Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Niger + 2 more

Suivi de la situation humanitaire dans la zone frontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso - Aperçu de la situation : Niger - Régions de Tillabéri et de Tahoua (mars 2021)

Attachments

Contexte

Depuis le début de la crise sécuritaire au Mali en 2012, la zone frontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso est caractérisée par un climat d’insécurité du fait de la présence de groupes armés, de la criminalité et de la montée des tensions entre les communautés. La situation sécuritaire s’est fortement dégradée depuis 2018 au Niger et a causé le déplacement de 207 980 personnes dans les régions de Tillabéri et Tahoua2 (chiffres du mois de mars 2021). De plus, l’assistance humanitaire est soumise à de multiples aléas et l’accessibilité aux populations affectées reste difficile dans certaines localités en raison des conditions géographiques et climatiques difficiles dans certaines zones, la situation sécuritaire et des mesures liées à l’état d’urgence décrété dans les départements en crise. Cet accès humanitaire limité est l’un des facteurs à l’origine des lacunes d’information importantes sur l’étendue, la nature et la sévérité des besoins. Afin de pallier le manque d’information sur ces localités, REACH bénéficie du financement de l’Office of U.S Foreign Disaster Assistance (OFDA) et réalise depuis janvier 2020 un suivi des besoins humanitaires multisectoriels (suite à une phase pilote au mois de novembre). Cet aperçu de la situation présente les principaux résultats de ce suivi dans les régions de Tillabéri et de Tahoua au mois de mars en plus de l’évolution des principaux résultats dans la région de Tillabéri et de Tahoua entre janvier et mars 2021.

Résultats clés

  • La situation sécuritaire dans la région des trois frontières s’est fortement détériorée au cours du premier semestre 2021, notamment dans les régions nigériennes de Tillabéri et de Tahoua. Les populations civiles sont parfois victimes d’extorsion, d’assassinats ciblés, de vol de bétail ainsi que de pillage de magasins. Les groupes armés prennent souvent pour cible les infrastructures de base pour les populations (les services de santé, les écoles, etc). Privées de ces services essentiels, de nombreuses personnes sont contraintes de fuir leur lieu d’origine. En effet, au 31 mars 2021, la région de Tillabéri comptait à elle seule 13 661 ménages déplacés soit 95 483 personnes, soit une augmentation du nombre de ménages déplacés de 15,59% en trois mois4 .

  • En ce qui concerne la sécurité alimentaire, des disparités géographiques semblent exister. En effet, la majorité de la population de 58% des localités évaluées dans la region de Tahoua, et de 65 % à Tillaberi, ont rapporté que la majorité de la population n’avait pas accès à suffisamment de nourriture. De surcroît, la fermeture du marché rapportée par les IC de 88% des localités évaluées à Tillabéri aurait impacter le prix des céréales. Ainsi, les IC de 90% des localités évaluées ont indiqué une augmentation du prix des céréales. Au vu de cette situation alimentaire, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et une organisation non gouvernementale (ONG) locale, Karkara, ont déjà mobilisé une assistance alimentaire pour venir en aide à 814 ménages pendant 30 jours à Mangaizé, une commune de Tillabéri4 .

  • En matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement (EHA), les IC de 51% et 67% des localités évaluées de Tillabéri et Tahoua, respectivement, ont rapporté que la majorité de la population n’aurait pas accès à suffisamment d’eau pour satisfaire les besoins du ménage. Par ailleurs, les populations dans les deux régions semblent ne pas être équipées de latrines et recourraient à la défécation à l’air libre sans zone précise selon les IC.

  • S’agissant de la protection, il semble que le sentiment d’insécurité soit plus accentué à Tahoua qu’à Tillabéri. En effet, les IC de 65% des localités de la région de Tahoua ont rapporté que la majorité de la population ne se sentait pas en sécurité aux cours des 30 derniers jours tandis qu’à Tillabéri, cette proportion était de 31%.