I. Evolution du contexte sécuritaire
1. Bande frontalière du Niger avec le Mali
Le contexte sécuritaire et de protection durant le mois d’Août 2020 dans les départements de Banibangou, Abala et Ouallam (région de Tillabéry) a été caractérisé par une accalmie suivie d’une diminution significative des exactions des GANE sur la population civile. En effet, peu d’incidents de protection ont été signalés ou rapportés par les points focaux dans les trois départements concernés (11 incidents au mois d’août contre 16 en juillet). Cela est peut-être dû au renforcement du dispositif sécuritaire dans la zone particulièrement le long de la frontière avec le Mali.
Cependant, malgré cette accalmie, des mouvements des GANE ont été signalés, surtout dans la partie nord des trois départements, frontalière avec le Mali. Ces mouvements se sont accentués suite aux combats inter-GANE au Mali et les frappes aériennes des FDS contre les positions des GANE sur la frontière Niger-Mali. Ainsi des mouvements de motos ont été observés dans les villages de Samassamey et Intichifaye situés dans la partie nord du département d‘Abala, mais aussi à Fandey Koira dans le département de Banibangou.
Dans la localité de Kaladeye en commune de Banibangou, des femmes parties chercher des feuilles vertes pour la consommation, non loin du village, ont été intimées par des GANE à motos de ne plus revenir sur les lieux, sous peine d’être tuées. Ainsi, les populations vivent dans une peur permanente qui se justifie par la persistance de ces mouvements des GANE dans la zone.
Dans la bande frontalière du Niger avec le Mali de la région de Tahoua, le contexte sécuritaire et de protection du mois d’août 2020 a été marqué par une expansion territoriale des activités des GANE dans les départements de Tillia et de Tahoua, qui tendent d’ailleurs à devenir un repère des GANE, malgré la présence des FDS dans la zone.
Les incursions des GANE sont presque quotidiennes dans le département de Tillia suivies de menaces, extorsions de biens à travers le prélèvement forcé de la ZAKAT ainsi que les agressions physiques en grande partie dans les champs et les aires de pâturage. Dans le département de Tahoua (surtout les communes rurales de Tebaram et Takanamat), les incursions des GANE suivies de violations de droits à l’endroit des populations civiles deviennent de plus en plus récurrentes. Les recherches actives par les GANE, des leaders communautaires et autres leaders d’opinion qu’ils accusent de collaborer avec les FDS et les humanitaires ont été rapportées.
Des attitudes inhabituelles des GANE, comparables à une démonstration de force, ont été signalées notamment le samedi 15 août 2020 où plusieurs individus armés non identifiés à bord de motos ont fait une incursion dans la localité d’Inkarazrazane à 26 kilomètres de Télemcès; tirant des coups de rafales d’armes automatiques en l’air, sans faire de victimes humaines.
La dégradation continue et grandissante de la situation sécuritaire pourrait constituer un véritable obstacle aux opportunités économiques de la zone naturellement liées à la saison pluvieuse, que sont principalement l’élevage et l’agriculture, réduisant par conséquent les moyens de subsistance des PDI et des populations hôtes.