Afrique de l'Ouest - Mise à jour des messages clés : L’inflation des prix et les inondations impactent négativement la sécurité alimentaire des ménages vulnérables, juillet 2024
Les prévisions saisonnières des caractéristiques Agro-Hydro-Climatiques pour les zones Sahélienne et Soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel (PRESASS 2024) annonçaient des précipitations cumulées supérieures à la moyenne pour les périodes de juin à août dans les zones sujettes aux inondations. Selon les données sur la pluviométrie du Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, les précipitations enregistrées dans la bande sahélienne au cours de ces 30 derniers jours étaient globalement supérieures de 120% à 600% à la moyenne de la période de référence 1991-2020. Ces pluies diluviennes ont entrainé des inondations sévères ayant fortement impactées les moyens d’existence et l’accès aux services sociaux de base chez plus de 700,000 personnes dans certains pays d’Afrique de l’Ouest du Centre parmi lesquels figure la Centrafrique, le Tchad, le Niger, le Nigéria, le Mali et le Togo en compromettant leur capacité à subvenir à leurs besoins et en fragilisant davantage la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables.
La crise sécuritaire persiste au Sahel et continue d’entrainer des mouvements des populations, même si des retours de déplacés sont de plus en plus enregistrés par endroits. En juillet 2024, 3 141 929personnes déplacées sont enregistrées dans le Sahel central et le Liptako-Gourma, dont 67% pour cent au Burkina Faso, et 6 068 685personnes déplacées dans le bassin du Lac Tchad dont 74 pourcents au Nigeria. Les moyens d’existence, les activités en lien avec les marchés, le commerce, les mouvements de transhumance ainsi que l’accès aux services sociaux de base sont fortement perturbés dans ces zones. Selon OIM, on observe de plus en plus une extension de cette crise sécuritaire vers les pays côtiers (Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin) avec environ 131 373 personnes déplacées évalué en mai 2024.
Les prix des céréales ont augmenté de façon saisonnière sur les marchés du Sahel de juin à juillet 2024 en pleine période de soudure. Les dernières hausses ont été assez prononcées sur beaucoup de marchés à cause des prolongements des périodes d’achats institutionnels, des retards et faibles niveaux de déstockage et des récentes inondations ayant entravé les activités commerciales. Par ailleurs, les prix des aliments de base ont commencé à baisser dans certaines zones côtières, comme au sud du Cameroun, grâce à l’arrivée de nouvelles récoltes sur les marchés. Au Nigéria, malgré une tendance générale de prix élevés, l’inflation globale a légèrement diminué en juillet 2024 pour la première fois depuis près de deux ans, avec quelques cas isolés de baisse des prix des aliments de base liés aux prémices des récoltes et à la récente suppression des droits d’importation. Dans l’ensemble, les prix sont restés nettement supérieurs à leurs niveaux moyens quinquennaux dans toute la région en raison de facteurs tels que des stocks inférieurs à la moyenne, une demande importante, une insécurité prolongée, des défis macroéconomiques et des restrictions commerciales transfrontalières. Des baisses saisonnières plus générales des prix sont attendues en septembre/octobre avec les principales récoltes pluviales.
La majorité des zones restera en insécurité alimentaire Stress (Phase 2 de l’IPC) ou Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en septembre 2024. Dans les zones affectées par l’insécurité civile, l’insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) généralisé qui est en cours à l’Ouest, l’Est et le Centre Nord au Niger, la bande sahélo-saharienne et la Lac au Tchad, à l’Ouest et au Nord-Ouest du Mali, à l’Extrême Ouest, au Centre et à L’Est du Nigeria et dans le Sud-Ouest, le Nord-Ouest et l’Extrême Nord du Cameroun persistera jusqu’en juin 2024. La Crise (Phase 3 de l’IPC) se maintiendra au Tchad, au Mali, au Niger et aux Etats cités ci-dessus cités au Nigeria. La situation persistera dans les régions de l’Extrême Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest au Cameroun.
La Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) sera observé dans les provinces du Loroum, Soum, Bam, Oudalan et Tapoa au Burkina Faso jusqu’en janvier 2025. Le niveau d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) actuellement observé dans les LGA inaccessibles des Etats du nord-est du Nigeria (Abadam, Guzamala, Marte, Bama) au Nigeria se maintiendra jusqu’en janvier 2025 du fait des stocks alimentaires très limités des ménages, des perturbations sur les moyens d’existence, et leur accès limité aux marchés et à l'aide humanitaire. A partir de juin, ce niveau d’insécurité alimentaire se maintiendra dans la région de Ménaka au Mali du fait des conditions sécuritaires dégradées qui limitent l’accès aux marchés des populations ainsi que la détérioration prononcée de leurs moyens d’existence.
A partir d’octobre 2024, la majorité des zones seront en insécurité alimentaire Stress (phase 2 de l’IPC) ou minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en janvier 2025 grâce à la disponibilité des récoltes qui améliorera l’accès saisonnier des populations à la nourriture. Dans les zones affectées par l’insécurité civile, l’insécurité alimentaire de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) sera observée dans les provinces Loroum, Bam, Komandjari, Seno, Soum, Yagha, Oudalan, Kompienga et Tapoa au Burkina Faso. La Crise (Phase 3 de l’IPC) sera observée dans les régions de Tillabéry, Tahoua de Maradi et de Diffa au Niger. Le niveau de Crise (Phase 3 de l’IPC) sera également observé à Ménaka au Mali du fait de l’amélioration des conditions d’accès à la nourriture pour les ménages pauvres grâce aux produits d’élevage, dans les mêmes régions du Tchad cités plus haut et les regions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest au Cameroun. Cependant, au Nigeria, les LGA inaccessibles des Etats du nord-est du Nigeria (Abadam, Guzamala, Marte, Bama) au Nigeria se maintiendra en Urgence (Phase 4 de l’IPC) jusqu’en janvier 2025 du fait des impacts négatifs sur les conditions d’accès à la nourriture et les moyens d’existence des populations.