Par Matshi
Des combats, les plus violents depuis des années, ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche à Tripoli, au nord du Liban, entre forces de l'ordre libanaises et militants du groupuscule palestinien Fatah al-Islam, réputé proche d'Al-Qaïda. L'Onu et plusieurs pays ont condamné ces affrontements qui risquent d'entraîner le déplacement des réfugiés palestiniens du Liban. Mais des observateurs voient dans ces combats la main invisible de la Syrie dont le Fatah al-Islam serait son espion au pays du Cèdre.
Que se passe-t-il au Liban ? Des réfugiés palestiniens au Liban auraient-ils perdu la tête jusqu'à s'en prendre à l'armée du pays qui les héberge ? Cela paraît invraisemblable. Pourtant c'est vrai.
Dans la nuit de samedi à dimanche, et jusque dimanche dans l'après-midi, des combats, dont on dit être les plus violents depuis plusieurs années, opposent à Tripoli, la plus importante ville du nord du Liban, un groupe des réfugiés palestiniens connu sous le nom du «Fatah al-Islam» aux forces de l'ordre libanaises
Selon des médias internationaux reçus dimanche à Kinshasa, des tirs y avaient cessé en début d'après-midi, mais la situation restait très instable dans la région, notamment aux abords du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au nord de Tripoli, où les accrochages à l'arme lourde se poursuivaient dimanche après-midi.
UN LOURD BILAN
Selon les mêmes sources, des échanges de tirs entre combattants islamistes et soldats libanais avaient éclaté dans la nuit de samedi à Tripoli ainsi qu'aux abords du camp, où le Fatah al-Islam.
L'armée libanaise a annoncé que onze soldats ont été tués et 19 blessés dans les combats. Sept d'entre eux ont péri dans la localité côtière de Qalamoun, à dix kilomètres au sud de Tripoli, deuxième ville du pays, à majorité sunnite, dans une embuscade tendue par des combattants islamistes à un véhicule transportant des soldats.
Quatre autres militaires ont été tués dans les échanges de tirs à Tripoli et près de Nahr al-Bared, tandis que quatre combattants islamistes avaient été tués dans les combats de la nuit.
Dimanche, cinq personnes, trois islamistes, un officier de l'armée et un civil, ont trouvé la mort, lorsque l'armée a pris d'assaut un immeuble de Tripoli où étaient retranchés des hommes armés du Fatah al-Islam.
LA SYRIE POINTEE DU DOIGT
Si à Beyrouth le chef de la majorité parlementaire antisyrienne, Saad Hariri, a appelé au calme, soulignant son soutien à l'armée, le député du nord du pays, Moustapha Hachem, a accusé la Syrie d'attiser la tension.
Pour sa part, le Conseil de sécurité de l'Onu, qui se prépare à voter une résolution créant un tribunal spécial pour juger les assassins du dirigeant libanais Rafic Hariri, a condamné ces violences absurdes et appelé au démantèlement du Fatah al-Islam qui met en danger la vie des réfugiés palestiniens au Liban.
D'autant que depuis sa création fin 2006, le Fatah al-Islam, proche d'Al-Qaïda ne cesse de provoquer des inquiétudes des autorités libanaises ainsi que des représentants palestiniens officiels au Liban.
Proche de Damas, le Fatah al-Islam, on le sait, est issu du mouvement palestinien pro-syrien Fatah Intifada, opposé au Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, le plus influent dans les 12 camps de réfugiés palestiniens que compte le Liban. Comme il fallait s'y attendre, Damas a nié tout lien avec le groupe.
Bien au contraire, il a fermé dimanche deux de ses frontières avec le Liban à la suite des ces combats. Mais les observateurs restent convaincus de son implication indirecte et de son soutien au Fatah al-Islam.
L'armée libanaise n'étant pas autorisée d'entrer dans des camps de réfugiés palestiniens, il incombe alors à l'Onu, par le Hcr interposé, de démanteler ce groupe islamiste.