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Sudan

Conseil de sécurité: au Soudan, la guerre civile ne montre « aucun signe d’apaisement », selon la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique

9947e séance – matin
CS/16104
27 juin 2025

Ce matin, le Conseil de sécurité n’a pu que constater l’impasse dans laquelle se trouve le Soudan, où les combats entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces d’action rapides (FAR) ne montrent « aucun signe d’apaisement », selon la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix - Département des opérations de paix.

Les parties belligérantes semblent plus que jamais déterminées à poursuivre les combats, a confirmé Mme Martha Ama Akyaa Pobee, en mentionnant un récent élargissement du conflit à des zones autrefois épargnées, notamment à travers l’emploi de drones à longue portée. La haute fonctionnaire a partagé son horreur face aux graves violations du droit humanitaire commises dans le pays, dont des violences sexuelles, des homicides et des exécutions sommaires.

Venue informer le Conseil des récentes initiatives de l’ONU en vue de promouvoir la paix au Soudan, Mme Pobee a évoqué le travail de M. Ramtane Lamamra, l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour ce pays, qui a coopéré avec les autorités soudanaises à Port-Soudan pour organiser la protection des populations civiles. Ce dernier est disposé à entreprendre des pourparlers avec les FAR sur un même format, a-t-elle assuré.

La Sous-Secrétaire générale a salué la réunion de haut niveau qui s’est déroulée le 16 mai à Bagdad, entre l’ONU, l’Union africaine et la Ligue des États arabes, y voyant le début d’une collaboration plus étroite entre des acteurs essentiels au Soudan. Elle s’est félicitée de la tenue, hier à Bruxelles, de la cinquième réunion consultative sur le renforcement des efforts de paix au Soudan, un mécanisme qui rassemble des organisations multilatérales et des États Membres pour organiser une médiation au Soudan.

Enfin, Mme Pobee a tenu à partager sa préoccupation quant à la situation « terrible » à El Fasher, assiégée par les FAR. Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général pour une pause humanitaire, afin de permettre aux civils qui le souhaitent d’évacuer la ville en toute sécurité. Une proposition qui a reçu aujourd’hui l’aval du Président des FAS et du Conseil souverain de transition, Abdel Fattah al-Burhan, a rappelé le représentant soudanais, en demandant aux FAR de faire de même.

Plusieurs intervenants ont renvoyé dos à dos les deux parties belligérantes, les accusant de graves infractions au droit humanitaire. Ainsi, les États-Unis ont estimé que les deux instrumentalisent l’aide humanitaire pour atteindre des objectifs militaires et de renseignement. Quant à Mme Shayna Lewis, Conseillère principale auprès de l’ONG Preventing and Ending Mass Atrocities, elle a accusé tant les FAS que les FAR d’un « double jeu » qui nuit aux populations civiles, tout en cherchant à obtenir une légitimité politique internationale.

Pour la Fédération de Russie, le Conseil souverain de transition du Soudan représente l’autorité légitime du pays. Aussi a-t-elle lancé un appel pour que les organisations humanitaires agissent en coordination exclusive avec les autorités centrales du pays et respectent les principes de neutralité et d’impartialité de l’aide. « En dépit du tableau morose présenté au Conseil de sécurité » aujourd’hui, la délégation s’est réjouie que les FAS aient repris le contrôle de Khartoum et sécurisé des zones dans l’est et le sud du pays.

Estimant que les solutions au conflit existent déjà, la Russie a mentionné la feuille de route de Port-Soudan, adoptée en février 2025 pour lancer la formation d’un gouvernement civil de transition, une réforme constitutionnelle et la tenue d’élections. C’est dans le cadre de cette même feuille de route que le Conseil souverain de transition a nommé Kamel Idris, Président du Conseil des ministres, le 19 mai dernier. De récents développements politiques qui doivent mener, s’est félicité le Soudan, à la formation d’un gouvernement technocratique de 22 ministres, avec pour objectif la lutte contre la corruption, une meilleure distribution des richesses, le renforcement de l’état de droit et la tenue d’un dialogue de réconciliation nationale.

Le délégué soudanais a longuement détaillé les initiatives de son gouvernement pour soulager les souffrances des populations civiles, notamment ses mesures pour, entre autres, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et le retour des réfugiés, fournir une aide psychosociale aux victimes de violences sexuelles et lutter contre la malnutrition. Accusant les FAR d’être à l’origine des problèmes persistants qui affligent son pays, le représentant a évoqué l’existence d’un comité national chargé d’enquêter sur les crimes graves. Plus de 12 000 affaires, pour des crimes de génocide, crimes de guerre ou actes terroristes, lui auraient été soumises, dont seules 257 concerneraient les FAS, a-t-il précisé. À ce titre, il a lancé un appel pour que les FAR soient désignés comme organisation terroriste, fustigeant « certains » pays et organisations dont le silence facilite leur accès à des mercenaires et des armes.

Les Émirats arabes unis ont réagi à ces propos, qualifiant ces allégations d’infondées, et réitérant leur solidarité avec le peuple soudanais et leur soutien à l’important travail de la société civile en faveur d’une paix durable. D’autres délégations ont souligné l’importance d’éviter toute ingérence dans les processus de paix, dont la Chine et l’Égypte, qui ont rejeté « catégoriquement » toute tentative de former un gouvernement parallèle à « l’autorité légitime ».

La délégation égyptienne a aussi souligné l’importance de financer les divers plans de réponse à la crise chez son voisin. Rappelant qu’elle accueille plus d’un million et demi de réfugiés soudanais, elle a exhorté les pays donateurs à honorer leurs promesses de contribution et insisté sur la nécessité de soutenir les nations limitrophes, qui assument un lourd fardeau sur leur sol. Mme Shayna Lewis s’est indignée que le Plan d’intervention humanitaire pour le Soudan à l’horizon 2025 ne soit financé qu’à hauteur de 14%. Le Royaume-Uni a évoqué la Conférence de Londres sur le Soudan, qui a permis de lever plus d’un milliard de dollars pour l’aide humanitaire. En l’absence d’accès et de sécurité, celle-ci ne peut atteindre les nécessiteux, a cependant prévenu la délégation britannique. Un message appuyé par la France, qui a plaidé pour un accès humanitaire sûr, rapide et sans entraves, notamment à travers la mise en place de pauses humanitaires.

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