responsables des services des renseignements originaires de plus de 50 pays africains, ainsi que des représentants venus de l'Europe, des Etats-Unis et d'organisations internationales et régionales.
Fondé en août 2004 le Cissa a son siège social à Abuja au Nigeria. Cette institution a pour vocation de combler les lacunes du système de sécurité continentale sur le plan des services des renseignements.