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Le système de santé à Gaza est au bord de la rupture alors que les hostilités s’intensifient, avertit l’OMS

L’intensification des opérations militaires menées par Israël continue de menacer le système de santé à Gaza, déjà affaibli, alors que s’aggravent les déplacements massifs de population et les pénuries aiguës de nourriture, d’eau, de fournitures médicales, de carburant et d’abris.

La semaine dernière, quatre grands hôpitaux de Gaza (l’hôpital Kamal Adwan, l’hôpital indonésien, l’hôpital Hamad pour la réadaptation et les prothèses, et l’hôpital européen de Gaza) ont dû suspendre leurs services médicaux en raison de leur proximité avec des zones de conflit ou d’évacuation et des attaques. L’OMS a enregistré 28 attaques commises contre les services de santé à Gaza au cours de cette période, et 697 attaques commises depuis octobre 2023.

Seuls 19 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza restent opérationnels, dont un hôpital fournissant des soins de base aux patients qui se trouvent encore à l’intérieur de l’hôpital. Ces établissements font face à de graves pénuries d’approvisionnement, à un manque de personnel de santé, à une insécurité persistante et à une augmentation du nombre de victimes, alors que le personnel travaille dans des conditions impossibles. Sur ces 19 hôpitaux, 12 offrent un large éventail de services de santé, mais les autres ne sont en mesure d’assurer que des soins d’urgence de base. Au moins 94 % de tous les hôpitaux de la bande de Gaza sont endommagés ou détruits.

L’intensification des hostilités et les nouveaux ordres d’évacuation émis dans le nord et le sud de Gaza ces deux derniers jours risquent de mettre encore plus d’établissements de santé hors service, dont un hôpital, 11 centres de soins primaires et 13 points médicaux dans les zones d’évacuation, ainsi que cinq hôpitaux, un hôpital de campagne, neuf centres de soins primaires et 23 points médicaux dans un rayon d’un kilomètre autour de ces zones.

Le nord de Gaza est privé de presque tous les soins de santé. L’hôpital Al-Awda est très peu fonctionnel ; il sert à stabiliser les traumatismes. Mais il fait face à un risque imminent de fermeture en raison des conditions de sécurité et de son accessibilité limitée. Le troisième étage de l’hôpital aurait fait l’objet d’une attaque mercredi, qui aurait blessé un membre du personnel. Les hostilités dans la région ont également endommagé le réservoir d’eau et les canalisations. Aujourd’hui, l’hôpital a de nouveau été attaqué. Les troisième et quatrième étages auraient été touchés, et deux agents de santé blessés. Des tentes de triage des patients, dont une fournie par l’OMS, ont pris feu ; toutes les fournitures médicales de l’entrepôt sont parties en fumée et des véhicules ont été détruits au sous-sol. Une mission de l’OMS a été empêchée de se rendre à l’hôpital aujourd’hui.

L’hôpital indonésien est hors service du fait de la présence militaire continue depuis le 18 mai, qui le rend inaccessible. Hier, une mission de l’OMS se rendant à l’hôpital a été contrainte de rebrousser chemin, compte tenu des conditions de sécurité, après avoir attendu près de quatre heures pour obtenir l’autorisation d’entrer. L’équipe de l’OMS avait prévu de livrer de la nourriture et de l’eau aux patients, d’évaluer leur état et d’identifier le matériel essentiel à transférer. L’OMS a de nouveau tenté de se rendre à l’hôpital aujourd’hui, mais la mission a été entravée.

L’hôpital Kamal Adwan, qui disposait du seul centre de traitement pour malnutrition aiguë sévère dans le nord de Gaza, a cessé de fonctionner le 20 mai après d’intenses hostilités dans ses environs, qui ont forcé les malades à évacuer ou à quitter l’établissement prématurément.

Dans le sud de Gaza, le complexe médical Nasser et les hôpitaux Al-Amal et Al-Aqsa sont submergés par une vague de blessés, aggravée par une nouvelle vague de déplacements vers Deir al Balah et Khan Younis. L’hôpital européen de Gaza reste hors service à la suite d’une attaque perpétrée le 13 mai, qui a interrompu des services vitaux, notamment en neurochirurgie, soins cardiaques et traitement du cancer, services qui ne sont disponibles nulle part ailleurs à Gaza.

Aujourd’hui, dans l’ensemble de la bande de Gaza, il ne reste que 2000 lits d’hôpital disponibles, pour une population de plus de 2 millions de personnes, ce qui est largement insuffisant pour répondre aux besoins actuels. Sur ces 2000 lits, au moins 40 risquent d’être perdus car ils se trouvent dans des hôpitaux situés dans les zones d’évacuation nouvellement annoncées, tandis que 850 autres pourraient être perdus si les conditions venaient à se détériorer dans les établissements situés à proximité de ces zones.

La poursuite des hostilités et la présence militaire empêchent les patients et patientes d’accéder aux soins, empêchent le personnel de prodiguer des soins, et empêchent l’OMS et ses partenaires de réapprovisionner les hôpitaux.

La fermeture forcée d’un hôpital après l’autre signifie que les malades n’ont plus accès aux soins de santé, et que les efforts de l’OMS et de ses partenaires pour soutenir le système de santé à Gaza sont anéantis. La destruction est systématique. Les hôpitaux sont remis sur pied et réapprovisionnés, pour être de nouveau exposés aux hostilités ou aux attaques. Ce cycle de destruction doit cesser.

Malgré la peur et l’insécurité ambiantes, les agents et agentes de santé, y compris ceux des équipes médicales d’urgence nationales et internationales, continuent de fournir des soins d’urgence à Gaza. L’OMS salue leur courage et leur engagement.

L’OMS appelle à la protection active des soins de santé. Les hôpitaux ne doivent jamais être militarisés ou pris pour cible.

L’OMS demande qu’une aide à grande échelle soit autorisée à entrer à Gaza par toutes les voies possibles, et qu’un accès humanitaire sans entrave soit garanti afin d’atteindre les populations où qu’elles soient. Faisant écho au Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies, l’OMS réaffirme que les Nations Unies et leurs partenaires ont un plan clair, efficace et fondé sur des principes pour fournir une aide assortie de garanties contre le détournement, un système qui a fonctionné par le passé et qui doit pouvoir continuer de fonctionner.

L’OMS appelle à un cessez-le-feu immédiat et durable.

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