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« Une tragédie annoncée qui entache notre humanité collective » : une Rapporteuse spéciale met en garde contre un nettoyage ethnique de masse en Cisjordanie

18 mars 2025

GENÈVE – Une experte des Nations Unies a averti aujourd’hui que les Palestiniens risquent fortement d’être victimes d’un nettoyage ethnique de masse, alors qu’Israël poursuit son projet de longue date visant à s’emparer des terres palestiniennes et d’évacuer leur population dans le brouillard de la guerre.

Si le nettoyage ethnique n’est pas une infraction pénale autonome, il implique des actions qui constituent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, voire un génocide, a indiqué Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.

En octobre 2023, la Rapporteuse spéciale avait prévenu qu’Israël utiliserait la « guerre contre le Hamas » pour se saisir de terres palestiniennes et déplacer davantage la population palestinienne. « Ce qu’Israël fait aujourd’hui en Palestine occupée rappelle fortement la Nakba de 1947-1949 et celle de 1967 », a déclaré Francesca Albanese.

« Pendant ce temps, le monde fait semblant de ne pas voir que l’histoire se répète », a-t-elle affirmé.

En 16 mois, les forces israéliennes ont tué 48 570 Palestiniens à Gaza et ont déplacé 1,9 million de personnes. Les bombardements incessants d’Israël ont dévasté la bande de Gaza, rendant tout retour impossible. Même les gouvernements occidentaux proposent désormais de reloger de force les survivants. « Cette idée est illégale et ne fait qu’aggraver les choses », a-t-elle ajouté.

Outre Gaza, les forces israéliennes et les milices de colons ont multiplié les violences en Cisjordanie. Depuis janvier 2025, plus de 40 000 réfugiés de Jénine, Toulkarm et Nur Shams ont été déplacés de force et près de 70 d’entre eux ont été tués.

Selon Francesca Albanese, la Cisjordanie subit le pire assaut militaire depuis la deuxième Intifada, marqué par des frappes aériennes, des bulldozers blindés et des démolitions contrôlées pour mener des raids, démolir des habitations et détruire des villages et des infrastructures essentielles, y compris des terres agricoles.

« Nous assistons à de nouvelles "pistes des larmes" en Cisjordanie, qui font écho à la situation à Gaza. En 2025, une telle injustice est non seulement inacceptable, mais elle entache également notre conscience collective », a déclaré la Rapporteuse spéciale.

Au 23 février, le Ministre israélien de la défense avait autorisé des renforts militaires en Cisjordanie empêchant 40 000 Palestiniens déplacés de retourner dans les régions du nord. Les attaques menées par les colons et soutenues par l’armée israélienne entre janvier 2023 et janvier 2025 ont provoqué le déplacement de plus de 2 275 Palestiniens, dont 1 117 enfants.

L’histoire montre que la stratégie d’Israël pour un « Grand Israël » sans présence palestinienne repose sur le déplacement forcé et la répression des Palestiniens, a rappelé la Rapporteuse spéciale. Elle a également fait remarquer que les actions consistant à détruire la population palestinienne, ainsi que leurs habitations et infrastructures, et à refuser leur retour, vont dans le sens de cet objectif.

« La conduite d’Israël, qui vise à nettoyer ethniquement le territoire entre la rivière et la mer, équivaut à une campagne génocidaire destinée à effacer les Palestiniens en tant que peuple. »

« La communauté internationale doit respecter son obligation de protéger les Palestiniens de l’anéantissement. « La seule solution est de faire appliquer l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice, qui a reconnu l’illégalité de la présence d’Israël dans le territoire palestinien occupé et a ordonné qu’il y soit mis fin sans condition, et qui a imposé à Israël des mesures conservatoires contraignantes pour empêcher un génocide à Gaza », a déclaré la Rapporteuse spéciale.

« Le Premier Ministre et l’ancien Ministre de la défense d’Israël sont recherchés par la Cour pénale internationale et les États doivent soutenir les mandats d’arrêt de la CPI », a stipulé Francesca Albanese, qui a également appelé à des sanctions ciblées, à l’arrêt de tous les transferts d’armes, à l’interdiction des échanges commerciaux avec Israël susceptibles de nuire aux Palestiniens et à la poursuite des responsables des crimes commis dans les territoires occupés.

« La Palestine est une plaie ouverte. Ce qui arrive aux Palestiniens est une tragédie annoncée et entache l’histoire d’Israël pour laquelle nous portons une responsabilité collective. Il n’est jamais trop tard pour que le monde réagisse et fasse ce qu’il faut. »