L’OMS est consternée par le raid mené hier contre l’hôpital Kamal Adwan, qui met ainsi hors service le dernier établissement majeur de santé dans le nord de Gaza. Le démantèlement systématique du système de santé et le siège imposé depuis plus de 80 jours au nord de Gaza mettent en danger la vie des 75 000 Palestiniens qui se trouvent encore dans cette zone.
Selon les premiers rapports, certaines parties de l’hôpital ont été incendiées et gravement endommagées pendant le raid, notamment le laboratoire, le service de chirurgie, le département d’ingénierie et de maintenance, le bloc opératoire et le dépôt de fournitures médicales. Plus tôt dans la journée, douze patients et une soignante auraient été évacués vers l’Hôpital indonésien, qui est détruit et hors d’état de fonctionner et où il n’est pas possible de prodiguer des soins, tandis que la majorité du personnel, les patients en état stable et leurs accompagnants ont été déplacés vers un site situé à proximité. En outre, certaines personnes auraient été déshabillées et forcées de marcher vers le sud de Gaza. Au cours des deux derniers mois, la zone autour de cet hôpital est restée en proie à une grande instabilité et les hôpitaux et le personnel de santé ont fait l’objet d’attaques presque quotidiennes. Cette semaine, des bombardements dans ce secteur auraient tué 50 personnes, dont cinq membres du personnel soignant de l’hôpital Kamal Adwan.
Kamal Adwan est désormais vide. Hier soir, les 15 patients en état critique qui restaient, ainsi que 50 aidants et 20 agents de santé, ont été transférés à l’Hôpital indonésien, qui ne dispose pas de l’équipement et des fournitures nécessaires pour prodiguer des soins adéquats. Le déplacement et le traitement de ces patients en état critique dans de telles conditions présentent de graves risques pour leur survie. L’OMS s’inquiète vivement de leur sort, ainsi que de celui du directeur de l’hôpital Kamal Adwan, qui aurait été arrêté lors du raid. L’OMS a perdu tout contact avec lui depuis le début du raid.
Une mission urgente de l’OMS à l’Hôpital indonésien est prévue demain afin d’évaluer la situation dans l’établissement, de livrer des fournitures médicales essentielles, de la nourriture et de l’eau, et de transférer les patients en état critique de manière sûre vers la ville de Gaza pour qu’ils continuent de recevoir des soins.
Ce raid sur l’hôpital Kamal Adwan fait suite à une multiplication des restrictions d’accès et à des attaques répétées. Depuis le début du mois d’octobre 2024, l’OMS a recensé au moins 50 attaques contre les services de santé au sein de l’hôpital ou à proximité de ce dernier. Malgré les besoins de plus en plus pressants en services et fournitures d’urgence et de traumatologie, seules 10 des 21 missions prévues par l’OMS à Kamal Adwan ont été partiellement facilitées entre début octobre et décembre. Ces missions ont permis la livraison de 45 000 litres de carburant, de fournitures médicales, de sang et de nourriture, ainsi que le transfert de 114 patients et de 123 accompagnants vers l’hôpital Al-Shifa. Cependant, le déploiement d’équipes médicales d’urgence internationales a été refusé à plusieurs reprises.
Les efforts déployés par l’OMS et ses partenaires pour maintenir la capacité de fonctionnement des hôpitaux ont été réduits à néant. Maintenant que Kamal Adwan et l’Hôpital indonésien sont entièrement hors service, et que l’hôpital Al-Awda est à peine opérationnel, ayant été gravement endommagé par de récentes frappes aériennes, l’accès aux soins de santé vitaux pour les habitants du nord de Gaza a atteint un point de rupture.
L’OMS appelle à une action urgente pour permettre aux hôpitaux du nord de Gaza de redevenir fonctionnels.
Les hôpitaux sont de nouveau devenus des champs de bataille, comme lorsque le système de santé de la ville de Gaza a été détruit au début de l’année.
Depuis octobre 2023, l’OMS a lancé à maintes reprises des appels urgents pour que les agents de santé et les hôpitaux soient protégés conformément au droit international humanitaire. Ces appels sont toutefois restés vains. Les établissements de santé, les agents de santé et les patients ne doivent jamais être pris pour cible. Ils doivent être activement protégés et ne jamais être attaqués, ni utilisés à des fins militaires. Les principes de précaution, de distinction et de proportionnalité prévus par le droit international humanitaire sont absolus et s’appliquent en toutes circonstances.
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