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Niger : Aperçu des Besoins Humanitaires 2022 (Publié en Février 2022)

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Contexte de la crise

Le Niger est confronté à plusieurs urgences qui défient ses capacités de réponse. La crise humanitaire persistante s’aggrave en raison notamment de la crise sécuritaire. Cette dernière est exacerbée par les vulnérabilités socio-économiques préexistantes et l’instabilité croissante dans les pays voisins, ce qui entraîne un afflux de milliers de réfugiés, de migrants et de déplacés internes ainsi qu’une détérioration de l’accès déjà limité aux services sociaux de base. La population – principalement les enfants et les femmes – est confrontée à la malnutrition, à l’insécurité alimentaire, aux épidémies récurrentes, aux inondations cycliques, à la sécheresse, aux déplacements forcés...

Profils politique

La situation politique au Niger a été marquée par l’organisation des élections municipales, législatives et présidentielles en 2020-2021. L'élection présidentielle marque l’avènement de la première alternance démocratique au Niger depuis son indépendance.

Le président actuel a été élu au second tour des élections de février 2021 avec 55,67 pour cent des suffrages1. Il est le premier président à succéder de façon démocratique à son prédécesseur. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq (5) ans, renouvelable une seule fois.

Les grands défis du nouveau Gouvernement sont l'insécurité liée aux attaques des groupes armés non étatiques (GANE) dans les zones frontalières avec le Mali, le Burkina Faso et celle du Bassin du Lac Tchad. A ceux-ci s'ajoute le défi économique et social d’une population jeune et en forte croissance. Le Niger a un taux de croissance démographique annuelle de 3,9 per cent2, ce qui en fait le plus élevé au monde. Le nouveau Président a placé l’éducation, et notamment la scolarisation des jeunes filles, au cœur de ses priorités. Le gouvernement a adopté sa Déclaration de Politique Générale le 13 mai 2021 autour de 7 grands axes : sécurité et quiétude sociales, bonne gouvernance et consolidation des institutions républicaines, développement du capital humain, modernisation du monde rural, développement des infrastructures économiques, exploitation des potentialités économiques, solidarité et inclusion socio-économique des catégories en situation de vulnérabilité.
Ces élections ont été marquées par plus de candidatures féminines aux législatives, régionales et municipales. A titre illustratif, 50 femmes ont été élues au Parlement à l’issue des élections de 2020 soit une représentation de 28,9 pour cent contre 16,96 pour cent à celles de 2016, respectant ainsi la loi sur le quota de 25 pour cent, entrée en vigueur en 2002.

Nonobstant les efforts consentis par les différents gouvernements successifs pour la promotion des droits de la femme et de leur participation politique, la participation des femmes au Gouvernement reste faible. Au sein du gouvernement actuel, on compte 5 femmes ministres sur les 33 membres du gouvernement (soit 15 pour cent).
L'inclusion des femmes et des jeunes dans la vie publique et politique, pour mieux refléter le profil démographique du pays, reste encore un défi important.

Profil sécuritaire

L’insécurité dans les pays voisins et les défis sécuritaires internes ont augmenté le nombre de personnes en situation de déplacement (réfugiés, déplacés, retournés, etc.) ayant besoin d’une aide humanitaire au Niger.

La situation sécuritaire reste marquée par la persistance et l’amplification des activités des GANE dans le Sahel, principalement dans la zone des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger) et le bassin du Lac Tchad. La situation reste également marquée par de graves violations des droits humains tels que des enlèvements à l’est du pays et des attaques sporadiques et meurtrières, souvent ciblées, contre des populations dans la zone des trois frontières (Tillabéri et Tahoua) ainsi que dans la région de Diffa et Maradi. Les conflits intercommunautaires contribuent aussi à la dégradation du climat sécuritaire. Au 30 septembre 2021, le cluster protection note un total de 3 298 incidents de protection dans les 4 régions concernées, pour plus de 10 484 victimes. On dénombre 1 285 cas à Diffa (extorsions de biens, taxations illégales, agressions physiques ainsi qu’une forte hausse des enlèvements), 519 cas à Tillabéri (présence d’EEI, enlèvements, assassinats et extorsions de biens en hausse), 1 047 cas à Tahoua (agressions physiques, meurtres, vols et pillages), et 447 cas à Maradi (agressions physiques, les vols, pillages et enlèvements).

L’impact immédiat et visible de la dégradation de la situation sécuritaire sur les populations est le déplacement forcé des populations. Le gouvernement du Niger estimait à 346 511 le nombre total de déplacés internes, et à 240,527 le nombre de réfugiés.

Le pays continue de subir la violence de groupes armés non étatiques sur trois fronts principaux :

  • Au nord-ouest la situation sécuritaire, le long de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, s’est considérablement détériorée au cours de cette année 2021 avec la multiplication des attaques des groupes armés de plus en plus violentes sur les civils malgré l’instauration et la prorogation continue de l’état d’urgence et le renforcement du dispositif sécuritaire par le gouvernement. La présence active GANE dans des localités est à l’origine de cette détérioration, particulièrement dans le nord et le nord-est des communes de Makalondi, Inatès, Tondikiwindi et de Banibangou, dans le sud de Abala et dans l’Anzourou. Les populations vivant le long de ces frontalières subissent de graves violations des droits humains tels que des assassinats ciblés, des agressions physiques, d’extorsions des fonds, de vol de bétails et d’incendies des réserves alimentaires des communautés, des écoles et des centres de santé, la décapitalisation (biens et de bétails), etc. Selon des sources sécuritaires et les activités de monitoring effectuées sur cette bande frontalière plus de 100 attaques, incursions, enlèvement de personnes, assassinats ont visé des populations depuis le début de janvier à septembre 2020. Ces attaques ont occasionné des enlèvements de personnes, assassinats, d’au moins 65 civils, dont la plupart des leaders communautaires et/ou personnes influentes, le déplacement interne par petit groupe de ménage dans les communes de (Djagourou, Makalondi, Torodi...).

  • Au sud-est : dans la région de Diffa, la situation sécuritaire continue de se détériorer et reste essentiellement marquée par les incursions répétées des GANE dans les localités. Entre janvier et juin 2021, neuf attaques conduites par des GANE ont ciblé des positions des forces de défense et de sécurité (FDS) respectivement à Diffa, Mainé-Soroa et Bosso, signe d'une dégradation de la situation sécuritaire le long de la frontière. Pour rappel, l’état d’urgence dans la région est en vigueur depuis février 2015, suite aux attaques simultanées des groupes armés non étatiques sur les villes de Diffa et de Bosso.

  • Au sud du pays dans la région de Maradi, la situation se dégrade également à la frontière du Nigéria des Etats de Sokoto, Katsina et Zamfara où les violations des droits commises par les GANE ont évolué notamment dans les départements de Guidan Roumdji et de Madarounfa d’un mode opératoire d’enlèvements et vols de bétails à des incursions plus violentes avec agressions physiques, assassinats des civils. Au premier semestre 2021, un total de 287 incidents de protection a été enregistré, principalement dans les communes de Safo, Gabi, Sarkin Yamma et Tibiri. De nombreux mouvements pendulaires de réfugiés nigérians sont constatés depuis les communes de Sabon Birni et Isa (Etat de Sokoto), au Nigéria vers Guidan Roumdji, Guidan Sori, Gabi, et Chadakori au Niger11. Cette détérioration de la situation sécuritaire continue de pousser des personnes à se déplacer à l’intérieur de leur propre pays, au 30 septembre 2021 plus de 73 00012 personnes sont déplacées dans la région (15 900 PDI et 57 000 réfugiés).

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