GENÈVE – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk a mis en garde aujourd’hui contre l’aggravation de la situation des droits humains au Soudan du Sud, à la suite d’une forte augmentation des hostilités, des arrestations arbitraires et des discours de haine dans le pays depuis le mois de février.
Les hostilités entre les Forces sud-soudanaises de défense du peuple et le Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition, et leurs groupes armés alliés respectifs, ont fait au moins 75 morts et 78 blessés parmi les civils. Elles ont également entrainé le déplacement de milliers de personnes.
Entre le 3 et le 20 mai, les hostilités se sont intensifiées, des informations faisant état de l’utilisation de bombardements aériens aveugles et d’offensives fluviales et terrestres par les Forces sud-soudanaises de défense du peuple contre le Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition dans certaines zones du comté de Fangak dans l’État de Jongleï, ainsi que dans le comté de Tonga dans l’État du Haut-Nil. Plusieurs zones habitées par des civils ont également été frappées, notamment un centre médical géré par Médecins sans frontières. Le 21 mai, le Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition et des groupes armés alliés ont lancé une contre-offensive pour reprendre les zones qu’elle avait perdues dans le comté de Fangak, ce qui a provoqué de nouveaux déplacements de civils.
« L’escalade des hostilités au Soudan du Sud risque réellement d’exacerber la situation déjà désastreuse des droits humains et de l’aide humanitaire, et de compromettre le processus de paix fragile dans le pays », a déclaré M. Türk. « Toutes les parties doivent d’urgence s’éloigner du précipice. »
« J’exhorte toutes les parties à respecter l’accord de paix de 2018, à assurer la protection des civils et des biens de caractère civil, et à faciliter l’accès de l’aide humanitaire, conformément à leurs obligations en vertu du droit international. »
Les derniers actes de violence armée ont éclaté à la suite d’une série d’attaques et d’affrontements en février dans le comté de Nasir, dans l’État du Haut-Nil, qui impliqueraient une milice identifiée comme l’Armée blanche. La plupart des hostilités ont eu lieu dans les États de l’Équatoria-Central, de Jongleï, d’Unité et du Haut-Nil.
Des dizaines de responsables politiques liés au Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition ont été arrêtés, dont le premier Vice-Président du Soudan du Sud, des ministres, des membres du parlement et des militaires. Entre le 5 et le 26 mars, au moins 55 hauts fonctionnaires affiliés au Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition ont été arrêtés dans tout le pays, parmi lesquels des civils.
« Je crains qu’un grand nombre de détentions soient de nature arbitraire, les personnes en question ayant été arrêtées sans mandat ni procédure régulière », a déclaré M. Türk. « Les personnes détenues arbitrairement doivent être libérées immédiatement et sans condition. »
Le Haut-Commissaire a exhorté les autorités à accorder à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud l’accès aux sites de détention du service de sécurité nationale afin d’évaluer les conditions de détention des personnes qui s’y trouvent.
Il a également exhorté les autorités à prendre des mesures rapides, efficaces et utiles pour mettre un terme à la propagation des discours de haine.