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PNG

Les défis des Hautes Terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Mettre l’accent sur l’autonomisation des communautés, la résilience climatique et la consolidation de la paix

By United Nations Development Programme

June 24th, 2024

Lorsque l’on pense aux crises les plus urgentes du monde, les hauts plateaux de Papouasie–Nouvelle-Guinée (PNG) nous viennent rarement à l’esprit. Pourtant, cette région isolée et unique est aux prises avec un ensemble complexe de difficultés qui nécessitent une attention immédiate.

Le récent glissement de terrain sans précédent dans la province d'Enga, qui a touché près de 8 000 personnes, a non seulement mis en évidence la vulnérabilité de la région aux catastrophes naturelles, mais a également fait ressortir des problèmes sous-jacents tels que les conflits, la pauvreté, les inégalités et la crise climatique.

Contrastes complexes et vulnérabilité accrue

Les Hautes Terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont d’une extrême beauté aux contrastes saisissants. Géographiquement isolée, la région possède un patrimoine culturel, une biodiversité et des ressources naturelles d’une grande richesse. Elle est gardienne de la troisième plus grande forêt tropicale continue au monde, après l'Amazonie et le bassin de l'Afrique centrale.

Les communautés vivent en grande partie dans des zones de haute altitude, dépassant souvent 1 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans un paysage accidenté.

Traditionnellement dépendante de l'agriculture, la région a récemment connu une augmentation de l'exploitation minière en raison de sa richesse minière, bien que les bénéfices n'aient pas été répartis uniformément. Malgré l’abondance des sources d’eau naturelles, leur distribution irrégulière et leur mauvaise qualité rendent l’accès à l’eau problématique.

La région est continuellement mise à rude épreuve par l’instabilité géologique. Les tremblements de terre et les glissements de terrain fréquents provoquent des catastrophes naturelles qui constituent malheureusement la norme. Le récent glissement de terrain dans la province d’Enga illustre clairement cette réalité. Des centaines de personnes ont perdu la vie, des maisons ont été ensevelies et des communautés entières ont été paralysées à cause de l'eau contaminée, des potagers détruits et des traumatismes subis.

Les déplacements et les transports sont particulièrement difficiles. La plupart des villages manquent de routes pour les relier entre eux, ce qui rend difficile l’accès aux services essentiels comme les hôpitaux, les cliniques et les tribunaux. Cette inaccessibilité complique également les efforts visant à acheminer des machines et une assistance vitale vers les zones touchées par la catastrophe.

Les conséquences sur le plan humain

Les Hautes Terres sont également en proie à des conflits humains, dont certains durent depuis des décennies. Fin 2017, la province de Hela à elle seule a signalé plus de 40 conflits intestins en cours, qui ont fait plus de 300 morts et entraîné le déplacement d'environ 100 000 personnes. Les écoles ont fermé, les services de santé ont été perturbés et les économies locales paralysées.

Au cœur de ces conflits se trouvent les questions de droits fonciers, exacerbées par des affiliations tribales profondément enracinées et la prolifération des armes légères. La faiblesse du gouvernement officiel, souvent non reconnu par de nombreuses communautés, crée un vide en matière de gouvernance et alimente l'instabilité. Des projets extractifs lucratifs intensifient ces tensions alors que les communautés se battent pour le contrôle de ressources précieuses. Les accusations de sorcellerie ajoutent un autre niveau de complexité, conduisant à des violences que le PNUD s'efforce de combattre.

L’absence de services publics compromet la justice et la sécurité, favorisant l’impunité et la prolifération des armes à feu artisanales et industrielles. La mauvaise qualité des infrastructures, notamment des routes, de l’eau potable et des cliniques, amplifie ces problèmes. Les milices et les bandes armées, associées à des demandes d’indemnisation pour la paix en forte augmentation, déstabilisent encore davantage la région. Parallèlement, la modernisation a affaibli les formes de chefferie traditionnelles et les processus de résolution des conflits qui en découlent, sans qu’aucun système moderne et efficace n’aient été mis en place pour combler le vide.

Les jeunes et les femmes sont durement touchés

Les femmes et les enfants sont fréquemment la cible de violences de la part des milices et de leurs rivaux.

Environ 63 pour cent des habitants des Hautes Terres ont moins de 18 ans et sont pris au piège d’un cycle d’opportunités limitées. De nombreux jeunes ne voient pas d’avenir viable, une situation aggravée par la violence sexiste généralisée. Les femmes et les jeunes filles subissent de plein fouet les conflits et les catastrophes en cours. Elles sont souvent chargées d'assurer l'approvisionnement en nourriture, en eau et en énergie dans des conditions de plus en plus dangereuses.

La PNG se classe au bas de l'indice mondial d'inégalité entre les sexes de l'indice de développement humain. Au moins 60 pour cent des femmes du pays ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime.

Crises climatiques

Une récente évaluation des risques climatiques (en anglais) menée par le PNUD dans les provinces de Hela et des Hautes Terres méridionales prévoyait que le changement climatique augmenterait probablement les précipitations, les températures moyennes et le risque de catastrophes naturelles telles que les glissements de terrain, les inondations, la sécheresse et les gelées.

Ces phénomènes pourraient affaiblir la productivité agricole de la région en diminuant la fertilité des sols et en augmentant la propagation des ravageurs et des maladies. Comme la plupart des gens dépendent de l'agriculture pour leur survie quotidienne, ces menaces qui pèsent sur les moyens de subsistance traditionnels pourraient mettre encore plus à rude épreuve la fragile stabilité de la région en augmentant la lutte pour l’accès aux ressources naturelles.

Que pouvons-nous faire ?

Relever ces défis interconnectés peut prendre des années. Le PNUD et ses partenaires entreprennent un nouveau programme axé sur trois piliers liés entre eux : l'autonomisation des communautés, la résilience climatique et la consolidation de la paix.

Développement inclusif. Au cœur de notre approche se trouve l’autonomisation des communautés locales, en fournissant des moyens de subsistance et en élargissant l’inclusion financière, en fournissant des fonds aux entreprises, en aidant à l’amélioration de l’habitat et à l’éducation. La formation professionnelle des femmes et des jeunes améliore l’employabilité, créant de nouvelles sources de revenus et une économie plus forte. Il est crucial d’offrir des opportunités aux personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les marchés communautaires et les coopératives renforcent l'entrepreneuriat local, tandis que les projets d'infrastructure menés par la communauté, tels que les systèmes d'approvisionnement en eau et les initiatives en matière d'énergies renouvelables, améliorent les conditions de vie. La prise de décision inclusive permet à chacun, y compris les groupes marginalisés, de faire entendre sa voix dans la gouvernance.

Résilience climatique et amélioration de la gestion des risques de catastrophe. Nous menons des campagnes de sensibilisation sur les stratégies d'adaptation et la préparation aux catastrophes. La mise en œuvre de pratiques agricoles durables améliore la résilience aux chocs climatiques. Les systèmes d’alerte précoce en cas de catastrophe naturelle sauvent des vies en fournissant des alertes et des formations en temps opportun. Les initiatives de reboisement et de gestion des bassins versants contribuent à atténuer les impacts climatiques, tandis que les plans communautaires de réduction des risques de catastrophe préparent les habitants à agir efficacement en cas d'urgence.

Réduction de la violence. La cohésion sociale est essentielle à la prospérité des communautés. Nous animons des ateliers de résolution de conflits et formons les dirigeants à la médiation et à la négociation. Les comités communautaires de paix s'attaquent aux conflits locaux et les événements culturels et sportifs favorisent la réconciliation entre les groupes. Le soutien psychosocial aide les personnes touchées par des violences ou des traumatismes. La lutte contre les armes légères et la toxicomanie est également essentielle. Les campagnes de plaidoyer promeuvent l’égalité des sexes, l’autonomisation des jeunes et la sensibilisation aux droits de l’homme, en visant une société juste et équitable et aident à élaborer de nouveaux récits pour la paix.

Ceux-ci seront soutenus par des interventions visant à renforcer la coordination stratégique intra- et interprovinciale ainsi que la collecte et l’analyse des données.

Il est temps d’agir

Nombreux estimeront que la situation dans les Hautes Terres de PNG est très éloignée, pourtant son importance ne peut être surestimée. La région constitue une étude de cas poignante montrant à quel point le développement humain, les conflits et les questions climatiques peuvent être étroitement liés. La façon dont la communauté internationale, dirigée par des organismes telles que le PNUD, gère ce scénario aux enjeux élevés pourrait fournir des informations cruciales et de l’espoir pour d’autres régions vulnérables du monde.

Faire face à cette crise nécessite une approche coordonnée et dotée de ressources suffisantes qui donne la priorité aux voix et aux besoins de la population locale. Grâce à des interventions intégrées et sensibles aux conflits, il est possible de briser le cycle de la violence, de la pauvreté et des déplacements, et de tracer la voie vers un avenir plus stable et plus prospère pour les hauts plateaux de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

La région des Hautes Terres peuvent sembler lointaine et isolée, mais ces lieux constituent également un bon contexte pour découvrir ce que le multilatéralisme peut apporter à ce