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Mise en œuvre d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud et à la région du Sahel par les organismes des Nations Unies - Rapport du Secrétaire général (E/2023/92)

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I. Introduction

1. Le présent rapport a été établi en application de la décision 2021/242 du Conseil économique et social, dans laquelle le Conseil avait prié le Secrétaire général de lui présenter pour examen, à sa session de 2023, un rapport sur la mise en œuvre d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies, au titre de la question subsidiaire intitulée « Pays d’Afrique sortant d’un conflit » de la question intitulée « Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions ». Par la suite, dans sa décision 2022/350 sur le développement durable au Sahel, le Conseil a demandé au Secrétaire général de lui rendre compte, à sa session de 2023, au titre de la question subsidiaire intitulée « Développement durable au Sahel » de la question intitulée « Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions », de la manière dont les organismes des Nations Unies apportaient un appui intégré, cohérent et coordonné à la réalisation du développement durable dans la région du Sahel, dans la limite des ressources disponibles.

II. Soudan du Sud A. Contexte national

2. Le Soudan du Sud est la nation la plus jeune du monde, ayant obtenu son indépendance du Soudan en 2011. Cependant, depuis l’indépendance, le pays est en proie à des défis multiples et complexes. Il s’agit notamment de l’instabilité politique, de la violence prolongée ayant des effets désastreux sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, des inondations des quatre dernières années et de l’escalade des crises humanitaires et économiques.

3. Des évolutions positives ont également été enregistrées. C’est ainsi que la production céréalière nette des petits exploitants, qui est essentielle à la sécurité alimentaire, a atteint environ 936 200 tonnes en 2022, soit 11,5 % de plus que celle de 2021 et 15,8 % de plus que la moyenne des cinq années précédentes. Cette augmentation est principalement due à l’amélioration de la sécurité qui a incité certains ménages déplacés à regagner leur lieu d’origine et à se livrer à des activités agricoles, ainsi qu’à encourager les agriculteurs à étendre leurs plantations à des champs plus éloignés de leurs exploitations familiales.

4. Néanmoins, la situation en matière de politique, de paix et de sécurité continue de pâtir du retard sur le calendrier de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud et de la persistance des violences intercommunautaires dans le pays.

5. L’équilibre des forces dans le pays continue d’obéir à des critères ethniques, divers groupes se disputant le pouvoir et le contrôle des terres et d’autres ressources. Les forces de sécurité et d’autres acteurs ont été accusés de violations des droits humains, notamment d’exécutions extrajudiciaires, de tortures et de viols. La création du Tribunal mixte du Soudan du Sud et la rédaction de la Constitution ainsi que l’adoption du projet de loi relatif à la lutte contre la corruption, du projet de loi relatif à la Chambre nationale de l’audit, du projet de loi sur la gestion des finances publiques et la responsabilité financière et du projet de loi sur la gestion des recettes pétrolières ont pris du retard. La gestion des ressources pétrolières manque de transparence et le budget national accuse souvent du retard pouvant aller, dans certains cas jusqu’à 12 mois.

6. La situation humanitaire demeure catastrophique et des millions de personnes ont besoin d’aide. Environ 9,4 millions de personnes dans le pays devraient avoir besoin d’une aide humanitaire, notamment de vivres, d’abris et de soins de santé en 2023. La crise humanitaire a également entraîné d’importants déplacements de population : plus de quatre millions de personnes ont été déplacées ou ont cherché refuge dans les pays voisins. La pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), un système de santé en difficulté et la guerre en Ukraine, ont aggravé ces problèmes.

7. L’urgence climatique a des incidences de plus en plus notables au Soudan du Sud. Le pays est fortement exposé et vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes, notamment aux inondations et aux sécheresses. Il doit faire face aux conséquences des graves inondations des quatre dernières années, qui ont déplacé des milliers de personnes, détruit les cultures et les infrastructures et eu des répercussions sur la sécurité alimentaire.

8. Au Soudan du Sud, les moyens de subsistance dépendent à 80 % des cultures sèches traditionnelles et des autres cultures, du pastoralisme et de l’élevage. Les chocs climatiques continuent d’accentuer la situation déjà fragile de la sécurité alimentaire. La sous-nutrition est extrême, et les populations ont largement épuisé leurs stratégies d’adaptation d’urgence. Au plus fort de la période de soudure (avril-juillet 2023), 7,76 millions de personnes (62,7 % de la population sud-soudanaise) devraient faire face à une insécurité alimentaire aiguë sévère (phase 3 ou phase supérieure du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire).

9. La situation économique demeure précaire : le pays est fortement tributaire des exportations de pétrole, l’inflation est galopante, la monnaie se déprécie et le niveau d’endettement est élevé. Les exportations de pétrole représentent la quasi-totalité des recettes d’exportation du pays et contribuent à plus de 90 % des recettes publiques. Le pays est aussi fortement tributaire des importations de biens et de produits de base essentiels, notamment les denrées alimentaires et le pétrole raffiné. La pandémie de COVID-19 a également eu une incidence sur l’économie, avec une baisse des prix du pétrole pendant une période et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Le Gouvernement s’attache à diversifier l’économie et à attirer les investissements, mais les progrès sont lents.