GENÈVE – Des experts* de l’ONU ont appelé aujourd’hui à garantir un passage sûr au navire de la Coalition de la Flottille de la liberté (Freedom Flotilla Coalition), qui est parti d’Italie le 1er juin 2025, transportant des aides médicales essentielles, de la nourriture et des fournitures pour les enfants à destination de Gaza.
« La population de Gaza a désespérément besoin de l’aide humanitaire pour ne pas être anéantie, et cette initiative constitue un effort symbolique et puissant pour fournir cette aide. Israël ne doit pas oublier que le monde l’observe attentivement et doit s’abstenir de toute hostilité à l’égard de la Coalition de la Flottille et de ses passagers », ont déclaré les experts.
« Le peuple gazaoui a le droit de recevoir de l’aide acheminée par ses propres eaux territoriales, même sous l’occupation, et le navire de la Coalition a le droit de passer librement dans les eaux internationales pour atteindre la population de Gaza », ont-ils rappelé. « Israël ne doit pas entraver sa liberté de navigation, reconnue depuis longtemps par le droit international. »
Les experts ont exprimé leur vive inquiétude quant à la sécurité des personnes à bord de la Flottille de la liberté, compte tenu des attaques violentes et répétées d’Israël contre les défenseurs des droits humains et les missions humanitaires civiles et de l’ONU. La Coalition a envoyé un navire similaire début mai, qui a été bombardé par un drone au large de Malte.
« Israël impose un blocus à Gaza depuis 17 ans. Ce blocus est total et absolu depuis le 2 mars 2025, empêchant l’aide d’entrer dans la bande de Gaza pendant plus de 80 jours, et n’autorisant que récemment un accès au goutte-à-goutte à cette aide », ont déclaré les experts.
« Alors que la Coalition de la Flottille de la liberté s’approche des eaux territoriales palestiniennes au large de Gaza, Israël doit respecter le droit international et les ordonnances de la Cour internationale de Justice, afin de garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire », ont-ils ajouté.
En mars 2024, la Cour internationale de Justice a pris des mesures provisoires reconnaissant que la famine et le manque de nourriture sévissaient à Gaza, créant un risque de génocide. En novembre 2024, la Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu pour crime de guerre de famine. « Pourtant, le 1er mars 2025, il a annoncé que l’entrée de tous les biens et fournitures dans la bande de Gaza serait interrompue, violant de manière flagrante le droit international », ont déploré les experts.
« Plus de 600 jours après le début de la campagne de famine et des violences génocidaires d’Israël contre le peuple palestinien à Gaza, la situation a atteint le paroxysme de l’horreur. »
Les experts ont souligné que la Gaza Humanitarian Foundation, fondation soutenue par Israël et les États-Unis, utilise l’aide comme une arme de guerre pour déplacer, humilier et parquer les civils. « Ces pratiques violent les principes juridiques internationaux de dignité, d’humanité, d’impartialité, d’indépendance et de neutralité », ont-ils affirmé, notant que la malnutrition aiguë des enfants avait augmenté de plus de 80 % en mars 2025.
« L’accumulation de camions transportant de l’aide humanitaire au point de passage de Rafah alors que des civils meurent de faim n’est pas un manque de coordination, mais une instrumentalisation délibérée et volontaire de l’aide humanitaire, dont la communauté internationale semble complice », ont indiqué les experts.
« Les États membres ont l’obligation légale et l’impératif moral de mettre fin à la famine et au génocide à Gaza. »
Les experts ont demandé à l’Assemblée générale des Nations Unies d’autoriser le déploiement de Casques bleus pour accompagner les camions d’aide humanitaire en vertu de la disposition d’« unir nos forces pour maintenir la paix » de la Charte des Nations Unies.
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*Les experts : Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Farida Shaheed, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation ; Pedro Arrojo-Agudo, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement ; Paula Gaviria, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains ; George Katrougalos, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ; Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences.
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