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Caritas soutient l’UNRWA contre l’interdiction israélienne qui compromet l’aide humanitaire

Caritas est profondément préoccupée par la mise en œuvre imminente des deux projets de loi[1] adoptés par le Parlement israélien fin octobre 2024, interdisant la présence et les opérations de l’UNRWA dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

En conséquence, l’UNRWA a reçu l’ordre de quitter tous les locaux de Jérusalem-Est occupée et de cesser ses opérations d’ici le 30 janvier, date à laquelle ces lois devraient entrer en vigueur.

Les souffrances humaines à Gaza et dans la région sont déjà immenses. On estime que 64 260 Palestiniens ont été tués[2] et que des centaines de travailleurs humanitaires, y compris du personnel de l’UNRWA et de Caritas, ont perdu la vie dans des attaques qui violent de manière flagrante le droit humanitaire international et les droits de l’homme. L’acheminement de l’aide vitale dans la bande de Gaza étant considérablement limité par les restrictions israéliennes[3], la menace d’une famine provoquée par l’homme plane sur la région[4]. La suspension des opérations de l’UNRWA ne fera qu’exacerber la situation humanitaire déjà désastreuse.

Caritas soutient l’UNRWA et souligne son rôle indispensable à Gaza et dans toute la région. Les conséquences attendues de la mise en œuvre de l’interdiction de l’UNRWA sont considérables et pourraient dévaster davantage la vie de millions de Palestiniens qui dépendent de ses services essentiels.

Sans la présence, l’infrastructure et la coordination de l’UNRWA, les intervenants humanitaires auraient beaucoup de mal à fournir une aide vitale à ceux qui en ont besoin, ce qui compromettrait un accord de cessez-le-feu déjà fragile. En outre, depuis hier, des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés rentrent chez eux dans le nord de Gaza détruit, en passant par le corridor dit de Netzarim établi par Israël, qui sépare la bande. Cette situation survient après des mois de bombardements et de combats intenses qui ont laissé Gaza en ruines. L’ampleur des destructions est immense et les besoins humanitaires sont considérables. Dans cette phase critique du cessez-le-feu, l’UNRWA est plus que jamais nécessaire pour fournir une aide immédiate aux personnes touchées.

Chaque jour, l’UNRWA assure environ 17 000 consultations médicales[5], livre de la nourriture et gère les abris où près d’un million de personnes ont trouvé refuge. Sans l’UNRWA, il n’aurait pas été possible de vacciner 600 000 enfants contre la polio.

Aucune autre agence des Nations unies n’est en mesure d’effectuer ce travail essentiel dans toute la région, y compris en Cisjordanie, à Gaza, en Syrie, au Liban et en Jordanie.

L’UNRWA a mis en œuvre avec diligence les recommandations du Rapport Colonna, commandé par le secrétaire général des Nations unies, en réponse aux allégations formulées par Israël en janvier 2024. Le rapport a confirmé l’engagement de l’UNRWA à respecter le principe humanitaire de neutralité, notant dans ses conclusions que l’Agence a une « approche plus développée de la neutralité que des entités similaires des Nations Unies ou des ONG ».

Caritas appelle la communauté internationale à s’opposer fermement à l’interdiction de l’UNRWA et à utiliser tous les moyens juridiques et diplomatiques pour exhorter Israël à abroger les lois et à permettre à l’UNRWA d’opérer sans entrave et en toute sécurité, dans le plein respect des privilèges et immunités des Nations Unies[6] et conformément au droit humanitaire international. Les permis d’entrée et les visas pour le personnel international de l’UNRWA doivent être accordés et le personnel local doit pouvoir circuler librement.

En outre, Caritas exhorte la communauté internationale à soutenir l’UNRWA et à augmenter son soutien financier pour permettre à l’agence de poursuivre son travail vital.

En cette période critique, il est impératif que la communauté humanitaire fournisse une aide humanitaire immédiate et fondée sur des principes aux personnes touchées par le conflit. L’UNRWA est l’épine dorsale des opérations humanitaires à Gaza et dans la région, et sa présence continue est essentielle pour soulager les souffrances de millions de Palestiniens.

Nous appelons également la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils dans le territoire palestinien occupé, conformément au droit international humanitaire et aux droits de l’homme, et nous demandons que des experts indépendants et des mécanismes d’enquête internationaux pertinents bénéficient d’un accès illimité pour procéder à une évaluation approfondie de la situation sur le terrain et documenter toutes les violations des droits de l’homme et tous les crimes internationaux perpétrés.

Selon Alistair Dutton, Secrétaire général de Caritas Internationalis, « l’interdiction de l’UNRWA met en péril les droits et la vie des réfugiés palestiniens et nie leur droit à recevoir une aide humanitaire, consacré par le droit international humanitaire, en particulier les Conventions de Genève. Nous avons tous l’obligation morale de nous opposer fermement à cette interdiction afin de protéger le bien-être des personnes vulnérables et de sauver des vies ».

[1] La loi de cessation des opérations de l’UNRWA et la loi de cessation des opérations de l’UNRWA sur le territoire de l’État d’Israël.

[2] Traumatic injury mortality in the Gaza Strip from Oct 7, 2023, to June 30, 2024: a capture–recapture analysis

[3] Israel: Starvation Used as Weapon of War in Gaza | Human Rights Watch

[4] Le Comité d’examen de la famine de l’IPC a averti qu’une « probabilité imminente et substantielle de famine » se profile à l’horizon de Gaza.

[5] https://www.unrwa.org/newsroom/official-statements/remarks-philippe-lazzarini-unrwa-commissioner-general-third-meeting

[6] https://www.un.org/internaljustice/oaj/fr/applicable-law/convention-sur-les-privileges-et-immunites-des-nations-unies-0