DAKAR, le 1 août (IRIN) - Le Programme
alimentaire mondial des Nations unies (PAM) va porter le nombre des bénéficiaires
de l'aide alimentaire au Niger à 2,5 millions de personnes, soit plus
du double de la cible initialement visée, a déclaré vendredi un représentant
du PAM.
D'après les autorités nigériennes,
3,6 millions d'habitants seraient confrontés à la pénurie alimentaire.
Selon les estimations du PAM, 2,5 millions d'entre eux auraient besoin
d'une aide alimentaire. C'est ce qu'a déclaré Gian Carlo Cirri, le représentant
du PAM au Niger, alors qu'il se trouvait à Niamey, la capitale nigérienne.
Seuls 1,2 millions de personnes devaient initialement bénéficier de l'aide du PAM.
Depuis des mois, les Nations unies et les autorités multiplient les appels d'urgence pour solliciter les bailleurs de fonds occidentaux. Ces dernières semaines, leurs appels ont enfin été entendus : les fonds commencent à affluer pour financer les secours d'urgence. Mais au Niger, des milliers d'enfants sont déjà morts de faim. C'est du moins ce qu'a déclaré la semaine dernière Jan Egeland, coordinateur des secours d'urgence des Nations unies.
Le PAM aidera d'abord les plus vulnérables, selon M. Cirri.
« Nous estimons à présent qu'environ 1,6 millions sur les 2,5 millions sont extrêmement vulnérables. Ce sont ceux-là que nous aiderons en priorité », a-t-il déclaré.
Au Niger, le PAM distribue de la nourriture gratuite et fournit des rations alimentaires aux centres de nutrition thérapeutique et de nutrition supplémentaire.
L'organisation prévoit de présenter son nouveau budget aux bailleurs dans le courant de la semaine prochaine, selon des représentants de l'agence.
Il faudra patienter quelques mois encore pour voir la fin de la période de soudure. Cette période, toujours difficile au Niger, un pays semi-désertique et enclavé, est encore plus rude cette année, après l'invasion de criquets et la sécheresse qui ont dévasté les cultures et les pâturages en 2004.
Le PAM fait partie des organisations qui avaient averti la communauté internationale, dès novembre 2004, de la nécessité de fournir une aide alimentaire au Niger.
Les organisations humanitaires affirment à présent que la saison des pluies, qui a commencé, pourrait favoriser la propagation de maladies. Ces maladies pourraient elles-mêmes provoquer la mort d'enfants et de bébés déjà affaiblis par la crise alimentaire.
Selon les estimations des Nations unies, plus de deux millions d'habitants, sur une population totale de 12 millions, vivent avec moins d'un repas par jour et survivent en se nourrissant de racines et de plantes sauvages. D'après le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), jusqu'à 150 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë.
Selon certains travailleurs humanitaires déployés au Niger, les fonds envoyés en masse ces derniers jours ont permis aux organisations humanitaires de commencer à distribuer de la nourriture aux populations qui n'avaient jusqu'alors reçu aucune aide.
D'après certains représentants d'organisations humanitaires présents au Niger, la soudaine mobilisation de la communauté internationale commencent à porter ses fruits sur le terrain. Toutefois, il est trop tôt, disent-ils, pour mesurer l'impact de l'aide sur les populations touchées.
« Maintenant, il y a une intervention énorme [à Maradi] », a déclaré Jean-Luc Galbrun d'Action contre la faim alors qu'il se trouvait à Maradi, une ville du Centre Sud du Niger.
Les équipes de secours d'urgence dépêchées par les ONG sont arrivées à Maradi la semaine dernière. Elles ont déjà commencé à distribuer de la nourriture dans les villages, pour aider, notamment, les enfants atteints de malnutrition modérée, selon M. Galbrun.
« De toute évidence, avec ces nouvelles ressources et le flux d'activité, l'impact de l'aide sera plus important », a déclaré M. Galbrun.
Jusqu'au début du mois de juillet, seul Médecins sans frontières avait mis en place des opérations de secours d'urgence pour aider les populations les plus touchées, concentrées dans le sud du pays.
Cette semaine, le PAM et d'autres organisations humanitaires internationales ont envoyé, par avion, des centaines de tonnes de vivres et d'autres produits au Niger.
Au cours des prochains jours, le PAM doit envoyer au Niger 70 tonnes de biscuits énergétiques, stockés dans l'entrepôt de l'organisation, en Italie. C'est ce qu'a déclaré vendredi un représentant du PAM. La semaine prochaine, l'agence enverra par avion environ 185 tonnes de céréales riches en oligoélément, provenant de stocks entreposés en Côte d'Ivoire.
Au cours des deux dernières semaines, certains pays (Australie, Belgique, France, Allemagne, Italie, Luxembourg, Suisse, Royaume-Uni, Etats-Unis...) ont donné ou se sont engagés à donner des fonds pour le Niger.
L'agence américaine pour le développement international (USAID) a annoncé le 26 juillet dernier que les Etats-Unis octroieraient quelque 7 millions de dollars américains pour financer l'aide alimentaire d'urgence au Niger. Un haut représentant d'USAID s'est d'ailleurs rendu au Niger cette semaine.
Cette somme servira à acheter du sorgho, des lentilles, de l'huile et d'autres produits alimentaires, dont certains, importés de pays voisins du Niger, seront immédiatement disponibles, et d'autres seront acheminés depuis les Etats-Unis par voie maritime, selon une déclaration de l'USAID.
Selon certains travailleurs humanitaires, même s'il faut en priorité lutter contre la famine, il est également crucial d'aider le Niger à se redresser et à mieux se protéger des catastrophes naturelles à venir.
« Nous pensons qu'il est important de mettre en place des plans d'intervention à long terme », a expliqué Nuria Salse, une nutritionniste d'Action contre la faim, alors qu'elle se trouvait à Tahoua, au Niger.
Nuria Salse espère que les bailleurs ne cesseront pas d'apporter leur aide aux populations du Niger, une fois la crise passée. Elle souhaite au contraire que la communauté internationale continue de prêter main forte au peuple nigérien afin que celui-ci puisse réunir les ressources et construire les infrastructures nécessaires pour qu'à l'avenir « le pire ne se répète plus »
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