Niger : Aperçu des Besoins Humanitaires 2021 (Publié en Janvier 2021)

Contexte de la crise Profil politique

Vaste pays situé au cœur du Sahel, le Niger dispose d’un système présidentiel. L’actuel président, élu en avril 2011 a été réélu en mars 2016 et son mandat se termine en décembre 2020. Le pays se prépare à des élections présidentielles, législatives, municipales et régionales entre décembre 2020 et février 2021.

Malgré les efforts consentis par les différents gouvernements qui se sont succédés dans le cadre de la promotion des droits de la femme en général et de leur participation politique en particulier, il est dénoté une faible participation des femmes dans la sphère politique. Ce qui peut s’expliquer par leur exclusion de certains espaces, leur rôle social limité, le poids des préjugés et perceptions culturelles concernant leur rôle dans la société. A titre d’exemple, malgré la loi sur le quota de 25%, entrée en vigueur en 2002, les femmes représentent 16,96% des députés élus aux élections législatives de 2016 (29/171). Au sein du gouvernement actuel, on compte 8 femmes ministres sur les 42 membres du gouvernement (soit 19%). On dénombre également 2 femmes sur les 52 préfets (3,8%), 6 femmes sur 266 maires (2,3%) et aucune femme gouverneur.

Profil sécuritaire

Une situation sécuritaire déplorable sur tous les fronts: outre les menaces classiques telles que la circulation des armes, le trafic de drogue et d’être humain et le banditisme transfrontalier, le Niger est soumis à la pression de la violence de groupes armés non étatiques sur trois fronts principaux.

• Au Nord-Ouest la situation sécuritaire, le long de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, a commencé à se détériorer en 2017 avec des incursions répétées des éléments des groupes armés non-étatiques (GANEs) dans les régions de Tillaberi et Tahoua notamment dans les localités situées à 50 ou 80 km des trois frontières.

• Ce phénomène s’est fortement accentué en 2019 et 2020, se soldant par des attaques contre des postes des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des assassinats ciblés et des exactions contre les populations civiles (enlèvements, prélèvement forcé de la dîme, vol de bétail, etc.).

• Au Sud-Est : dans la région de Diffa, la situation sécuritaire reste essentiellement marquée par les attaques et enlèvements contre rançons, répétés des groupes armés non-étatiques (GANEs) (à titre illustratif, entre les mois de Janvier et Septembre 2020, environ 402 personnes ont été tuées, blessées ou enlevées, qui ont entraîné des mouvements continus de populations notamment dans les départements de N’Guigmi, Bosso, Mainé Soroa et Diffa cherchant essentiellement une protection.

Pour rappel, l’état d’urgence dans la région est en vigueur depuis le 11 février 2015, suite aux attaques simultanées des groupes armés non-étatiques sur les villes de Diffa et de Bosso, le 06 février 2015.

• Au sud du pays dans la région de Maradi, la multiplication des attaques sur la bande frontalière avec le Nigeria, au début de l’année s’est soldée par des assassinats, enlèvements et pillages des biens et a occasionné en janvier 2020, des premiers mouvements internes de population en direction des localités plus sécurisées.

• Au Nord : les flux migratoires ont continué et sont devenus plus visibles ces dernières années, à la fois en Algérie et en Libye. Bien que les motivations de ces migrations soient principalement économiques, la situation de vulnérabilité des migrants est souvent exploitée et ces derniers sont souvent abandonnés par les passeurs, à leur sort en plein désert.

Profil socioculturel et démographique

De par son taux de fécondité élevé (7,6 enfants par femme en moyenne) qui peut se justifier par un fort taux de mariages précoces (76,3% des filles âgées de 20 à 24 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans et 28% avant 15 ans), le faible recours aux méthodes contraceptives (12,2%), la scolarisation relativement faible des filles, le Niger a l’un des plus forts taux d’accroissement naturel de la population au monde (3.9 % par an). Il en résulte, une population extrêmement jeune dont les enfants de moins de 18 ans représentent 60,14 % de la population2. En 2030, la population du Niger dépassera 34 millions d’habitants et en 2050, elle dépassera 68 millions d’habitants. D’après l’évaluation multisectorielle des besoins au Niger (MSNA), conduite par REACH entre juillet et septembre 2020, la taille moyenne d’un ménage était de 9,1 personnes, avec des variations significatives par régions, allant de 6 personnes en moyenne dans la région de Tahoua, à plus de 13 au niveau de Diffa.

La densité moyenne de la population est ainsi passée de 8,9 à 17,7 habitants au kilomètre carré entre 2000 et 2018. Cette croissance rapide de la population et la forte pression démographique qui l’accompagne, entraînent une compétition pour l’accès aux ressources déjà limitées.

Le 4ème recensement général de la population et de l’habitat de 2012 a rapporté une population handicapée estimée à 4,2% (2,11% de femmes et 2,06% d’hommes)3 avec une forte prévalence à Niamey (6,4%) et Zinder (5,3%). Les régions présentant une faible proportion de personnes handicapées sont Diffa (2,5%) et Agadez (2,6%).

L’enquête MSNA, réalisée en 2020, informe que 16% des ménages enquêtés (avec une forte prévalence à Dosso (29%) et Agadez (20%), ont rapporté qu’au moins un membre du ménage rencontre des difficultés pour mener des activités précises suivantes: difficultés à marcher (36%), difficultés à mener des activités pour prendre soin de soi-même (36%), difficultés à voir (28%), difficultés à entendre (14%) et difficultés à parler (7%).