Dans un cadre feutré au sein d'une institution de santé à Dakar, l'équipe du RFLD a eu le privilège d'obtenir un entretien exclusif avec le Dr Mariatou C, une personnalité éminente opérant dans le domaine de la santé au Sénégal. En qualité de responsable du département de la santé publique, elle a généreusement accepté de partager ses perspectives et son expertise sur la délicate question des violences sexuelles dans le pays. Dès les premiers instants de l'entretien, le Dr Mariatou C a évoqué l'importance critique d'apporter des solutions concrètes face au défi majeur que représentent les violences sexuelles au Sénégal. Elle a qualifié la situation de problème de santé publique majeure, exigeant une attention soutenue à la fois au niveau institutionnel et au sein des communautés.
Q1 : Quelle est l'ampleur du phénomène des violences sexuelles au Sénégal ?
Les violences sexuelles sont un problème majeur qui touche toutes les couches de la société sénégalaise. Selon les statistiques nationales, il y a eu 668 cas de violences sur mineurs, 706 agressions sexuelles et plus de 1.200 cas de violations enregistrés en 2019. Mais ces chiffres sont loin de refléter la réalité, car beaucoup de cas ne sont pas déclarés ou sont étouffés. . par les familles ou les autorités. Les violences sexuelles au sein du mariage sont une souffrance importante. Les pressions sociales et culturelles dissuadent souvent les victimes de signaler ces abus, et le manque de ressources et de soutien peut les maintenir dans des situations dangereuses. Les enfants sont vulnérables aux violences sexuelles. Les cas d'abus sexuels sur des mineurs, à la fois au sein de la famille et dans d'autres contextes, constituent une source de tension croissante. Les violences sexuelles subviennent également dans l'espace public, notamment les rues, les transports en commun et les lieux de travail. Les agressions sexuelles sont souvent minimisées ou ignorées, contribuant ainsi à un climat d'impunité.
Q2 : Quelles sont les causes de ces violences ?
Les causes sont multiples et complexes. Il y a d'abord un contexte socio-culturel qui favorise l'impunité des auteurs et la stigmatisation des victimes. Il y a aussi un manque d'éducation et de sensibilisation sur le respect des droits des femmes et des filles. Il y a enfin des facteurs économiques et environnementaux qui rendent les femmes plus vulnérables, comme la pauvreté, le chômage, la migration ou le changement climatique. Des normes culturelles qui minimisent parfois la gravité des violences sexuelles, le silence autour de la sexualité et la stigmatisation des victimes peuvent contribuer à la perpétuation de ces actes. Les inégalités entre les genres, qui persistent dans de nombreux aspects de la société, contribuent à créer un environnement propice aux violences sexuelles, renforçant souvent le pouvoir des agresseurs. L'impunité des agresseurs et le manque de sensibilisation généralisée sur les conséquences graves des violences sexuelles peuvent encourager la perpétration de ces actes.
Q3 : Quelles sont les conséquences de ces violences ?
Les conséquences des violences sexuelles sont dévastatrices, impactant la santé mentale et physique des victimes, et produisant des répercussions sur l'ensemble de la société. Les victimes de violences sexuelles subissent souvent des traumatismes physiques et mentaux graves, tels que des blessures physiques, des troubles du stress post-traumatique (TSPT) et des troubles dépressifs. Elles font également face à la stigmatisation sociale, à la honte et à l'isolement, souvent en raison des normes culturelles préjudiciables qui entourent la sexualité. Ces violences entraînent aussi des problèmes de santé sexuelle et reproductive, tels que les infections sexuellement transmissibles, les grossesses non désirées et les complications gynécologiques. Les victimes peuvent être exposées à un cycle de violence, reproduisant parfois les schémas dans leurs relations futures ou devenant à leur tour des agresseurs. Les traumatismes causés par les violences sexuelles peuvent entraîner des difficultés relationnelles, y compris des problèmes d'intimité, de confiance et de communication. Les victimes, en particulier les jeunes filles, peuvent subir des interruptions dans leur éducation ou leur carrière en raison de traumatismes subis. Les conséquences légales peuvent s'ajouter au fardeaux des victimes, car elles peuvent faire face à des obstacles dans le processus judiciaire, parfois en raison de l'impunité des agresseurs.
Au cours de l'entretien, elle a partagé des éclairages sur les initiatives mises en œuvre par le gouvernement sénégalais pour faire face à ces violences. Le spécialiste a expliqué que des efforts significatifs sont déployés pour renforcer les mécanismes juridiques existants, améliorer la sensibilisation au sein des communautés et garantir un accès étendu aux services de soutien psychologique.
Q4 : Quelles sont les actions que vous menez pour lutter contre les violences sexuelles ?
Nous avons mis en place un dispositif national de lutte contre les violences sexuelles qui repose sur trois axes : la prévention, la prise en charge et la répression. La prévention consiste à informer et à sensibiliser les populations sur les risques et les conséquences des violences sexuelles, à travers des campagnes médiatiques, des formations, des ateliers ou des clubs scolaires. La prise en charge vise à offrir aux victimes un accompagnement médical, psychologique, juridique et social, à travers des structures spécialisées comme les boutiques de droit ou les centres d'écoute. La répression consiste à renforcer le cadre juridique et institutionnel pour sanctionner les auteurs et protéger les victimes, à travers la loi criminalisant la viol et la pédophilie ou la création d'une brigade spéciale pour les mineurs.
L'entretien a également mis en lumière les collaborations entre le gouvernement sénégalais, des organisations non gouvernementales et des partenaires internationaux. Ces collaborations visent à renforcer les capacités, à partager des bonnes pratiques et à mettre en place des programmes de prévention efficaces.
Dr Mariatou C a conclu l'entretien en lançant un appel passionné à une mobilisation collective contre les violences sexuelles. Elle a souligné que seul un effort conjugué, accompagné d'une sensibilisation accrue, pourrait permettre au Sénégal d'éradiquer ce fléau insidieux. La protection de l'intégrité et de la dignité de chaque individu, at-elle soulignée, doit être au cœur des préoccupations de la société, et cela ne peut se réaliser qu'à travers une détermination et un engagement soutenus.