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Sri Lanka

Au Sri Lanka, des victimes de la guerre civile demandent justice

Le 16ème anniversaire de la fin du conflit fournit au nouveau gouvernement l’occasion de s'engager en faveur de la reddition de comptes

Meenakshi Ganguly Directrice adjointe, division Asie
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Le week-end dernier au Sri Lanka, des Tamouls se sont rassemblés pour commémorer les victimes – décédées ou disparues – de la guerre civile qui a ravagé le pays de 1983 à 2009. Comme ils le font depuis 16 ans, ils ont également réclamé justice. Malgré les preuves accablantes recueillies par les Nations Unies et les organisations de défense des droits humains concernant les crimes de guerre et les violations commises par les forces de sécurité de l'État, les gouvernements successifs n'ont lancé aucun processus crédible de reddition de comptes. Pendant ce temps, des activistes tamouls et des communautés de survivants continuent de subir la répression et d'autres abus.

La guerre entre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), un groupe séparatiste, et le gouvernement sri-lankais a été marquée par des violations généralisées de la part des deux camps. Lors de la phase finale des opérations de l'armée sri-lankaise contre les LTTE, aboutissant à sa victoire le 18 mai 2009, des soldats ont soumis des centaines de combattants qui s'étaient rendus à des exécutions sommaires et à des disparitions forcées, et ont commis de nombreux viols. L'armée a bombardé sans discrimination des civils piégés dans des zones de combats et utilisés comme boucliers humains par des combattants LTTE.

Lors de l’élection présidentielle de septembre 2024, de nombreux Tamouls ont voté pour Anura Kumara Dissanayake, espérant qu'il romprait avec les administrations précédentes et s'attaquerait aux séquelles de la répression et de la discrimination. Mais suite à sa victoire électorale ont été déçus.

Le gouvernement d’Anura Kumara Dissanayake a soutenu les initiatives infructueuses des gouvernements précédents, menées notamment par le Bureau pour les personnes disparues, le Bureau des réparations et le Bureau pour l'unité nationale et la réconciliation ; ces efforts n'ont guère progressé. Ces institutions ont été rejetées par de nombreuses familles de victimes, qui les considèrent comme représentatives d'une série de promesses non tenues.

Parallèlement, le gouvernement a maintenu la loi abusive sur la prévention du terrorisme, longtemps utilisée pour cibler les Tamouls. Le gouvernement s'était engagé à abroger cette loi draconienne, notamment auprès de l'Union européenne, comme condition au maintien de l'accès au marché européen avec des droits de douane réduits, dans le cadre du Système de préférences généralisées (SPG+).

Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a chargé le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme de surveiller les efforts de reddition de comptes au Sri Lanka, y compris par le bais du « Sri Lanka Accountability Project », afin de recueillir des preuves de crimes internationaux en vue de futures poursuites. Leurs mandats devraient être renouvelés en septembre. Compte tenu de l'absence de progrès au Sri Lanka, ce renouvellement est essentiel pour que les auteurs de crimes internationaux répondent de leurs actes. Le gouvernement Dissanayake s'est toutefois opposé à l'intervention du Conseil, la qualifiant de « clivante et intrusive ».

Au lieu de prétendre que les initiatives nationales discréditées fonctionnent, le gouvernement devrait démontrer son engagement en faveur de la reddition de comptes en soutenant la résolution visant à renouveler le Projet de l’ONU, et œuvrer pour que justice soit enfin rendue.

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