Rien ne va plus dans le bassin du lac Tchad, ou les insurgés islamistes de Boko Haram ont provoqué une importante catastrophe humanitaire, notamment dans le nord-est du Nigéria. Le présent rapport, produit par le Centre intégré de développement social (Social Action) et Développement et Paix – Caritas Canada, est le fruit de trois ans d’engagement auprès de personnes déplacées, de militantes et de militants locaux, de journalistes, d’universitaires et de responsables gouvernementaux dans les États de Borno et d’Adamawa, au Nigéria. Il relate de la crise engendrée par Boko Haram, et plus particulièrement des conditions sous-jacentes qui ont facilité la croissance de l’extrémisme violent dans cette région. En effet, avant même l’arrivée de Boko Haram, les changements climatiques et des interventions de l’État pour stimuler le développement ont entraîné des transformations écologiques défavorables ayant contribué à l’appauvrissement et aux déplacements massifs de populations.
Le présent rapport donne une voix aux victimes du conflit, en particulier aux femmes et aux membres les plus vulnérables des communautés qui, comme elles, ont été traumatisés par la faim, les viols et l’incertitude quant à l’avenir de leurs enfants. L’urgence d’agir que ces personnes décrivent est amplifiée par le conflit persistant qui se déroule en trame de fond. Au-delà des défis immédiats pour résoudre la crise humanitaire dans la région, ce rapport met en lumière l’importance de la justice écologique pour les victimes des changements climatiques ainsi que des échecs nationaux et multilatéraux en matière de développement. Les interventions militaires arriveront peut-être à contenir l’insurrection de Boko Haram, mais il faudra des années pour résoudre la catastrophe humanitaire qui sévit dans la région. De surcroit, les solutions à l’appauvrissement ne fonctionneront que si elles prévoient également des mesures pour faciliter l’adaptation aux changements climatiques.