Après plus de 10 ans de guerre civile et
plus d'une douzaine de conférences de paix non abouties, la Somalie est
entrée dans une nouvelle phase de négociations en octobre dernier. Malgré
un cessez-le-feu conclu entre les factions représentées, on observe toujours
des violences inter-claniques et entre factions politiques, notamment dans
le sud du pays.
Aujourd'hui, face à " l'oubli "
dont est victime la Somalie, Action contre la Faim, une des rares ONG encore
présentes dans le pays, dénonce une situation humanitaire très préoccupante
et des conditions d'intervention toujours dangereuses.
Des violences inter-claniques mettant la population en situation de précarité nutritionnelle et sanitaire...
Des années de guerre civile en Somalie ont abouti à la division du pays en zones claniques, contrôlées par des chefs de guerre, d'o=F9 un climat d'insécurité permanent et une forte criminalité. Les populations subissent cet état de fait au quotidien et ne peuvent s'aventurer hors de leur zone sans risques.
Cette situation ne fait qu'accroître leur précarité nutritionnelle et sanitaire. En effet, sans liberté de mouvement, il devient impossible pour elles de mener à bien des activités professionnelles, agropastorales principalement, ou d'accéder aux soins et à l'eau potable, déjà rares en Somalie.
...et rendant difficile et dangereux le travail des ONG
Cette situation est délicate pour les ONG qui, sans interlocuteur étatique ni institutionnel, doivent morceler leurs interventions et ont donc difficilement accès aux populations. A Mogadiscio en particulier, elles ne peuvent intervenir que par l'intermédiaire de leur personnel national car le risque d'enlèvement est considérable pour les Occidentaux, dont la " valeur marchande " constitue un véritable enjeu dans l'économie des milices. Présente à Luuq (Région du Gedo, Sud-Ouest Somalie) depuis 1999, Action contre la Faim a dû évacuer en mars dernier en raison de la recrudescence des combats.
En revanche, dans la capitale Mogadiscio, l'association poursuit son action depuis 1992. Mais, deux programmes distincts doivent coexister : un dans le nord de la ville et l'autre dans le sud, conséquence de la division de la ville-même et de la difficulté pour les populations de se déplacer d'un quartier à l'autre. En effet, une ligne de démarcation, contrôlée par des milices, divise Mogadiscio et il est très risqué de la traverser.
Une précarité aggravée par les aléas climatiques
La Somalie est le pays de la Corne de l'Afrique qui connaît le plus fort taux de mortalité infantile chez les enfants de moins de 5 ans : 22,4%. Seule 28% de la population a accès à l'eau potable, et 48,5% à des installation sanitaires.
Cette précarité est en partie due à l'aridité du climat. La pénurie en eau rend difficile l'alimentation des populations elles-mêmes, la survie des troupeaux et l'irrigation des champs. Elle entraîne des déplacements de populations qui essaient d'aller trouver de l'eau et qui sont alors obligées de vivre dans des conditions matérielles et sanitaires insupportables.
En outre certaines zones peuvent être victimes d'inondations terribles comme ce fut le cas en 1997, en raison du phénomène El Nino.
Face à la précarité nutritionnelle et sanitaire de la population et à la difficulté pour les ONG à lui apporter une assistance, Action contre la Faim appelle donc la communauté internationale à s'impliquer plus fortement auprès de la Somalie, et notamment : soutenir les initiatives de reconstruction d'un Etat de droit, s'engager pour le respect du cessez-le-feu signé par les chefs de faction fin 2002, et veiller à l'application d'un embargo international sur les ventes d'armes aux factions somaliennes (voté par le Conseil de sécurité des Nations-Unies dès 1992, mais jamais appliqué depuis).
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