De nombreux pays du sahel vont subir une crise alimentaire de grande ampleur si des mesures urgentes ne sont pas prises pour atténuer les effets d’une pluviométrie en baisse qui a mis en mal les récoltes et les troupeaux, dans un environnement de renchérissement des prix des denrées alimentaires.
Les pays les plus touchés pourraient être la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et le nord du Sénégal. Une sévère pénurie de fourrage est également attendue dans la région.
Les pluies sont arrivées tardivement, provoquant des retards de semis, et obligeant parfois les paysans à re-semer. En outre, elles ont été irrégulières et se sont arrêtées plutôt que normalement, conduisant à un effondrement de 25 pour cent de la production agricole par rapport à la campagne écoulée. Cette moyenne cache des disparités énormes avec des régions où la production céréalière est gravement déficitaire. Du coup, la situation alimentaire est devenue difficile pour des millions de personnes et risque de se détériorer dans les mois à venir, si rien n’est fait.
A Diakassdé, un village d’agropasteurs situé au nord du Sénégal, les greniers sont déjà vides à l’instar de nombreux autres villages du Sahel. La soudure s’est déjà installée et sera particulièrement précoce et sévère dans plusieurs régions. Pour assurer leur maigre pitance, certaines personnes qui disposent encore de bétail ont commencé à le brader pour pouvoir acheter de la nourriture et subvenir à quelques besoins primaires de leurs familles. D’autres ont migré dans les villes à la recherche d’un emploi.
Face au manque d’eau et de patûrage qui risque d’anéantir les troupeaux, la plupart des habitants de Diakassdé, ont préféré transhumer. Salif Sy a décidé de quitter son village avec sa femme sans se fixer de destination particulière.
« La récolte a été mauvaise et la nourriture manque déjà. Nous allons essayer de descendre un peu plus vers le bas pour chercher de l’eau et du patûrage afin de sauver notre bétail, la seule ressource qui nous reste actuellement » explique t-il.
Le village de Diakassdé a enregistré sa dernière pluie, il y a juste trois mois, mais la végétation a pratiquement disparue. Une situation similaire à presque tous les pays du sahel.
A Ndoye Diagne, au nord du Sénégal, Mayel Diagne croule déjà sous le poids de la dette. Son hectare cultivé n’a produit que 100 kilogrammes de niébé à cause du déficit pluviométrique. Pour nourrir sa famille et celle de son frère décédé, Mayel Diagne a vendu beaucoup de ses biens et s’est fortement endetté. Le nombre de repas consommé dans la maison est réduit de trois à un, au grand dam des enfants.
Dans plusieurs régions du Tchad et de la Mauritanie et dans quelques localités du Niger et du Sénégal, les taux de malnutrition des enfants actuellement dépassent le seuil d’urgence de 15 pour cent, et sans action immédiate, ils devraient se détériorer.
La Fédération Internationale des Sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a déjà débloqué un montant de 812 000 francs suisses (USD 852,000 ; EUR 672,000) pour soutenir les Sociétés de Croix-Rouge du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal, du Tchad et du Niger à venir en aide à plus de 70 000 personnes confrontées à l’insécurité alimentaire.
Un appel d’urgence préliminaire d’un montant de 2,1 millions de francs suisses (USD 2,2 millions ; EUR 1,7 millions) visant à venir en aide à 10,000 ménages a été lancé pour la Mauritanie et des fonds d’une valeur de 200 000 francs suisses (USD 214 000 ; EUR 163 000) ont été débloqués pour démarrer l’opération d’assistance.
La FICR prévoit de lancer dans les prochaines semaines des appels d’urgence pour le Niger et le Tchad.