Afin de soutenir le travail humanitaire dans la région du Sahel, Insecurity Insight effectue une veille permanente des réseaux sociaux pour comprendre les perceptions et les principales préoccupations concernant la réponse à l'aide au Niger, dans le but de contribuer au développement des stratégies de communication et de gestion des risques sécuritaires des agences d'aide en réponse au sentiment de la communauté.
Synthèse
Entre juillet et septembre 2024, 30 organisations, principalement liées à l'aide internationale, ont été mentionnées dans 246 publications publiques sur Facebook et X (anciennement Twitter) au Niger. Parmi ces organisations internationales, on compte 12 organisations d'aide ou de développement, huit agences des Nations Unies (ONU), six organisations humanitaires et un donateur.
Facebook et X ont chacun contribué à 50 % des publications totales, bien qu'une augmentation notable des publications sur X ait été observée par rapport au trimestre précédent.
Au Niger, les publications liées à l'aide proviennent majoritairement des comptes de réseaux sociaux appartenant aux réseaux d'aide ou au secteur civil, représentant 42 % des messages. En comparaison, seulement 22 % des publications émanent des médias édités, contrairement au Burkina Faso et au Mali où plus de la moitié des messages liés à l'aide sont générés par les médias édités.
Les publications au Niger ont atteint environ 500 000 personnes, avec une moyenne de plus de 2 000 vues par message, et ont généré 9 000 interactions. L'analyse des sentiments montre que presque toutes les publications, à l'exception de quatre, étaient positives ou neutres. Les messages négatifs, principalement centrés sur de fausses accusations selon lesquelles les organisations d'aide auraient créé ou propagé artificiellement l'infection virale Mpox ou distribué des vaccins dangereux, n'ont pas eu l'impact escompté. En moyenne, ces messages n'ont touché qu'environ 1 000 utilisateurs et généré 33 interactions par message.
Cependant, parmi les 363 commentaires enregistrés (réponses aux publications), 12 % exprimaient des opinions négatives, souvent alimentées par la méfiance et la désinformation. Une analyse approfondie de ces commentaires révèle une méfiance généralisée envers plusieurs organisations internationales, perçues comme des entités "impérialistes" servant les intérêts occidentaux. Ces critiques évoquent des agendas sociaux manipulateurs, des programmes de vaccination potentiellement dangereux, de l'exploitation économique, de l'espionnage et une corruption généralisée, considérés comme des obstacles majeurs au progrès et à l'autonomie réelle de l'Afrique.