Contexte
Depuis le début de la crise sécuritaire au Mali en 2012, la zone frontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso est caractérisée par un climat d’insécurité du fait de la présence de groupes armés, de la criminalité et de la montée des tensions entre les communautés. La situation sécuritaire s’est fortement dégradée depuis 2018 au Niger et a causé le déplacement de 202 438 personnes dans les régions de Tillabéri et Tahoua (chiffres du mois de juin 2020). De plus, l’assistance humanitaire est soumise à de multiples aléas et l’accessibilité aux populations affectées reste difficile dans certaines localités en raison des conditions géographiques et climatiques difficiles dans certaines zones, la situation sécuritaire et des mesures liées à l’état d’urgence décrété dans les départements en crise1 . Cet accès humanitaire limité est l’un des facteurs à l’origine des lacunes d’information importantes sur l’étendue, la nature et la sévérité des besoins. Afin de pallier le manque d’information sur ces localités, REACH bénéficie du financement de l’Office of U.S Foreign Disaster Assistance (OFDA) et réalise depuis janvier 2020 un suivi des besoins humanitaires multisectoriels (suite à une phase pilote au mois de novembre)3 . Cet aperçu de la situation présente les principaux résultats de ce suivi dans les régions de Tillabéri et de Tahoua au mois de juin ainsi que l’évolution des principaux résultats dans la région de Tillabéri entre avril et juin 2020.
Resultats Cles
• Une détérioration de la situation a été observée dans la plupart des secteurs pour les deux régions particulièrement en ce qui concerne l’accès à la nourriture, aux moyens de subsistance, à l’eau et aux services éducatifs, entre les données collectées au premier trimestre et au deuxième trimestre 2020. La dégradation de la situation dans les régions de Tillabéri et de Tahoua serait due à l’effet combiné d’un ensemble de facteurs d’ordre structurels et sécuritaires, et semble être aggravée par la pandémie de COVID-19.
• Dans 97% des localités évaluées, les IC ont rapporté que la majorité de la population n’avait pas accès à suffisamment de nourriture au cours du mois précédent6 . Les mesures préventives à la propagation de la pandémie (fermeture des frontières, restriction des mouvements) semblent avoir encore accru les difficultés d’accès à l’alimentation, dans des régions déjà fortement affectées par l’insécurité et les aléas climatiques.
• Les populations des régions de Tillabéri et de Tahoua dépendent fortement des activités agropastorales pour leur subsistance, à la fois comme source de revenu et de nourriture7 . Avec les perturbations sur ces activités au cours du second trimestre 2020, dans 71% des localités évaluées à Tahoua et 61% à Tillabéri, la majorité de la population n’avait pas accès aux moyens de subsistance habituels.
• Des barrières aux gestes de prévention du COVID-19 existaient. En effet, les IC ont rapporté que la majorité des personnes déplacées internes (PDI) vivait dans des conditions inadéquates, notamment dans les départements d’Abala (100% des localités évaluées), d’Ayerou (67%) et de Ouallam (60%). De même, dans 57% de localités évaluées en juin, la majorité de la population n’avait pas accès à suffisamment d’eau pour combler les besoins du ménage.
• L’accès à l’éducation, qui était déjà affecté par l’insécurité, l’a été davantage avec les mesures de fermeture des écoles pour empêcher la propagation du COVID-19. Selon les IC, dans 41% des localités évaluées la majorité de la population en âge d’être scolarisée n’avait pas accès à des services éducatifs fonctionnels au cours du mois précédent. Cette proportion était de 16% lors de la collecte de données du mois de mars.
Etant donné que la couverture géographique de ce suivi est imitée et que les informations reposent sur des réponses d’IC, les résultats doivent être considérés comme indicatifs de la situation.