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Niger

Projet 21 - Niger : Bulletin d'analyse de Protection (Régions : Diffa, Maradi, Tahoua et Tillaberi), Période : janvier- mars 2024

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Tillabéri

La situation de protection dans la région reste particulièrement influencée par la dynamique transfrontalière de la crise sécuritaire au cours du premier trimestre 2024. Lors des entretiens, les informateurs clés affirment que la pression des opérations militaires sur les GANE de part et d’autre des trois frontières (Niger-Mali-Burkina Faso), a conduit les éléments de GANE à opérer un repli dans les nouvelles zones dans la région de Tillabéri (Tamou, Parc W, Kollo). 43% des répondants ménages disent ne pas se sentir en sécurité au premier trimestre 2024 contre 35% sur la même période en 2023. 137 incidents de protection ont été documentés entre janvier-mars 2024 contre 146 incidents sur la même période en 2023. L’analyse triangulée de ces données révèle que l’environnement de protection n’a pas connu une amélioration au cours de cette période. Il ressort également que deux tendances inquiètent particulièrement les communautés. Il s’agit notamment des assassinats ciblés de personnes civiles perpétrés par les GANE et les incidents liés aux engins explosifs improvisés. Au total 40 personnes civiles ont été enlevées et/ou assassinées au cours de cette période. Contrairement autres régions, à Tillabéri, les GANE ne demandent pas de rançons. Les informateurs clés affirment que 98% des personnes enlevées sont assassinées par les ravisseurs. Seul 2% réussissent à s’échapper soit d’eux-mêmes ou à la suite d’opérations militaires.

Diffa

Au premier trimestre 2024, le contexte sécuritaire et de protection dans la région de Diffa reste alarmant. L’activisme des GANE se caractérise par la persistance des enlèvements de personnes contre demandes de rançon et une tendance en hausse des agressions sexuelles et viols perpétrés contre la quasi-totalité des femmes/filles victimes d’enlèvements de la part des GANE. Selon les témoignages des survivantes rescapées des enlèvements, les membres des GANE violent les femmes/filles dont les rançons sont payées et marient de force celles qui restent entre leur mains faute de paiement de rançons. 28% des personnes interviewées disent ne pas se sentir en sécurité dans la région de Diffa contre 36% à la même période en 2023. 222 incidents de protection ont été documentés au premier trimestre de 2024 contre 445 incidents sur le même période en 2023. La baisse du nombre d’incidents et du sentiment d’insécurité dans la région de Diffa au premier trimestre laisse entrevoir une accalmie. Toutefois, la hausse continue du nombre d’enlèvements de personnes contre demande rançons (65 cas entre janvier-mars), affecte considérablement l’environnement de protection au sein des communautés.

Maradi

L’environnement sécuritaire et de protection dans la région de Maradi a connu un tournant majeur à la suite d’une attaque ayant visé une position militaire au mois de février 2024. Il ressort des entretiens avec les communautés que cette attaque inédite dans la région depuis 2019 laisse penser à l’implantation de nouveaux GANE. Au premier trimestre 2024, 15% des personnes interviewées disent ne pas se sentir en sécurité contre 13% sur la même période en 2023. Au total, 78 incidents de protection ont été documentés ayant fait plus 150 victimes/survivants (es) directes y compris des femmes et des enfants. 28 personnes ont été victimes d’enlèvements contre demande de rançons par les GANE dont 6 enfants (4 filles et 2 garçons). La dégradation de l’environnement de protection entraîne des conséquences néfastes sur la sécurité et le bien-être des populations qui peinent à entrevoir la fin du calvaire qu’elles vivent depuis de nombreuses années maintenant.

Tahoua

La région de Tahoua s’est distinguée au cours de ce premier trimestre 2024, par la multiplication des incidents liés aux extorsions des biens en nature et en espèce de la part des groupes armés. Au total 189 incidents ont été documentés au cours de cette période dont au moins 75% constituent uniquement d’extorsions de biens de plus 1500 têtes de bétails (gros et petits ruminants) et plus 9 millions FCFA en espèces appartenant aux membres de la communauté. 14% des répondants ménages interrogés disent ne pas se sentir en sécurité au premier trimestre contre 16% sur la même période en 2023. Il faut noter aussi la prévalence des incidents liés aux agressions physiques et les assassinats ciblés des personnes influentes au sein des communautés. L’analyse des données révèle également la fréquence des tensions intercommunautaires liées au partage des ressources dans la zone nomade et des mouvements transfrontaliers en provenance du Mali et du Nigeria.