Pour soutenir la réponse humanitaire dans la région du Sahel, Insecurity Insight surveille les réseaux sociaux afin de comprendre les perceptions et les principales préoccupations concernant la réponse humanitaire au Niger. L'objectif est de contribuer au développement des stratégies de communication des organisations humanitaires.
Synthèse
Entre octobre et décembre 2024, 24 organisations, principalement liées à l’aide internationale, ont été mentionnées dans 185 publications sur Facebook (116) et X (69) au Niger. Parmi elles, on comptait 13 organisations d’aide ou de développement, neuf agences des Nations unies, deux organisations humanitaires et un donateur. Les comptes de réseaux sociaux affiliés à l’aide humanitaire ou au secteur civil ont été la principale source de contenu mentionnant ces organisations, représentant environ 44 % des publications, suivis par les médias locaux, qui en ont généré 13 %.
Baisse de l'activité des réseaux sociaux
L’activité des réseaux sociaux liée aux organisations d’aide au Niger a diminué au dernier trimestre 2024 par rapport aux trimestres précédents. Les publications mentionnant ces agences ont chuté de 25 %, et leur portée globale a diminué de 60 %. L’engagement au cours de cette période a touché environ 200 000 personnes, avec une moyenne de 1 000 vues par publication et près de 6 400 interactions. Bien que l’engagement ait été plus faible, il a été proportionnellement plus positif que les trimestres précédents. Cette baisse de l’activité et de l’engagement s’explique principalement par la diminution des commentaires, notamment des commentaires négatifs.
Tendances du sentiment négatif
Le nombre total de commentaires négatifs a diminué, tant en volume qu’en pourcentage. Entre avril et juillet 2024, les commentaires critiques représentaient 16 % des réactions au secteur de l’aide, contre seulement 1 % entre octobre et décembre. Ces commentaires négatifs sont restés concentrés sur Facebook, qui en a recueilli 92 %.
Seules deux publications négatives visant des organisations spécifiques ont été recensées, toutes deux portant sur des plaintes relatives aux conditions de vie dans les camps de réfugiés. La plupart des autres publications négatives s’attaquaient au secteur de l’aide en général, mettant en avant des thèmes tels que l’ingérence étrangère, l’espionnage, la corruption et la dépendance à l’aide.
Les publications neutres ou positives sur le secteur de l’aide – qui ont parfois suscité des réactions contrastées – ont été majoritairement diffusées sur Facebook (63 % des publications publiques référencées). En revanche, les attaques directes contre le secteur, souvent accompagnées de fausses allégations, ont été davantage relayées sur X.
Ciblage du secteur de l’aide plutôt que des organisations individuelles
Les critiques négatives se sont principalement concentrées sur le secteur de l’aide dans son ensemble, plutôt que sur des organisations spécifiques. Sur X, 12 publications négatives ont été identifiées, tandis que 20 commentaires critiques ont été relevés sur Facebook. Ces sentiments négatifs tournaient essentiellement autour de la méfiance envers les ONG étrangères, avec des accusations d’exploitation, de corruption et de déstabilisation. Certains appels à l’expulsion d’ONG jugées nuisibles à la souveraineté et à la sécurité nationale ont également été relevés.
Un seul message a spécifiquement nommé un organisme donateur, l’accusant de mauvaise gestion des fonds, dans le cadre d’un discours plus large sur la corruption dans l’aide internationale. Par ailleurs, seules deux publications négatives et deux commentaires (soit 1 % du total) ont abordé une problématique spécifique, en l’occurrence les conditions de vie dans un camp de réfugiés.
Réaction modérée aux expulsions d’ONG
La révocation des licences opérationnelles de deux organisations d’aide (une internationale et une locale) et l’arrestation d’un militant opposé à cette décision n’ont suscité qu’un faible engagement sur les réseaux sociaux. Les comptes habituellement critiques envers les ONG n’ont pas activement célébré ou commenté ces expulsions, ce qui suggère soit un changement stratégique, soit une réticence à s’impliquer dans les conséquences concrètes de ces discours. L’absence de réactions en ligne soulève la question de savoir si ces influenceurs visaient réellement l’expulsion des ONG ou s’ils poursuivaient d’autres objectifs politiques.
Sources de contenu positif et neutre
Les acteurs de la société civile et les réseaux liés à l’aide ont été les principaux vecteurs de contenu positif ou neutre sur les agences d’aide, représentant 70 % des publications favorables. Ces contenus se concentraient principalement sur des rapports factuels et des mises à jour de projets, plutôt que sur des plaidoyers directs.
Limites de l’analyse
Cette analyse se limite aux contenus publiquement accessibles sur les réseaux sociaux et n’inclut pas les publications partagées dans des groupes privés.