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Sierra Leone

Face au spectre de nouvelles exactions en Sierra Leone, Handicap International lance une campagne en faveur des victimes

Paris le 12 mai 2000
Selon l'équipe sierra-léonaise de Handicap International contactée à Freetown, la situation reste confuse et incertaine. Toutefois, le programme a repris ses activités à l'hôpital Connaught, au Limb Fitting Center, et à Bo, o=F9 l'association s'occupe depuis 1996 de l'appareillage et de la rééducation des personnes handicapées. Elle s'occupe notamment des quelques cinq cents victimes des terribles exactions perpétrées principalement par les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) de Foday Sankoh, entre janvier et juillet 1999, date de la signature des accords de paix, aujourd'hui remis en cause.

Kombah Pessima, le directeur sierra-léonais de sept volontaires expatriés et de soixante-seize nationaux, était en France lors de la brutale dégradation de la situation. Présent au siège de l'association pour discuter du développement des projets, il rejoindra son équipe dimanche via la Guinée-Conakry, o=F9 l'attendent les sept volontaires français, temporairement évacués pour des raisons de sécurité, comme l'ensemble des étrangers présents à Freetown. La poursuite du programme et le matériel ont été confiés à l'équipe nationale.

La reprise des hostilités illustre l'insuffisance de la détermination politique internationale et celle des moyens mis en oeuvre pour résoudre les principales difficultés du pays qui tente de maintenir le processus de paix :

- les ambitions personnelles de certains leaders sierra-léonais,

- les intérêts financiers liés à l'exploitation des diamants et la lutte d'influence entre des forces extérieures au pays,

- l'instabilité liée aux destructions et à la pauvreté ; pour survivre, nombre de soldats et de rebelles en déroute n'ont d'autre alternative que de poursuivre une guerre de rapine.

- les contradictions d'un processus de paix sans justice, notamment quant aux responsabilités par rapport aux exactions commises, motivant l'exode des populations civiles.

Handicap International adressera la semaine prochaine un courrier aux 385 000 donateurs et signataires de sa campagne en faveur de l'interdiction des mines antipersonnel, en leur proposant deux modes d'action :

- un soutien financier accru pour renforcer l'aide aux personnes handicapées et aux victimes des exactions passées et présentes, à Freetown, Bo et Maekeni,

- l'envoi d'une carte-pétition à Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, pour exprimer leur soutien à la création d'une commission d'enquête sur les exactions en Sierra Leone, ainsi qu'à la mise en place effective du Tribunal Pénal International. La liste des signataires de cet appel, reproduit ci-dessous, lui sera remise fin juin.

" Madame Robinson,

Les citoyens ordinaires sont révoltés par l'injustice comme vous l'êtes, lassés de l'impuissance douloureuse qui fait détourner les yeux, chaque fois que de nouvelles atrocités envahissent leur écran de télévision ou leur journal quotidien. Ce qui s'est passé en Sierra Leone n'est pas une souffrance sans responsabilité ; c'est un crime contre l'humanité qui ne doit pas rester impuni. En juin 1999, vous étiez en Sierra Leone à la rencontre des civils mutilés soignés par Handicap International. Face à l'immensité des violations des Droits de l'Homme perpétrées dans ce pays, vous avec déclaré : " les pires crimes doivent être jugés ". Je joins ma voix à celles qui demandent que soient établies les responsabilités de tels actes et que soient jugés ceux qui ont incité à un tel mépris de la vie. Je signe pour ne pas détourner les yeux, et pour que la Cour Pénale Internationale devienne une réalité, car il n'y a pas de paix possible et durable sans justice. "

Contact presse : Agence Kaléïdoskop Laure Cartillier et Maud Saheb
Tél. : 01 43 14 87 02 ou 06 60 46 58 00